• Ecrits et graph - Aide

    Cette section vous permet de consulter les galeries des joueurs, qu'il s'agisse de leurs écrits ou de leurs créations graphiques. Merci de rester courtois et constructifs dans vos échanges !

    Modérateurs de la section :

Et nos textes, passages, poèmes préférés ?

DeletedUser

Train du mariage

Tout voyage aboutit au terminus
Mais ce voyage est sans terminus
Avant que la mort sépare deux personnes
Quand une personne doit descendre du train
Il faut lui amputer la jambe ligotée.

Oh, le mariage est important
Mais la vie l'est davantage
Si le mariage trouble la vie
Je vais abandonner le mariage.

Même la personne qui a sauté avec fermeté
Après s'être amputé une jambe attachée
Debout sur une seule jambe
Entend bientôt sa jambe laissée dans le train
Appeler lugubrement son corps
Alors il lui arrive de prendre à la hâte le prochain train.

Parfois regardant dehors à travers la vitre
J'hésite à descendre à la gare prochaine
Et je regarde les valises lourdes placées sur le porte-bagages
Tenant les mains des enfants.

De ce train confortable sans terminus
Qui traverse déjà le crépuscule
Comme un tunnel majestueux
Ne descend aucun passager.


Moon Chung-hee
 

douce

Pousse de tréant
Un petit garçon demande a sa mère : « pourquoi pleures-tu ? »
« Par ce que je suis une Femme » lui répond elle.
« Je ne comprend pas », dit-il.
Sa mère l’étreint et lui dit « et jamais-tu ne réussiras ».
Plus tard le petit garçon demanda à son père : « pourquoi maman pleure-t-elle sans raison ? »
« Toutes les femmes pleurent sans raison » fut tout ce que son père pu lui dire.
Le petit garçon grandit et devient un homme, toujours se demandant pourquoi les femmes pleurent aussi facilement. Finalement il demanda à un sage !!!
Le sage lui fit signe :
« Quand Dieu a fait la femme, elle devait être spécial. Ses épaules devaient être assez fortes pour porter le poids du monde; mais assez douce pour être confortable ».
« Il lui a donné une force intérieure pour endurer les naissances et les rejets qui viennent souvent des enfants. »
« Il lui a donné la force pour lui permettre de continuer quand tout le monde abandonne et prendre soin de sa famille en dépit de la maladie et de la fatigue, sans se plaindre. »
« Il lui a donné la sensibilité pour aimer ses enfants dans n’importe quelle circonstance quand ses derniers l’ont blessée très durement. »
« Il lui a donné la force de supporter son mari dans ses défauts »
« Il lui a donné la sagesse savoir qu’un bon époux ne blesse jamais sa femme, mais que quelques fois il teste sa force et sa détermination à demeurer à ses cotés sans faiblir. »
« Et finalement il lui a donné une larme à verser. Cela est exclusivement à son usage personnel quand elle en ressent le besoin. »
« Tu vois mon fils, la beauté d’une femme n’est pas dans les vêtements qu’elle porte, ni dans son visage, ou dans sa façon de se coiffer les cheveux. La beauté d’une femme réside dans ses yeux. »
« C’est la porte d’entrée de son cœur, la place où l’amour réside et c’est souvent par ses larmes que tu vois passer son cœur!!! »
 

DeletedUser

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Victor HUGO (1802-1885)

Elle était déchaussée, elle était décoiffée..

Elle était déchaussée, elle était décoiffée,
Assise, les pieds nus, parmi les joncs penchants ;
Moi qui passais par là, je crus voir une fée,
Et je lui dis : Veux-tu t'en venir dans les champs ?

Elle me regarda de ce regard suprême
Qui reste à la beauté quand nous en triomphons,
Et je lui dis : Veux-tu, c'est le mois où l'on aime,
Veux-tu nous en aller sous les arbres profonds ?

Elle essuya ses pieds à l'herbe de la rive ;
Elle me regarda pour la seconde fois,
Et la belle folâtre alors devint pensive.
Oh ! comme les oiseaux chantaient au fond des bois !

Comme l'eau caressait doucement le rivage !
Je vis venir à moi, dans les grands roseaux verts,
La belle fille heureuse, effarée et sauvage,
Ses cheveux dans ses yeux, et riant au travers.

