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    Modérateurs de la section :

Et nos textes, passages, poèmes préférés ?

DeletedUser

Oui, celui-ci aussi je le connais par (le) cœur ; si vous avez l'occasion de l'écouter réciter par Serge Reggiani, vous l'entendrez, je crois, comme Rimbaud eût aimé l'entendre lui-même, comme il arrive que la poésie résonne en nous sans que nous ayons le talent de cet immense acteur pour l'exprimer.
Merci également Varden pour l'hommage de Verlaine à Coppée : le poète aux larges épaules ;)
 

DeletedUser

Bonjour :)
J'aimerais vous présenter, pour ceux qui ne connaissent pas déjà (se remémorer pour les autres) une légende du milieux artistique Québécois:

Poésie de Marc Favreau
Sol, le clown clochard.
Ses textes, à la fois naïfs, poétiques et humoristiques
( Les fautes sont voulues dans le texte! )

(j'ai retiré du texte les sections faisant allusion a des institutions et des nations identifiables afin d'éviter les polémiques, ce qui n’altère pas le sens général de cet extrait)

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Le fier monde

Il est pas si tant tellement grand le monde. La Terre est grande mais le monde est petit ...
D'abord faut savoir que la Terre c'est une boule toute ronde comme une pomme sauf qu'elle a pas de queue (c'est pas grave qu'elle aye pas de queue mais c'est un petit peu embêtant pour nous on peut jamais savoir quand elle est contente).

En tout cas elle est ronde, ça c'est sûr. Y a des drôles qui la trouvent plate mais c'est pas vrai ...
il arrive tant tellement de choses sur la Terre elle a pas le temps d'être plate il en arrive il en arrive surtout du monde tous les jours il en arrive c'est pour ça qu'on voye plein de monde partout ...

Mais ça veut pas dire que tout le monde se connaît non c'est pluss complexé que ça passque la Terre comme c'est une boule elle roule elle roule dans l'expace, elle tourne, chaque jour elle fait le tour du monde mais le monde, lui, il tourne pas il s'agitationne, il se bousculine, mais il tourne pas il tourne pas rond c'est bien connu. Il est pas fou le monde, il veut pas perdre la boule alors il reste à la même place ... seulement comme il est innombreux il est partout partout autour de la boule alors forcément y en a qui ont le dessus et d'autres qui ont le dessous.

Ceux qui ont le dessus sont drôlement bien
(...)
Ceux-là ils ont tout, ils manquent de rien et le reste ils l'inventairent. Et ils ont pas le temps de s'ennouiller ils s'invitationnent ils sont toujours à table une belle grande instable avec des pattes de velours couverte d'une belle grande nappemonde
(...)
Ceux d'en dessous alors là c'est pas pareil surtout pour dormir c'est pas commode avec ceux d'en haut qui leur tapent sur la tête. Ils arrêtent pas d'avoir la tête en bas ceux d'en dessous alors quand ils veulent garder un pied à terre c'est toute une hixtoire Mais ils restent là quand même pas question de laisser tomber passqu'ils sont fiers c'est le FIER MONDE ...!

Y en a qui disent waff le fier monde ça compte pas il se passe rien ... Ouille! Faut pas connaître le fier monde pour dire ça. II s'en passe des choses! Surtout quand ceux d'en haut ont fini de manger et qu'ils secouillonnent la nappemonde ils secouillonnent, ils secouillonnent et les miettes se mettent à tomber et comme la Terre est ronde la plusspart du temps ça passe tout droit alors ceux d'en dessous ils s'en passent des choses! Ils se passent de tout!

Mais le fier monde ça le dérange pas vraiment il est habitouillé, il s'en fait pas, d'ailleurs jamais il s'énervouille, jamais il est pressé, il déménage ses efforts et pourtant il arrive toujours à rejoindre les deux bambous ... Il s'en fait pas il sait vivre.

Par exemple le matin quand il se lève la première chose qu'il fait sans se presser il prend son café et il le plante! Pousse café, pousse café, pousse pousse ...! Ensuite il prend sa canne en sucre et il s'en va au champ et là il chante très complètement patient et curieux toute la journée penché sur les petites plantes ...

Jamais pressé le fier monde c'est comme pour manger il peut attendre des mois des mois ... D'ailleurs il mange prexe pas: il coupe le poivre en deux il met de l'eau dans son bain il fait la disette gentiment en famine ...
Le fier monde c'est la pluss grande sobriété de consommation!

Bien sûr comme tout le monde il veut pas manger toujours la même chose
des fois il veut changer de régime alors il serche il serche un nouveau régime et même il se casse la tête pour en trouver un et quand il le trouve c'est un solonel! (En général c'est un solonel)

Un gros grand solonel très fort très dynamite qui arrive les bras chargés de bananes et qui met ses bananes au régime ... Et là le fier monde est content il jujubilationne il remercenaire le solonel il se dévote pour lui et le solonel c'est pas long il le prend le vote et avec lui ça traîne pas c'est toujours le vote à main armée!

Et tout le monde est content le fier monde retourne à son chant tout le jour il passe le temps au coton et le solonel lui il le passe au tabac ...