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Victor HUGO (1802-1885)

Garde à jamais dans ta mémoire

Garde à jamais dans ta mémoire,
Garde toujours
Le beau roman, la belle histoire
De nos amours !

Moi, je vois tout dans ma pensée,
Tout à la fois !
La trace par ton pied laissée
Au fond des bois,

Les champs, les pelouses qui cachent
Nos verts sentiers,
Et ta robe blanche où s'attachent
Les églantiers,

Comme si ces fleurs amoureuses
Disaient tout bas :
- Te voilà ! nous sommes heureuses !
Ne t'en va pas !

Je vois la profonde ramée
Du bois charmant
Où nous rêvions, toi, bien aimée,
Moi, bien aimant ;

Où du refus tendre et farouche
J'étais vainqueur,
Où ma bouche cherchait ta bouche,
Ton coeur mon coeur !

Viens ! la saison n'est pas finie,
L'été renaît,
Cherchons la grotte rajeunie
Qui nous connaît ;

Là, le soir, à l'heure où tout penche,
Où Dieu bénit,
Où la feuille baise la branche,
L'aile le nid,

Tous ces objets saints qui nous virent
Dans nos beaux jours
Et qui, tout palpitants, soupirent
De nos amours,

Tous les chers hôtes du bois sombre
Pensifs et doux,
Avant de s'endormir, dans l'ombre,
Parlent de nous.

Là, le rouge-gorge et la grive
Dans leurs chansons,
Le liseron et, dans l'eau vive,
Les verts cressons,

La mouche aux ailes d'or qui passe,
L'onde et le vent,
Chuchotent sans cesse à voix basse
Ton nom charmant.

Jour et nuit, au soir, à l'aurore,
A tous moments,
Entre eux ils redisent encore
Nos doux serments.

Viens, dans l'antre où nous les jurâmes,
Nous reposer !
Viens ! nous échangerons nos âmes
Dans un baiser !

__________X
*X_________
 

DeletedUser

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Le Tung-whang-fung


La fleur Ing-wha, petite et pourtant des plus belles,
N'ouvre qu'à Ching-tu-fu son calice odorant ;
Et l'oiseau Tung-whang-fung est tout juste assez grand
Pour couvrir cette fleur en tendant ses deux ailes.

Et l'oiseau dit sa peine à la fleur qui sourit,
Et la fleur est de pourpre, et l'oiseau lui ressemble,
Et l'on ne sait pas trop, quand on les voit ensemble,
Si c'est la fleur qui chante, ou l'oiseau qui fleurit.

Et la fleur et l'oiseau sont nés à la même heure,
Et la même rosée avive chaque jour
Les deux époux vermeils, gonflés du même amour.
Mais quand la fleur est morte, il faut que l'oiseau meure.

Alors, sur ce rameau d'où son bonheur a fui,
On voit Pencher sa tête et se faner sa plume.
Et plus d'un jeune coeur, dont le désir s'allume,
Voudrait, aimé comme elle, expirer comme lui.

Et je tiens, quant à moi, ce récit qu'on ignore
D'un mandarin de Chine, au bouton de couleur.
La Chine est un vieux monde où l'on respecte encore
L'amour qui peut atteindre à l'âge d'une fleur.

Louis BOUILHET (1822-1869)
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DeletedUser

Ce dernier je le connais, c'est aussi un de mes préférés, merci free, ça faisait un bout de temps que je ne l'avais pas relu !
Bonjour @Thorondhor
De rien pour une fois que j'ai grâce :D:D en plus pur hasard de mes lectures d'hier...



Cousin, parle toujours des vices en commun

Cousin, parle toujours des vices en commun,
Et ne discours jamais d'affaires à la table,
Mais surtout garde-toi d'être trop véritable,
Si en particulier tu parles de quelqu'un.

Ne commets ton secret à la foi d'un chacun,
Ne dis rien qui ne soit pour le moins vraisemblable
Si tu mens, que ce soit pour chose profitable
Et qui ne tourne point au déshonneur d'aucun.

Surtout garde-toi bien d'être double en paroles,
Et n'use sans propos de finesses frivoles,
Pour acquérir le bruit d'être bon courtisan.

L'artifice caché, c'est le vrai artifice :
La souris bien souvent périt par son indice,
Et souvent par son art se trompe l'artisan.