Attention faut pas croire que le fier monde se repose pas! Après manger par exemple il fait jamais la vaisselle il fait seulement l'assiette. Il s'étend sous un grand napalmier ou un gros maobab et il fait l'assiette et comme il a pas besoin de brunir il se laisse griser il dort dîne ...
Puis des fois le soir il veut s'abuser alors il danse et il rit, il aime ça rire, il rit, il rit, il rit; il se tornade de rire
(...)
Ouille oui alors le fier monde il sait vivre, il sait s'abuser! Y a pas que lui bien sûr. D'en haut aussi ils s'abusent. Quand ils se font du visiting c'est pour s'abuser. Ils se font des déceptions vermouilleuses, faut voir ça! Les premiers qui arrivent c'est les ambrassadeurs de bonne étreinte qui se font l'échanging de cosmopolitesses puis c'est les chefs des chefs drôlement bons qui pensent toujours aux autres qui s'écoutent jamais qui parlent avec leurs monologues qui se font des petites affaires étrangères dans des rencontres au sommeil passque l'ennui porte conseil ...

Des fois les chefs ils amènent leurs pèquenocrates. C'est gentil un pèquenocrate et ça dérange personne ça reste là tout humide avec sa serviette et appuyé sur son dossier ça a toujours l'air dans la pluss grande stupéfonction publique
(...)
Et puis quand ils veulent faire des cadeaux les chefs ils amènent des admirables et des généreux qui se lancent des fleurs des beaux grands dépôts de géranium enrichi ...
(...)
ça psycause de guerre et paix, ça donne des incohérences de presse
(...)
Mais les pluss belles déceptions c'est les très énormes les déceptions mondaines quand tout le monde est là
(...)
Ça mange! et ça documange! Faut dire qu'ils sont là pour ça et qu'y a de quoi manger: la veille ils ont fait leur marché en commun et la table est pleine y a des tonnes et des gloutonnes d'aliments pour tous les goûts: des aliments de l'ouest et de l'est ... Faut les voir alors se jeter sur la soupe comme des anthropotages
(...)
Et même après ça ils ont encore faim.
(...).
Et c'est pas tout. Dans les grandes déceptions mondaines, ils font pas rien que manger ils buvardent aussi et pas n'importe quoi ... du vrai vin
(...)
et bientôt tout le monde est très gai Et c'est là que se déclenche la course aux ornements tout le monde devient fou même les alliés de toujours même les alliés-nés ...
(...)
c'est la salade la salade de la violette qui monte de pluss en pluss violette jusqu'au bout jusqu'à perpétrole jusqu'à l'épuigisement ...! Puis ça se calme. Forcément. Après l'épuigisement ils ont plus de force! Ils ont même plus la faible petite force de se lancer des olives nucléaires ... Heureusement pour la vieille qui nettoie les dégâts à mesure, la vieille démocrasseuse. Elle serait pas d'accord avec les olives pour elle ça serait inadmissile elle qu'est déjà tout alarmée (...) avec un pied dans la tombe atomique elle aurait bien trop peur de plus jamais être capable de faire le ménage de sa purée publique elle aurait trop peur de plus jamais être fière de son monde ... Pôvre vieille démocrasseuse ...!

Marc Favreau
 
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DeletedUser4977

Bonjour ici :) Petit poème d'un auteur du web, après correction des fautes :p

L'inconnu et sa bravoure


Bravant les tempêtes et les ouragans
D'un regard aigu et perçant
Avançant sans recul et sans mépris
Vers les recoins cachés de cette vie

Lisant dans un cœur
Une infime parcelle de peur
Une bravoure chevaleresque et inconnue
Se ressent jusqu'à l’acquisition du but

Ne perdant jamais l'espoir
Qu'un jour, s'ouvrira le tiroir
D'une satisfaction tant espérée
Les manches toujours seront bien levées

Ne baissant jamais la tête
Même lorsque noirceur cogne à la fenêtre
Image remplie de courage et de persévérance
Gravée dans la mémoire de la conscience.


Ecrit par Uldericka
 

DeletedUser1568

« La magie se pose sur mes jours
et s’endort sur mon oreiller,
dans les nuits baignées
d’une mer d’étoiles
et de l’auréole lumineuse de la lune... »
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¸.´Légendes du Cœur
(¸ ☆.¸¸. ☆.¸¸.☆҉‿⁀☆☆҉‿⁀☆҉☆©


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DeletedUser

o_Obonsoir:)

Les espaces infinis

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Par Anna Elisabeth de Brancovan,
comtesse de Noailles (1876-1933)



Je reviens d'un séjour effrayant; n'y va pas !
Que jamais ta pensée, anxieuse, intrépide,
N'aille scruter le bleu du ciel, distrait et vide,
Et presser l'infini d'un douloureux compas !

Ne tends jamais l'oreille aux musiques des sphères,
N'arrête pas tes yeux sur ces coursiers brûlants :
Rien n'est pour les humains dans la haute atmosphère,
Crois-en mon noir vertige et mon corps pantelant.

Le poumon perd le souffle et l'esprit l'espérance,
C'est un remous d'azur, de siècles, de néant;
Tout insulte à la paix rêveuse de l'enfance.
En l'abîme d'en haut tout est indifférent!

Et puisqu'il ne faut pas, âme, je t'en conjure,
Aborder cet espace, indolent, vague et dur,
Ce monstre somnolent dilué dans l'azur,
Aime ton humble terre et ta verte nature :

L'humble terre riante, avec l'eau, l'air, le feu,
Avec le doux aspect des maisons et des routes,
Avec l'humaine voix qu'une autre voix écoute,
Et les yeux vigilants qui s'étreignent entre eux.