Joachim DU BELLAY (1522-1560)
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DeletedUser

Auden _ Aller Sans Retour

Toi, mon amour
Toi qui t’attarde au vent
Toi qui attends ton tour
Comme on jouerai sa chance
Mais qu’est-ce qu’on attend
Pour changer nos jours
Après tout on s’en fou
Aller vient on fou l’camp
On tire un trait sur

Les issues qu’on recherche
Mais qui n’existent pas
Les beaux jours que l’on guette
Accoudés au comptoir
Si seulement on pouvait tout quitter pour savoir
Je manque d’air, je manque d’air
Je préfère l’aller sans retour
Que l’on s’en aille sans demi tout
La vie nous offre à ses détours
Je t’en prie ne tardons plus
Je préfère l’aller sans retour
Que l’on s’en aille sans demi-tour
Avec le temps on oublie tout
Même tout ce qui était foutu

On se laissera guidé
A travers les voyages
Moi le roi, l’épée
Toi la reine au grand charme
Au travers de la brume
On charge à l’horizon
Conquérant de la lune
On tire un trait sur

Les issues qu’on recherche
Mais qui n’existent pas
Les beaux jours que l’on guette
Accoudés au comptoir
Si seulement on pouvait tout quitter pour savoir
Je manque d’air, je manque d’air
Je préfère l’aller sans retour
Que l’on s’en aille sans demi tout
La vie nous offre à ses détours
Je t’en prie ne tardons plus
Je préfère l’aller sans retour
Que l’on s’en aille sans demi-tour
Avec le temps on oublie tout
Même tout ce qui était foutu

Je préfère l’aller sans retour
Que l’on s’en aille sans demi tout
La vie nous offre à ses détours
Je t’en prie ne tardons plus
Je préfère l’aller sans retour
Que l’on s’en aille sans demi-tour
Avec le temps on oublie tout
Même tout ce qui était foutu


Paroliers :
Adrien Dauce
 

DeletedUser

Mon Cœur Est Un Lac.

Mon cœur est un lac
Mon amour ! Venez ramer
Je porte votre ombre blanche dans mes bras
Comme le jade, je vais me briser contre votre bateau.

Mon cœur est une bougie
Mon amour ! Fermez la porte
Tranquillement, je vais tout brûler
En agitant votre châle en soie.

Mon cœur est un voyageur
Mon amour ! Jouez de la flûte
Sous la lune, je vais passer la nuit
En dressant les oreilles.

Mon cœur est en feuilles
Un moment. Permettez que je sois son jardin.
Si le vent se lève, solitairement
Je vais vous quitter encore, comme un voyageur.

Kim Dong-Myung.
 

DeletedUser

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Quelques secondes...
En quelques secondes, je compris
Dans une suspension saisissante,
Le temps lent, engourdi.
Au calme ,un silence inhabituel m’interpelle
Si pauvre de bruits, il m'averti ,plus de doute!
Je pressentis dans un vif effroyable mon devenir
Essayant de l'anticiper ,de le minimiser.

Je détourne la tète de cette iris peinte sur chair
A ma gauche , une ombre opaque se dresse près de moi
Silhouette pourvu de deux billes vides ,noires.
Emplie d'un compte a rebours
Miroitant dans un éclat parfait,
Comme l’éclair foudroie la mer.
La découpant en surface,
a l'infini reproduction.
De haine ,de bestialité s'en dégage
Plus de doute ,détermination!

Hâtivement comme déjà sut
Je cache a vu cette fleur
Étirer en arrière, je bascule
Enserrer, dans frottements brûlant
Puis Précipice apeurant
M’élonge ailleurs, impactes écarlate
Joue contre formica ,c'est froid
Ranime la chaleur piquante
Corps plaqué ,cassé ,compressé ,
Tant tôt sac ,tant tôt viande
Déballage violant, pénétrant
Mains cherchant issues ,en vain.
Secousses en cycle continu, me donne nausées

Un recours,une idée,une échappatoire ?
Bloque ta respiration! Pas un bruit ne fait!
Si je ne la reprenait plus , délivrance
Mème Passeur ne veut pas de moi
Pas de denier pour la traversée
Créateur regarde l'horreur !et tu laisses...
Dans une grande inspiration imposée
Revenante, attendant,luttant contre mes bruits
Quelques secondes ,paraissent une vie entière
Jamais fin ne fut réclamé si pressement
Ce feulement bestial sonne le finale

Je glisse ,descend, tombe au ras du sol
En boule le corps sous la pluie purifiante
Tout se fige sauf les grises de ma tète

En arrêt cristalliser de cet assaut
Et je pense a demain, me rappelant hier.
Oui demain et son lendemain ...