Aime le neuf printemps, quand la terre poreuse
Fait sourdre un fin cristal, liquide et mesuré ;
Aime le blanc troupeau automnal sur les prés,
Son odeur fourmillante, humide et chaleureuse.

Honore les clartés, les senteurs, les rumeurs;
Rêve ; sois romanesque envers ce qui existe ;
Aime, au jardin du soir, la brise faible et triste,
Qui poétiquement fait se rider le cœur.

Aimé la vive pluie> enveloppante et preste,
Son frais pétillement stellaire et murmurant ;
Aime, pour son céleste et jubilant torrent,
Le vent, tout moucheté d'aventures agrestes!

L'espace est éternel, mais l'être est conscient,
Il médite le temps, que les mondes ignorent ;
C'est par ce haut esprit, stoïque et défiant,
Qu'un seul regard humain est plus fier que l'aurore !

Oui, je le sens, nul être au cœur contemplatif
N'échappe au grand attrait des énigmes du monde.
Mais seule la douleur transmissible est féconde,
Que pourrait t'enseigner l'éther sourd et passif ?

En vain j'ai soutenu, tremblante jusqu'aux moelles,
Le combat de l'esprit avec l'universel,
J'ai toujours vu sur moi, étranger et cruel.
Le gel impondérable et hautain des étoiles !

Entends-moi, je reviens d'en haut, je te le dis.
Dans l'azur somptueux toute âme est solitaire,
Mais la chaleur humaine est un sur paradis ;
Il n'est rien que les sens de l'homme et que la terre !

Feins de ne pas savoir, pauvre esprit sans recours.
Qu'un joug pèse sur toi du front altier des cimes,
Ramène à ta mesure un monde qui t'opprime,
Et réduis l'infini au culte de l'amour.

— Puisque rien de l'espace, hélas ! ne te concerne,
Puisque tout se refuse à l'anxieux appel,
Laisse la vaste mer bercer l'algue et le sel,
Et l'étoile entrouvrir sa brillante citerne.


Abaisse tes regards, interdis à tes yeux
Le coupable désir de chercher, de connaitre,
Puisqu'il te faut mourir comme il t'a fallu naître,
Résigne-toi, pauvre âme, et guéris-toi des cieux...

Les Forces Eternelles
 

DeletedUser

Hymne à la vie ; poème paradoxal par lequel la Comtesse nous invite à fuir les Muses habituelles de la poésie : l'éther et les paradis artificiels du prodigieux Baudelaire, en s'achevant par cet impératif suspendu : "... guéris-toi des Cieux..."
Merci pour le partage Varden !
 

DeletedUser

Bonsoir Balb&cie :) joli ton dit, mici:cool:

INTERROGATION

Par: Anna Elisabeth de Brancovan

Monde, mon regard où l'âme se condense,
Attache sur vos cieux, azurés ou nocturnes,
Cette immense prière ailée et taciturne
A qui vous ne rendez jamais que le silence.

Qu'importe ! Ai-je besoin, pour goûter l'avenir,
Que le sublime chant des astres argentés
Me livre le secret des vastes vérités ?
Je sais que tout sera, que rien ne peut finir.

Et je sens que l'espace avec mansuétude
Accueille mon regard que l'étendue obsède.
O monde, dont jamais mon cœur n’a l’habitude,
C'est par l'étonnement que l’homme vous possède !
 

DeletedUser4977

Bonsoir ici, voici ma participation d'un auteur anonyme du vaste océan que représente internet :rolleyes:

Un Poème, des Mots, des Phrases.

Ce sont ces mots qui sortent de mon cœur,
Et que j'écris rien que pour toi,
Toi mon Amie à qui je pense sans savoir pourquoi.
Il y a des paroles, puis des pensées,
Des câlins et des fous rires dont on ne peut se passer,
On appelle cela une amitié qui se construit pour l’éternité.
Mais notre amitié a commencé il y a longtemps,
Dans le silence de la distance,
Notre amitié pour moi est toujours présente.
Puis viennent les coups de téléphone, les messages sur Internet,
Ne faisant qu'embellir notre amitié,
On se rapproche, on s'apprécie de plus en plus,
Une épaule sur laquelle on se repose et compter.
Nos cœurs se confient dans un espoir du lendemain,
De se comprendre avec nos problèmes ou nos joies,
Toujours là, l'un pour l'autre quand ça ne va pas,
Quand on a besoin de se parler ou se faire écouter.
Un Jour puis un autre et encore beaucoup d'autres,
Passer ensemble à nous soutenir l'un l'autre.
Une amitié pure qui dure sans jamais flétrir,
Une amitié qui est remplie de nos peines et nos joies,
Et qui nous procure aussi tant de bonheur.
Je me rappelle ces contacts sympas et ces PPS touchants,
Comme ces soirées passées ensemble à partager nos humeurs,
Alors pour toi mon amie à qui je pense,
Et qui est là pour moi quand j'en ai besoin,
Celle à qui je tiens et qui a une place dans mon cœur,
Une amitié si forte et que personne ne peut détruire,
Et qui restera a jamais gravée pour le restant de ma vie !
Voila mon amie ce que tu es pour moi,
L’amitié est une preuve de confiance,
Ou naissent nos belles confidences…


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DeletedUser

Bonchaaoir Lorwan, Balbecie, LaBelleDesBois, Free, La Renarde puis consœurs et confrères littéraires même sans le claplume a souris
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Comme une envoutante sonchatte de magiques miaoww miaoww semblent avoir encorchatlé mon fragile esprit d'elfe naguere, Puis plus encore puisqu'incontestablement toutes les évidences naturelles énoncent distinctement que "+@Sissycat est la plus cool et gentille des félins!!" Ce post d'aujourd'hui sera ronronnement de félin hypnopassionné par une incommensurable géante a neuf vies.