Ah! j'avais oublié, oublié les couleurs

Je vous détestent ainsi pignocher
Le rouge écarlate du franc contact
Puis un jaune blême ,nauséeux
Te voila vert ! Presque inexistant
Mystérieux Bleu identifiant cette fois!
Toutes inondées, imbibées sur cette couche
Blanc n'ai pas couleur, juste page
Il reflète marques de passages
Plus Tard redeviendra pure , nettoyé
Mais avant cela le noir se fait envahissant
Il n'aura besoin d'aucune autre

J'avais oublié cela que couleurs sont assassine
Comme gestes acharnés peuvent l’être
Je me souviens encore
et encore ..
Quelques secondes ...

APC
 

Thorondhor

Élève assidu
Lorenzo.
Il y a plusieurs démons, Philippe ; celui qui te tente en ce moment n’est pas le moins à craindre de tous.
Philippe.
Que veux-tu dire ?
Lorenzo.
Prends-y garde, c’est un démon plus beau que Gabriel : la liberté, la patrie, le bonheur des hommes, tous ces mots résonnent à son approche comme les cordes d’une lyre ; c’est le bruit des écailles d’argent de ses ailes flamboyantes. Les larmes de ses yeux fécondent la terre, et il tient à la main la palme des martyrs. Ses paroles épurent l’air autour de ses lèvres ; son vol est si rapide, que nul ne peut dire où il va. Prends-y garde ! une fois dans ma vie je l’ai vu traverser les cieux. J’étais courbé sur mes livres ; le toucher de sa main a fait frémir mes cheveux comme une plume légère. Que je l’aie écouté ou non, n’en parlons pas.
____________

Lorenzo.
Tel que tu me vois, Philippe, j’ai été honnête. J’ai cru à la vertu, à la grandeur humaine, comme un martyr croit à son dieu. J’ai versé plus de larmes sur la pauvre Italie que Niobé sur ses filles.
Philippe.
Eh bien, Lorenzo ?
Lorenzo.
Ma jeunesse a été pure comme l’or. Pendant vingt ans de silence, la foudre s’est amoncelée dans ma poitrine ; et il faut que je sois réellement une étincelle du tonnerre, car tout à coup, une certaine nuit que j’étais assis dans les ruines du colisée antique, je ne sais pourquoi, je me levai ; je tendis vers le ciel mes bras trempés de rosée, et je jurai qu’un des tyrans de ma patrie mourrait de ma main. J’étais un étudiant paisible, je ne m’occupais alors que des arts et des sciences, et il m’est impossible de dire comment cet étrange serment s’est fait en moi. Peut-être est-ce là ce qu’on éprouve quand on devient amoureux.
Philippe.
J’ai toujours eu confiance en toi, et cependant je crois rêver.
Lorenzo.
Et moi aussi. J’étais heureux alors ; j’avais le cœur et les mains tranquilles ; mon nom m’appelait au trône, et je n’avais qu’à laisser le soleil se lever et se coucher pour voir fleurir autour de moi toutes les espérances humaines. Les hommes ne m’avaient fait ni bien ni mal ; mais j’étais bon, et, pour mon malheur éternel, j’ai voulu être grand. Il faut que je l’avoue : si la Providence m’a poussé à la résolution de tuer un tyran, quel qu’il fût, l’orgueil m’y a poussé aussi. Que te dirais-je de plus ? Tous les Césars du monde me faisaient penser à Brutus.
Philippe.
L’orgueil de la vertu est un noble orgueil. Pourquoi t’en défendrais-tu ?
Lorenzo.
Tu ne sauras jamais, à moins d’être fou, de quelle nature est la pensée qui m’a travaillé. Pour comprendre l’exaltation fiévreuse qui a enfanté en moi le Lorenzo qui te parle, il faudrait que mon cerveau et mes entrailles fussent à nu sous un scalpel. Une statue qui descendrait de son piédestal pour marcher parmi les hommes sur la place publique serait peut-être semblable à ce que j’ai été le jour où j’ai commencé à vivre avec cette idée : il faut que je sois un Brutus.
Philippe.
Tu m’étonnes de plus en plus.
Lorenzo.
J’ai voulu d’abord tuer Clément VII ; je n’ai pu le faire, parce qu’on m’a banni de Rome avant le temps. J’ai recommencé mon ouvrage avec Alexandre. Je voulais agir seul, sans le secours d’aucun homme. Je travaillais pour l’humanité ; mais mon orgueil restait solitaire au milieu de tous mes rêves philanthropiques. Il fallait donc entamer par la ruse un combat singulier avec mon ennemi. Je ne voulais pas soulever les masses, ni conquérir la gloire bavarde d’un paralytique comme Cicéron ; je voulais arriver à l’homme, me prendre corps à corps avec la tyrannie vivante, la tuer, et après cela porter mon épée sanglante sur la tribune, et laisser la fumée du sang d’Alexandre monter au nez des harangueurs, pour réchauffer leur cervelle ampoulée.
Philippe.
Quelle tête de fer as-tu, ami ! quelle tête de fer !
Lorenzo.
La tâche que je m’imposais était rude avec Alexandre. Florence était, comme aujourd’hui, noyée de vin et de sang. L’empereur et le pape avaient fait un duc d’un garçon boucher. Pour plaire à mon cousin, il fallait arriver à lui porté par les larmes des familles ; pour devenir son ami, et acquérir sa confiance, il fallait baiser sur ses lèvres épaisses tous les restes de ses orgies. J’étais pur comme un lis, et cependant je n’ai pas reculé devant cette tâche. Ce que je suis devenu à cause de cela, n’en parlons pas. Tu dois comprendre ce que j’ai souffert, et il y a des blessures dont on ne lève pas l’appareil impunément. Je suis devenu vicieux, lâche, un objet de honte et d’opprobre ; qu’importe ? ce n’est pas de cela qu’il s’agit.
Philippe.
Tu baisses la tête ; tes yeux sont humides.
Lorenzo.
Non, je ne rougis point ; les masques de plâtre n’ont point de rougeur au service de la honte. J’ai fait ce que j’ai fait.
Lorenzaccio, Musset
 

DeletedUser


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Icare
J'ai souvent répété les paroles des sages,
Que tout bonheur humain se paye et qu'il vaut mieux,
Libre et fort, dans la paix immobile des dieux,
Voir la vie à ses pieds, du bord calme des plages.

Mais maintenant, l'abîme a fasciné mes yeux ;
Je voudrais, comme Icare, au-dessus des nuages,
Vers la zone de flamme où germent les orages
M'élancer, et mourir quand j'aurai vu les cieux.

Je sais, je sais déjà tout ce que vous me dites,
Mais la vision sainte est là ; je veux saisir
Mon rêve et, sous le ciel embrasé du désir,

Braver la soif ardente et les fièvres maudites
Et les remords sans fin, pour ce bonheur d'un jour,
Le divin, l'infini, l'insatiable amour.

Louis MÉNARD (1822-1901)


 

DeletedUser11272

-NE JUGE PAS!
II y a une loi pour l'eau
et une autre loi pour celui qui a soif.
L'eau est toujours eau,
mais celui qui a soif n'a pas toujours soif.
Si l'eau gèle, l'assoiffé meurt de soif.
Si l'eau s'évapore, l'assoiffé meurt de soif.
Les hommes, dans leur soif, s'entre-tuent.
Mais le sang n'est pas l'eau,
et ils ont de plus en plus soif.

Silence.

[L'avertissement sévère : «Ne juge pas! » me fait comprendre
que si je me sous-estime, je suis comme l'eau devenue glace.
Si je me surestime, je suis comme l'eau devenue vapeur.
Quand je vis entre les deux, sans jugement, alors l'Eau de
la Vie, qui apaise toute soif, peut couler naturellement à
travers moi.]