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Extrait d'une représentation du génial Sons of Sissy du chorégraphe, interprète et musicien Simon Mayer. Un autre regard sur la danse folklorique et sur ce qu’elle dit d’un rapport à un pays.

Simon Mayer ne peut pas renier ses origines, celui qui en 2009 participait à la création de Song de Anne Teresa de Keersmaeker a avalé des années de culture chorégraphique pour se poser la question du fondement : celui qui vient faire avancer un pas sur un rythme. Marcher pour commencer. Entrer en scène pour être exacts. Entrer en scène et venir en compagnie de Matteo Haitzmann, Patric Redl et Manuel Wagner faire quatuor : deux violons un accordéon et un violoncelle. Ils sont habillés assez ploucs, l’un d’entre eux, l’ange Matteo Haiztmann porte une vaste jupe traditionnelle.
Le mot clé ici est la déconstruction. Alors que l’on pense assister à un concert, le son des musiques tyroliennes vont se fragmenter, accéder au bruit juste des pas, devenir le rythme support à une danse faite de rondes, de pas de deux typique du schuhplattler. Les petits doigts s’accrochent pour que l’un fasse tourner l’autre, le souffle prends le dessus. La virilité s’empare de cette danse aux accents barbares qui a dégagé toute féminité.

Les peaux vont claquer, dénudées désormais. La violence fait son entrée, la folie s’empare du groupe. Comment pourrait-il en être autrement ? Une fois le costume tombé, le code éclaté, les structures populaires s’effondrent. Il est impossible de ne pas penser au spectacle Folk’s d’Alessandro Sciaronni qui, plus le temps passe, devient une pièce emblématique. Il s’agissait aussi ici d’utiliser la danse autrichienne dans une autre forme de jeux du cirque. Chez l’italien, la question était la mise à mort, alors qu’ici, l’allusion à la fonction reproductrice de ces danses se fait par une allégorie de cage aux lions. Ces mecs mignons au début deviennent des fauves. Leurs physiques différents ( brun, blond, barbu, chevelu) rend le panel encore plus réaliste.
Mayer s’amuse à exploser les codes avec un humour fou. La construction du spectacle est parfaite, signant un cercle parfait, un retour dépouillé au point de départ. Finalement, ce que veut dire le chorégraphe est peut être que les les enfants de l’impératrice ont grandi et se sont émancipés ?


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DeletedUser

De circonstance et de saison...

Le Cancre

Il dit non avec la tête
mais il dit oui avec le cœur
il dit oui à ce qu’il aime
il dit non au professeur
il est debout
on le questionne
et tous les problèmes sont posés
soudain le fou rire le prend
et il efface tout
les chiffres et les mots
les dates et les noms
les phrases et les pièges
et malgré les menaces du maître
sous les huées des enfants prodiges
avec les craies de toutes les couleurs
sur le tableau noir du malheur
il dessine le visage du bonheur.

Jacques Prévert
 

DeletedUser1568

Invictus


Dans la nuit qui me recouvre,
Noire comme l'enfer d'un pôle à l'autre,
Je remercie les dieux, quels qu'ils soient,
Pour mon âme indomptable.

Sous la prise cruelle des circonstances
Je n'ai ni grimacé ni crié tout haut.
Sous les coups de gourdin du hasard
Ma tête est ensanglantée, mais non baissée .

Au-delà de cet endroit de rage et de larmes
Seule se dessine l'Horreur de l'ombre,
Et pourtant la menace des années
Me trouve et me trouvera sans peur.

Peu importe à quel point la porte est étroite,
À quel point le rouleau est chargé de châtiments,
Je suis le maître de mon sort :
Je suis le capitaine de mon âme.

William Ernest Henley

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DeletedUser4977

Pour continuer sur les chats, voici un poème que je me rappelle avoir lu plus jeune, et appris par cœur parce que je l'ai trouvé amusant :D (ce n'était même pas pour l'école :eek: Bon après je reconnais qu'il n'est pas super long non plus).
Bonne lecture!


Quand le chat

Quand le chat
Met ses chaussettes,
C'est la fête
aux souricettes.

Quand le chat
Joue au cerceau,
C'est la fête
aux souriceaux.



Jean-Luc MOREAU
 

DeletedUser

Bonjour
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Je vous ai déjà dit que"@Sissycat est la plus cool et gentille des félins!!" ?
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''Pourquoi dit-on que les chats ont 9 vies ?

Il s’agit d’une très vieille croyance, d’une vieille légende qui nous vient des anciens Égyptiens, qui ont été parmi les premiers à domestiquer le chat, il y a environ 3000 ans.
Tout le monde sait qu’ils vénéraient les chats, et étaient épatés devant leur grande résistance : ils avaient aussi remarqué que les chats étaient capables de sortir vivants d’une chute d’une hauteur considérable.

Ils en vinrent à croire que le chat disposait de 9 vies car grâce à cette grande résistance, il échappait régulièrement à la mort.
Il est donc dit que le chat a 9 vies parce que le chat trouve toujours un moyen de survivre lorsqu’il est en danger.
Mais, pourquoi 9 vies ? Une légende prend sa source dans les anciennes croyances religieuses. On croyait que le 9 était un chiffre mystique. Parce qu’il est composé de trois, trois étant une trinité de trinité (groupe de 3 fois 3 dieux).