[E16G – 93]
dialogues avec l'ange
Gitta Mallasz

(un texte fort ... qui laisse des empreintes en moi )
merci de ce moment partagé à vous lire :)
 

kyhd

Graine divine

Bénédiction

Lorsque, par un décret des puissances suprêmes,
Le Poète apparaît en ce monde ennuyé,
Sa mère épouvantée et pleine de blasphèmes
Crispe ses poings vers Dieu, qui la prend en pitié :
- « Ah ! que n'ai-je mis bas tout un noeud de vipères,
Plutôt que de nourrir cette dérision !
Maudite soit la nuit aux plaisirs éphémères
Où mon ventre a conçu mon expiation !
Puisque tu m'as choisie entre toutes les femmes
Pour être le dégoût de mon triste mari,
Et que je ne puis pas rejeter dans les flammes,
Comme un billet d'amour, ce monstre rabougri,
Je ferai rejaillir ta haine qui m'accable
Sur l'instrument maudit de tes méchancetés,
Et je tordrai si bien cet arbre misérable
Qu'il ne pourra pousser ses boutons empestés ! »
Elle ravale ainsi l'écume de sa haine,
Et, ne comprenant pas les desseins éternels,
Elle-même prépare au fond de la Géhenne
Les bûchers consacrés aux crimes maternels.
Pourtant, sous la tutelle invisible d'un Ange,
L'Enfant déshérité s'enivre de soleil,
Et dans tout ce qu'il boit et dans tout ce qu'il mange
Retrouve l'ambroisie et le nectar vermeil.
Il joue avec le vent, cause avec le nuage,
Et s'enivre en chantant du chemin de la croix ;
Et l'Esprit qui le suit dans son pèlerinage
Pleure de le voir gai comme un oiseau des bois.
Tous ceux qu'il veut aimer l'observent avec crainte,
Ou bien, s'enhardissant de sa tranquillité,
Cherchent à qui saura lui tirer une plainte,
Et font sur lui l'essai de leur férocité.
Dans le pain et le vin destinés à sa bouche
Ils mêlent de la cendre avec d'impurs crachats ;
Avec hypocrisie ils jettent ce qu'il touche,
Et s'accusent d'avoir mis leurs pieds dans ses pas.
Sa femme va criant sur les places publiques :
« Puisqu'il me trouve assez belle pour m'adorer,
Je ferai le métier des idoles antiques,
Et comme elles je veux me faire redorer ;
Et je me soûlerai de nard, d'encens, de myrrhe,
De génuflexions, de viandes et de vins,
Pour savoir si je puis dans un coeur qui m'admire
Usurper en riant les hommages divins !
Et, quand je m'ennuierai de ces farces impies,
Je poserai sur lui ma frêle et forte main ;
Et mes ongles, pareils aux ongles des harpies,
Sauront jusqu'à son coeur se frayer un chemin.
Comme un tout jeune oiseau qui tremble et qui palpite,
J'arracherai ce coeur tout rouge de son sein,
Et, pour rassasier ma bête favorite,
Je le lui jetterai par terre avec dédain ! »
Vers le Ciel, où son oeil voit un trône splendide,
Le Poète serein lève ses bras pieux,
Et les vastes éclairs de son esprit lucide
Lui dérobent l'aspect des peuples furieux :
- « Soyez béni, mon Dieu, qui donnez la souffrance
Comme un divin remède à nos impuretés
Et comme la meilleure et la plus pure essence
Qui prépare les forts aux saintes voluptés !
Je sais que vous gardez une place au Poète
Dans les rangs bienheureux des saintes Légions,
Et que vous l'invitez à l'éternelle fête
Des Trônes, des Vertus, des Dominations.
Je sais que la douleur est la noblesse unique
Où ne mordront jamais la terre et les enfers,
Et qu'il faut pour tresser ma couronne mystique
Imposer tous les temps et tous les univers.
Mais les bijoux perdus de l'antique Palmyre,
Les métaux inconnus, les perles de la mer,
Par votre main montés, ne pourraient pas suffire
A ce beau diadème éblouissant et clair ;
Car il ne sera fait que de pure lumière,
Puisée au foyer saint des rayons primitifs,
Et dont les yeux mortels, dans leur splendeur entière,
Ne sont que des miroirs obscurcis et plaintifs ! »

Baudelaire - Les Fleurs du Mal
 

DeletedUser

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Tu te lèves... - Paul Eluard (1895-1952)

Tu te lèves l'eau se déplie
Tu te couches l'eau s'épanouit

Tu es l'eau détournée de ses abîmes
Tu es la terre qui prend racine
Et sur laquelle tout s'établit


Tu fais des bulles de silence dans le désert des bruits
Tu chantes des hymnes nocturnes sur les cordes de l'arc-en-ciel,
Tu es partout tu abolis toutes les routes


Tu sacrifies le temps
À l'éternelle jeunesse de la flamme exacte
Qui voile la nature en la reproduisant


Femme tu mets au monde un corps toujours pareil
Le tien


Tu es la ressemblance

Paul Eluard (Facile) 1935

x*x
 
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Thorondhor

Élève assidu
A une passante

La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d'une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;


Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.


Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté
Dont le regard m'a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?


Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être !
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !


Baudelaire
 

DeletedUser

Les champs d'orge.

Que la vie juvénile soit aussi fringante
Que les champs d'orge en hiver
Dans le sud de la Corée,
Ces orges des champs au printemps précoce
Qui lèvent comme de rien
Malgré la terre gelée
Toute couverte
De neige.

Ces orges vertes
Qui finissent par lever
Bien qu'elles soient étouffées enfouies
Bien qu'elles soient piétinées.

Ces orges vertes
Qui lèvent encore mieux
Quand on les piétine,
Qui se fortifient encore plus
Quand, piétinées, elles sont foulées et écrasées.

A l'orée du printemps
Dans le calendrier lunaire
Si les racines d'orge avaient trois fourches,
Hourra, la moisson serait abondante !
Si elles en avaient deux, ce serait une année ordinaire,
Et si elles n'en avaient aucune,
Que faire, ce serait une année de disette.

Quand on a supporté une telle famine
Une si longue misère,
En plein vent du sud du quatrième mois
Les orges mûrissent
Comme mes enfants
Comme mes enfants

Que la vie mûre ait une bonne récolte dorée
Comme les champs d'orge dans le sud de la Corée.

Ko Un.
" Chuchotements "
 
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DeletedUser

L'île aux chansons.

Dans la mer en face de ma ville natale
Très curieusement
Des îles égermaient ici et là
Et parmi elles toute petite
Émergeait
l'île aux chansons.

Lorsque la tempête soufflait au large de la mer de l'Ouest
Régulièrement
Aux alentours de l'île
On entendant les chansons

C'étaient les chansons
Que les âmes des pécheurs morts dans la tempête
Chantaient chaque fois lors d'une tempête
Depuis des temps reculés
C'étaient les chansons qu'elles chantaient nuit et jour
Pendant des jours et des jours

Et moi qui ai grandi
En regardant cette île aux chansons
Une âme magnanime a bien voulou entrer
Et jusqu'a ce jour j'ai vagabondé en chantant

Malgré des années parfois difficiles
Maladroitement
Toujours maladroitement j'ai vagabondé en chantant.

Ko Un.
" Chuchotements "
 

DeletedUser


Les étrennes des orphelins
I

La chambre est pleine d'ombre ; on entend vaguement
De deux enfants le triste et doux chuchotement.
Leur front se penche, encore alourdi par le rêve,
Sous le long rideau blanc qui tremble et se soulève...
- Au dehors les oiseaux se rapprochent frileux ;
Leur aile s'engourdit sous le ton gris des cieux ;
Et la nouvelle Année, à la suite brumeuse,
Laissant traîner les plis de sa robe neigeuse,
Sourit avec des pleurs, et chante en grelottant...

II

Or les petits enfants, sous le rideau flottant,
Parlent bas comme on fait dans une nuit obscure.
Ils écoutent, pensifs, comme un lointain murmure...
Ils tressaillent souvent à la claire voix d'or
Du timbre matinal, qui frappe et frappe encor
Son refrain métallique en son globe de verre...
- Puis, la chambre est glacée... on voit traîner à terre,
Épars autour des lits, des vêtements de deuil
L'âpre bise d'hiver qui se lamente au seuil
Souffle dans le logis son haleine morose !
On sent, dans tout cela, qu'il manque quelque chose...
- Il n'est donc point de mère à ces petits enfants,
De mère au frais sourire, aux regards triomphants ?
Elle a donc oublié, le soir, seule et penchée,
D'exciter une flamme à la cendre arrachée,
D'amonceler sur eux la laine et l'édredon
Avant de les quitter en leur criant : pardon.
Elle n'a point prévu la froideur matinale,
Ni bien fermé le seuil à la bise hivernale ?...
- Le rêve maternel, c'est le tiède tapis,
C'est le nid cotonneux où les enfants tapis,
Comme de beaux oiseaux que balancent les branches,
Dorment leur doux sommeil plein de visions blanches !...
- Et là, - c'est comme un nid sans plumes, sans chaleur,
Où les petits ont froid, ne dorment pas, ont peur ;
Un nid que doit avoir glacé la bise amère...