On pourrait aussi dire que le chiffre 9 était à la »mode ». On estimait qu’il portait bonheur ou alors qu’il avait un pouvoir surnaturel.
Le 9 est un chiffre qui fait partie des mythes et traditions de tous les pays du monde.
Le nombre de vies attribué au chat découlerait donc de croyances. Le 9 mythique symbolise aussi bien les neufs cieux que le chiffre sacré de la déesse lune. Les Égyptiens nommaient le chiffre 9 « la montagne du soleil archétype trinitaire : Osiris-Isis-Horus représentant : l’essence, la substance et la vie.'' ( tiré du site de l'école du chat libre du mirail)


"Entre ce que je pense, ce que je veux dire, ce que je crois dire, ce que je dis, ce que vous voulez entendre, ce que vous entendez, ce que vous croyez en comprendre, ce que vous voulez comprendre, et ce que vous comprenez, il y a au moins neuf possibilités de ne pas se comprendre entre humain.'' (Bernard Werber)

Mais j'ai envie d'essayer

''Le logicien : un autre syllogisme : «Tous les chats sont mortels. Socrate est mortel. Donc, Socrate est chat.»

Le vieux : Et il a quatre pattes. C’est vrai, mon matou s’appelle Socrate.

Le logicien : Alors, tu vois…

Le vieux : Donc, Socrate a été chat.

Le logicien : La logique vient nous relever cette réalité.''

(Eugène Ionesco – Rinocerii / Les rhinocéros)


Octobre ?
Un chaton chasse des rayons de soleil
Quelque part au fond un balancier plus discret...

(Alina Florica Stasiuc – Octombrie / Octobre)

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DeletedUser

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Avant que le désenchantement (qui ne saurait tarder :D) ne vienne atténuer la primauté absolue du fait que "+@Sissycat est la plus cool et gentille des félins!!"; un dernier hors d'oeuvre à saveur féline qui se laisse déguster avec les yeux.
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En une cinquantaine de pages le philosophe, critique littéraire et historien français Hippolyte Taine (1828-1893 ) s'immisce dans la peau d'un chat, né dans un tonneau et qui se considère supérieur aux autres especes. Une courte nouvelle empreinte d'humour et de cynisme offerte a ses lecteurs en guise d'amusement. Vie et opinions philosophiques d'un chat fut publié dans la seconde édition du Voyage aux Pyrénées,(185:cool:.
Texte souvent cité mais peu diffusé, il est un classique de la littérature sur les chats..

En voici un extrait:

'' Peu à peu l’esprit se dégage des préjugés dans lesquels on l’a nourri ; la lumière se fait ; il pense par lui-même : c’est ainsi que j’ai atteint la véritable explication des choses.

Nos premiers ancêtres (et les chats de gouttière ont gardé cette croyance) disaient que le ciel est un grenier extrêmement élevé, bien couvert, où le soleil ne fait jamais mal aux yeux. Dans ce grenier, disait ma tante, il y a un troupeau de rats si gras qu’ils marchent à peine, et plus on en mange, plus l en revient.

Mais il est évident que ceci est une opinion de pauvres hères, lesquels, n’ayant jamais mangé que du rat, n’imaginaient pas une meilleure cuisine. Puis les greniers sont couleur de bois ou gris, et le ciel est bleu, ce qui achève de les confondre.

A la vérité ils appuyaient leur opinion d’une remarque assez fine. "Il est visible, disaient-ils, que le ciel est un grenier à paille ou farine, car il en sort très souvent des nuages blonds, comme lorsque l'on vanne le blé, ou blancs, comme lorsque l'on saupoudre le pain dans la huche."

Mais je leur réponds que les nuages ne sont point formés par les écailles de grain ou par la poussière de farine ; car lorsqu’ils tombent, c’est de l’eau qu'on reçoit.

D’autres, plus policé, ont prétendu que la rôtissoire était Dieu, disant qu’elle est la source de toutes les bonnes choses, qu’elle tourne toujours, qu’elle va au feu sans se brûler, et qu’il suffit de la regarder pour tomber en extase.

A mon avis, ils n'ont erré ainsi que parce qu’ils la voyaient à travers la fenêtre, de loin, dans une fumée poétique, colorée, étincelante, aussi belle que le soleil du soir. Mais moi qui me suis assis près d’elle pendant des heures entières, je sais qu’on l’éponge, qu’on la raccommode, qu’on la torchonne, et j’ai perdu en acquérant l science les naïves illusions de l’estomac et du cœur.

Il faut ouvrir son esprit à des conceptions plus vaste, et raisonner par des voies plus certaines. La nature se ressemble partout à elle-même, et offre dans les petites choses l’image des grandes. De quoi sortent tous les animaux ? D’un œuf ; la terre est donc un très grand œuf cassé.

On s’en convaincra si on examine la forme et les limites de cette vallée qui est le monde visible. Elle est concave comme un œuf, et les bords aigus par lesquels elle rejoint le ciel sont dentelés, tranchants et blancs comme ceux d’une coquille cassée.

Le blanc et le jaune s’étant resserrés en grumeaux ont fait des blocs de pierre, ces maisons et toute la terre solide. Plusieurs parties sont restées molles, et font la couche que les hommes labourent ; le reste coule en eau, et forme les mares, les rivières ; chaque printemps il en coule un peu de nouvelle.

Quant au soleil, personne ne peut douter de son emploi : c’est un grand brandon rouge qu’on promène au-dessus de l’œuf pour le cuire doucement ; on a cassé l‘œuf exprès, pour qu’il s’imprègne mieux de la chaleur ; la cuisinière fait toujours ainsi. Le monde est un grand œuf brouillé.

Arrivé à ce degré de sagesse, je n’ai plus rien à demander à la nature, ni aux hommes, ni à personne, excepté peut-être quelques petits gueuletons à la rôtissoire. Je n’ai plus qu’à m’endormir dans ma sagesse ; car ma perfection est sublime, et nul chat pensant n’a pénétré dans le secret des choses aussi avant que moi.''

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DeletedUser

Bonjour :)

Une lecture amusante, extrait de ''Un certain Plume'' écrit en 1930 par Henri Michaux (Écrivain, poète et peintre d'origine Belge)

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PLUME AU RESTAURANT

Plume déjeunait au restaurant, quand le maître d’hôtel s’approcha, le regarda sévèrement et lui dit d’une voix basse et mystérieuse : « Ce que vous avez là dans votre assiette ne figure pas sur la carte. »Plume s’excusa aussitôt.- Voilà, dit-il, étant pressé, je n’ai pas pris la peine de consulter la carte. J’ai demandé à tout hasard une côtelette, pensant que peut-être il y en avait, ou que sinon on en trouverait aisément dans le voisinage, mais prêt à demander tout autre chose si les côtelettes faisaient défaut. Le garçon, sans se montrer particulièrement étonné, s’éloigna et me l’apporta peu après et voilà… Naturellement, je la paierai le prix qu’il faudra. C’est un beau morceau, je ne le nie pas. Je le paierai son prix sans hésiter. Si j’avais su, j’aurais volontiers choisi une autre viande ou simplement un œuf, de toute façon maintenant je n’ai plus très faim. Je vais vous régler immédiatement.Cependant, le maître d’hôtel ne bouge pas. Plume se trouva atrocement gêné. Après quelque temps relevant les yeux… hum ! c’est maintenant le chef de l’établissement qui se trouve devant lui.Plume s’excusa aussitôt.- J’ignorais, dit-il, que les côtelettes ne figurent pas sur la carte. Je ne l’ai pas regardée, parce que j’ai la vue fort basse, et que je n’avais pas mon pince-nez sur moi, et puis, lire me fait toujours un mal atroce. J’ai demandé la première chose qui m’est venue à l’esprit, et plutôt pour amorcer d’autres propositions que par goût personnel. Le garçon sans doute préoccupé n’a pas cherché plus loin, il m’a apporté ça, et moi-même d’ailleurs tout à fait distrait je me suis mis à manger,enfin… je vais vous payer à vous-même puisque vous êtes là.Cependant, le chef de l’établissement ne bouge pas. Plume se sent de plus en plus gêné. Comme il lui tend un billet, il voit tout à coup la manche d’un uniforme ; c’était un agent de police qui était devant lui.Plume s’excusa aussitôt.-Voilà, il était entré là pour se reposer un peu. Tout à coup, on lui crie à brûle-pourpoint : « Et pour Monsieur ? Ce sera… » - « Oh… un bock », dit-il. « Et après ?... » cria le garçon fâché ; alors plutôt pour s’en débarrasser que pour autre chose : « Eh bien, une côtelette ! »Il n’y songeait déjà plus, quand on la lui apporta dans une assiette ; alors, ma foi, comme c’était là devant lui…- Écoutez, si vous vouliez essayer d’arranger cette affaire, vous seriez bien gentil. Voici pour vous.Et il lui tend un billet de cent francs. Ayant entendu des pas s’éloigner, il se croyait déjà libre. Mais c’est maintenant le commissaire de police qui se trouve devant lui. Plume s’excusa aussitôt.
Il avait pris un rendez-vous avec un ami. Il l’avait vainement cherché toute la matinée. Alors comme il savait que son ami en revenant du bureau passait par cette rue, il était entré ici, avait pris une table près de la fenêtre et comme d’autre part l’attente pouvait être longue et qu’il ne voulait pas avoir l’air de reculer devant la dépense, il avait commandé une côtelette ; pour avoir quelque chose devant lui. Pas un instant il ne songeait à consommer. Mais l’ayant devant lui, machinalement,sans se rendre compte le moins du monde de ce qu’il faisait, il s’était mis à manger.Il faut savoir que pour rien au monde il n’irait pas au restaurant. Il ne déjeune que chez lui. C’est un principe. Il s’agit ici d‘une pure distraction, comme il peut en arriver à tout homme énervé, une inconscience passagère ; rien d’autre.Mais le commissaire, ayant appelé au téléphone le chef de la sûreté : « Allons, dit-il à Plume en lui tendant l’appareil. Expliquez-vous une bonne fois. C’est votre chance de salut. » Et un agent le poussant brutalement lui dit : « Il s’agira maintenant de marcher droit, hein ? » Et comme les pompiers faisaient leur entrée dans le restaurant, le chef de l’établissement lui dit : « Voyez quelle perte pour mon établissement. Une vraie catastrophe ! » Et il montrait la salle que tous les consommateurs avaient quittée en hâte.Ceux de la Secrète lui disaient : « Ça va chauffer, nous vous prévenons. Il vaudra mieux confesser toute la vérité. Ce n’est pas notre première affaire, croyez-nous. Quand ça commence à prendre cette tournure, c’est qu’est grave. »Cependant, un grand rustre d’agent par-dessus son épaule lui disait :« Écoutez, je n’y peux rien. C’est l’ordre. Si vous ne parlez pas dans l’appareil, je cogne. C’est entendu ? Avouez ! Vous êtes prévenu. Si je ne vous entends pas, je cogne. »