III

Votre coeur l'a compris : - ces enfants sont sans mère.
Plus de mère au logis ! - et le père est bien loin !...
- Une vieille servante, alors, en a pris soin.
Les petits sont tout seuls en la maison glacée ;
Orphelins de quatre ans, voilà qu'en leur pensée
S'éveille, par degrés, un souvenir riant...
C'est comme un chapelet qu'on égrène en priant :
- Ah ! quel beau matin, que ce matin des étrennes !
Chacun, pendant la nuit, avait rêvé des siennes
Dans quelque songe étrange où l'on voyait joujoux,
Bonbons habillés d'or, étincelants bijoux,
Tourbillonner, danser une danse sonore,
Puis fuir sous les rideaux, puis reparaître encore !
On s'éveillait matin, on se levait joyeux,
La lèvre affriandée, en se frottant les yeux...
On allait, les cheveux emmêlés sur la tête,
Les yeux tout rayonnants, comme aux grands jours de fête,
Et les petits pieds nus effleurant le plancher,
Aux portes des parents tout doucement toucher...
On entrait !... Puis alors les souhaits... en chemise,
Les baisers répétés, et la gaîté permise !

IV

Ah ! c'était si charmant, ces mots dits tant de fois !
- Mais comme il est changé, le logis d'autrefois :
Un grand feu pétillait, clair, dans la cheminée,
Toute la vieille chambre était illuminée ;
Et les reflets vermeils, sortis du grand foyer,
Sur les meubles vernis aimaient à tournoyer...
- L'armoire était sans clefs !... sans clefs, la grande armoire !
On regardait souvent sa porte brune et noire...
Sans clefs !... c'était étrange !... on rêvait bien des fois
Aux mystères dormant entre ses flancs de bois,
Et l'on croyait ouïr, au fond de la serrure
Béante, un bruit lointain, vague et joyeux murmure...
- La chambre des parents est bien vide, aujourd'hui
Aucun reflet vermeil sous la porte n'a lui ;
Il n'est point de parents, de foyer, de clefs prises :
Partant, point de baisers, point de douces surprises !
Oh ! que le jour de l'an sera triste pour eux !
- Et, tout pensifs, tandis que de leurs grands yeux bleus,
Silencieusement tombe une larme amère,
Ils murmurent : " Quand donc reviendra notre mère ? "

V

Maintenant, les petits sommeillent tristement :
Vous diriez, à les voir, qu'ils pleurent en dormant,
Tant leurs yeux sont gonflés et leur souffle pénible !
Les tout petits enfants ont le coeur si sensible !
- Mais l'ange des berceaux vient essuyer leurs yeux,
Et dans ce lourd sommeil met un rêve joyeux,
Un rêve si joyeux, que leur lèvre mi-close,
Souriante, semblait murmurer quelque chose...
- Ils rêvent que, penchés sur leur petit bras rond,
Doux geste du réveil, ils avancent le front,
Et leur vague regard tout autour d'eux se pose...
Ils se croient endormis dans un paradis rose...
Au foyer plein d'éclairs chante gaîment le feu...
Par la fenêtre on voit là-bas un beau ciel bleu ;
La nature s'éveille et de rayons s'enivre...
La terre, demi-nue, heureuse de revivre,
A des frissons de joie aux baisers du soleil...
Et dans le vieux logis tout est tiède et vermeil
Les sombres vêtements ne jonchent plus la terre,
La bise sous le seuil a fini par se taire ...
On dirait qu'une fée a passé dans cela ! ...
- Les enfants, tout joyeux, ont jeté deux cris... Là,
Près du lit maternel, sous un beau rayon rose,
Là, sur le grand tapis, resplendit quelque chose...
Ce sont des médaillons argentés, noirs et blancs,
De la nacre et du jais aux reflets scintillants ;
Des petits cadres noirs, des couronnes de verre,
Ayant trois mots gravés en or : " A NOTRE MÈRE ! "​
 

DeletedUser

Sous un poirier sauvage

L’ombre de l’arbre est vivante
néant, plus je lis, plus je sens ta présence
le péril où je suis, personne n’a connu
je tourne une page
tu prolifères dans la page suivante !
l’ombre de l’arbre est vivante
faisons hara-kiri, faisons hara-kiri
l’ombre de l’arbre est vivante
faisons hara-kiri, hara-kiri


Ko Un
 
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