PLUME VOYAGE
Plume ne peut pas dire qu’on ait excessivement d’égards pour lui en voyage.Les uns lui passent dessus sans crier gare, les autres s’essuient tranquillement les mains à son veston. Il a fini par s’habituer. Il aime mieux voyager avec modestie.Tant que ce sera possible, il le fera.Si on lui sert, hargneux, une racine dans son assiette, une grosse racine :« Allons, mangez. Qu’est-ce que vous attendez ? »« Oh, bien, tout de suite, voilà. » Il ne veut pas s’attirer des histoires inutilement.Et si la nuit, on lui refuse un lit : « Quoi ! Vous n’êtes pas venu de si loin pour dormir, non ? Allons, prenez votre malle et vos affaires, c’est le moment de la journée où l’on marche le plus facilement. »« Bien, bien, oui… certainement. C’était pour rire, naturellement. Oh oui, par… plaisanterie. » Et il repart dans la nuit obscure.Et si on le jette hors du train : « Ah ! alors vous pensez qu’on a chauffé depuis trois heures cette locomotive et attelé huit voitures pour transporter un jeune homme de votre âge, en parfaite santé, qui peut parfaitement être utile ici, qui n’a nul besoin de s’en aller là-bas, et que c’est pour ça qu’on aurait creusé les tunnels,fait sauter des tonnes de rochers à la dynamite et posé des centaines de kilomètres de rails par tous le temps, sans compter qu’il faut encore surveiller la ligne continuellement par crainte des sabotages, et tout cela pour… » « Bien, bien. Je comprends parfaitement. J’étais monté, oh, pour jeter un coup d’œil ! Maintenant, c’est tout. Simple curiosité, n’est-ce pas. Et merci mille fois. » Et il s’en retourne sur les chemins avec ses bagages. Et si, à Rome, il demande à voir le Colisée : « Ah ! Non. Écoutez, il est déjà assez mal arrangé. Et puis après Monsieur voudra le toucher, s’appuyer dessus, ou s’y asseoir… c’est comme ça qu’il ne reste que des ruines partout. Ce fut une leçon, mais, à l’avenir, non, c’est fini, n’est-ce pas. » « Bien ! Bien ! C’était… Je voudrais seulement vous demander une carte postale, une photo, peut-être… si des fois… » Et il quitte la ville sans avoir rien vu.Et si sur le paquebot, tout à coup le Commissaire du bord le désigne du doigtet dit : « Qu’est-ce qu’il fait ici, celui-là ? Allons, on manque bien de discipline là,en bas, il me semble. Qu’on aille vite me le redescendre dans la soute. Le deuxième quart vient de sonner. » Et il repart en sifflotant, et Plume, lui, s’éreinte pendant toute la traversée.Mais il me dit rien, il ne se plaint pas. Il songe aux malheureux qui ne peuvent pas voyager de tout, tandis que lui, il voyage, il voyage continuellement.

DANS LES APPARTEMENTS DE LA REINE

Comme Plume arrivait au palais, avec ses lettres de créance, la Reine lui dit :-Voilà. Le Roi en ce moment-là est fort occupé. Vous le verrez plus tard. Nous irons le chercher ensemble si vous voulez bien, vers cinq heures. Sa Majesté aime beaucoup les Danois, Sa Majesté vous recevra bien volontiers, vous pourriez peut-être un peu vous promener avec moi en attendant.Comme le palais est très grand, j’ai toujours peur de m’y perdre et de me trouver tout à coup devant les cuisines, alors, vous comprenez, pour une Reine, ce serait tellement ridicule. Nous allons aller par ici. Je connais bien le chemin. Voici ma chambre à coucher.Et ils entrent dans la chambre à coucher.- Comme nous avons deux bonnes heures devant nous, vous pourriez peut-être me faire un peu la lecture, mais ici je n’ai pas grand-chose d’intéressant. Peut-être jouez-vous aux cartes. Mais je vous avouerai que moi je perds tout de suite.De toute façon ne restez pas debout, c’est fatigant ; assis on s’ennuie bientôt,alors on pourrait peut-être s’étendre sur ce divan.Mais elle se relève bientôt.- Dans cette chambre il règne toujours une chaleur insupportable. Si vous m’aider à me déshabiller, vous me feriez plaisir. Après on pourra parler comme il faut. Je voudrais tant savoir quelques renseignements sur le Danemark. Cette robe,du reste, s’enlève si facilement, je me demande comment je reste habillée toute la journée. Cette robe s’enlève sans qu’on s’en rende compte. Voyez, je lève les bras,et maintenant un enfant la tirerait à lui. Naturellement, je ne laisserais pas faire. Je les aime beaucoup, mais on jase tellement dans un palais, et puis les enfants ça égare tout. Et Plume la déshabille.- Mais vous, écoutez, ne restez pas comme ça. Se tenir tout habillé dans une chambre, ça fait très guindé, et puis je ne peux vous voir ainsi, il me semble que vous allez sortir et me laisser seule dans ce palais qui est tellement vaste.Et Plume se déshabille. Ensuite, il se couche en chemise.- Il n’est encore que trois heures et quart, dit-elle. En savez-vous vraiment autant sur le Danemark que vous puissiez m’en parler pendant une heure trois quarts ? Je ne serai pas si exigeante. Je comprends que cela serait très difficile. Je vous accorde encore quelque temps pour la réflexion. Et, tenez, en attendant,comme vous êtes ici, je vais vous montrer quelque chose qui m’intrigue beaucoup.Je serais curieuse de savoir ce qu’un Danois en pensera.J’ai ici, voyez, sous le sein droit, trois petits signes. Non pas trois, deux petits et un grand. Voyez le grand, il a presque l’air de… Cela est bizarre en vérité,n’est-ce pas, et voyez le sein gauche, rien ! tout blanc !Écoutez, dites-moi quelque chose, mais examinez bien, d’abord, bien à votre aise…Et voilà Plume qui examine. Il touche, il tâte avec des doigts peu sûrs, et la recherche des réalités le fait trembler, et ils font et refont leur trajet incurvé.Et Plume réfléchit.
Vous vous demandez, je vois, dit la Reine après quelques instants (je vois maintenant que vous vous y connaissez). Vous voudriez savoir si je n’en ai pas un autre. Non, dit-elle, et elle devient toute confuse, toute rouge.Et maintenant parlez-moi du Danemark, mais tenez-vous tout contre moi, pour que je vous écoute plus attentivement.Plume s’avance ; il se couche près d’elle et il ne pourra plus rien dissimuler maintenant.Et, en effet :- Écoutez, dit-elle, je vous croyais plus de respect pour la Reine, mais enfin puisque vous en êtes là, je ne voudrais pas que
cela nous empêche dans la suite de nous entretenir du Danemark.
Et la Reine l’attire à elle.- Et caressez-moi surtout les jambes, disait-elle, sinon je risque tout de suite d’être distraite, et je ne sais plus pourquoi je me suis couchée…
C’est alors que le Roi entra ……………………………………………………………………………………Aventures terribles, quels que soient vos trames et vos débuts, aventures douloureuses et guidées par un ennemi implacable.



PLUME AU PLAFOND
Dans un stupide moment de distraction, Plume marcha les pieds au plafond, au lieu de les garder à terre. Hélas, quand il s’en est aperçu, il était trop tard. Déjà paralysé par le sang aussitôt amassé, entassé dans sa tête, comme le fer dans un marteau, il ne savait plus quoi. Il était perdu. Avec épouvante, il voyait le lointain plancher, le fauteuil autrefois si accueillant, la pièce entière, étonnant abîme. Comme il aurait voulu être dans une cuve pleine d’eau, dans un piège à loups, dans un coffre, dans un chauffe-bain en cuivre, plutôt que là, seul, sur ce plafond ridiculement désert et sans ressources d’où redescendre eût été, autant dire,se tuer.
Malheur ! Malheur toujours attaché au même… tandis que tant d’autres dans le monde entier continuaient à marcher tranquillement à terre, qui sûrement ne valaient pas beaucoup plus cher que lui. Si encore il avait pu entrer dans le plafond, y terminer en paix, quoique rapidement, sa triste vie… Mais les plafonds sont durs, et ne peuvent que vous« renvoyer », c’est le mot. Pas de choix dans le malheur, on vous offre ce qui reste. Comme désespérément, il s’obstinait, taupe de plafond, une délégation du Bren Club partie à sa recherche, le trouva en levant la tête. On le descendit alors, sans mot dire, par le moyen d’une échelle dressée. On était gêné. On s’excusait auprès de lui. On accusait à tout hasard un organisateur absent. On flattait l’orgueil de Plume qui n’avait pas perdu courage,alors que tant d’autres, démoralisés, se fussent jetés dans le vide, et se fussent cassé bras et jambes et, davantage, car les plafonds dans ce pays sont hauts, datant presque tous de l’époque de la conquête espagnole. Plume, sans répondre, se brossait les manches avec embarras.

PLUME ET LES CULS-DE-JATTE

… Il y avait un homme en face de Plume, et dès qu’il cessait de le regarder, le visage de cet homme se défaisait, se décomposait en grimaçant, et sa mâchoire tombait sans force.Ah! Ah ! pensait Plume. Ah! Ah ! Comme elle est encore tendre ici la création ! Mais quelle responsabilité pour chacun de nous ! Il faudra que j’aille dans un pays où les visages soient plus définitivement fixés, où l’on puisse fixer et détacher ses regards sans catastrophe. Je me demande même comment les gens d’ici peuvent vivre ; surement j’y contracterais bientôt une maladie de cœur. Et il se jeta dans une chaise à porteurs. Il arriva à une réunion de culs-de-jatte qui se tenait dans un arbre. Continuellement, il fallait aider de nouveaux culs-de-jatte à monter dans l’arbre, qui en était déjà tout noir. Ça leur fait tellement plaisir ! Ils contemplent le ciel à travers les branches, ils ne sentent plus le poids de la terre. C’est la grande réconciliation.Mais Plume, des culs-de-jatte plein les bras, se plaignait intérieurement. Non, il n’est pas travailleur. Il ne sent pas le besoin ardent du travail.« Pour la tombe de votre père, achetez un petit chien. » Ils insistent,lugubres, comme des infirmes.Fatigue ! Fatigue ! on ne nous lâchera donc jamais ?

Henri Michaux, Plume, Editions Gallimard, 1930
 
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