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Et nos textes, passages, poèmes préférés ?

DeletedUser12178

pour faire découvrir @damagework s'il ne connais pas......./

Médieuses — Paul Éluard _ 1939

I
Elle va s’éveiller d’un rêve noir et bleu
Elle va se lever de la nuit grise et mauve
Sa jambe est lisse et son pied nu
L’audace fait son premier pas

Au son d’un chant prémédité
Tout son corps passe en reflets en éclats
Son corps pavé de pluie armé de parfums tendres
Démêle le fuseau matinal de sa vie.

II
Près de l’aigrette du grand pont
L’orgueil au large
J’attends tout ce que j’ai connu
Comblée d’espace scintillant
Ma mémoire est immense.

La bonté danse sur mes lévres
Des haillons tièdes m’illuminent
Une route part de mon front

Proche et lointaine
La mer bondit et me salue
Elle a la forme d’une grappe
D’un plaisir mûr

J’aimais hier et j’aime encore
Je ne me dérobe à rien
Mon passé m’est fidèle
Le temps court dans mes veines.

III
Sous des poutres usées sous des plafonds stériles
Dans une vaste chambre petitement garnie
Les genoux ligotés confèrent qualité
À la ligne droite misérable

Ses cheveux pris au piège d’un miroir brisé
C’est sur la mousse de son front que l’eau roucoule
La dérive évasive d’un sourire entraîne
Sa dernière illusion vers un ciel disparu.

IV
Dans les parages de son lit rampe la terre
Et les bêtes de la terre et les hommes de la terre
Dans les parages de son lit
Il n’y a que champs de blé
Vignes et champs de pensées

La route est tracée sans outils
Les mains les yeux mènent au lit
À l’ardent secret révélé
Aux ombres taillées en songe

Délié des doigts de l’air l’élan
Le vase d’or d’un baiser

La gorge lourde et lente
Par mille gerbes balancée
Arrive aux fêtes de ses fleurs

Elle donne soif et faim

Son corps est un amoureux nu
Il s’échappe de ses yeux
Et la lumière noue la nuit la chair la terre
La lumière sans fond d’un corps abandonné
Et de deux yeux qui se répètent.

V
Mes sœurs prennent dans leurs toiles
Les cris et les plaintes des chiens
Moi je préfère me nourrir
De l’espoir d’une ardeur sans fin
Oranger noir armure blonde
Grisante abeille rire en course
Rire invisiblement masqué
Écorce d’aube aile étourdie
Nichée de feuilles débauchées
Jeune poison liane montagne
Sueur de nage fumée froide
Pas de géant danse battante
Front éternel paume parfaite
Puits en plein air essieu de vent
Monument vague flamant fou
Jeu sans perdant santé sans trous
Torche brûlant dans l’eau tour mixte
Martyr radieux aux angles vifs
Œil clair à travers honte et brume
Première neige réjouissante
Mérite de la solitude
Exil aux sources de la force.

VI
Où es-tu me vois-tu m’entends-tu
Me reconnaîtras-tu
Moi la plus belle moi la seule
Je tiens le flot de la rivière comme un violon
Je laisse passer les jours
Je laisse passer les bateaux les nuages
L’ennui est mort près de moi
Je tiens tous les échos d’enfance mes trésors
Avec des rires dans mon cou

Mon paysage est un bien grand bonheur
Et mon visage un limpide univers
Ailleurs on pleure des larmes noires
On va de caverne en caverne
Ici on ne peut pas se perdre
Et mon visage est dans l’eau pure je le vois
Chanter un seul arbre
Adoucir des cailloux
Refléter l’horizon
Je m’appuie contre l’arbre
Couche sur les cailloux
Sur l’eau j’applaudis le soleil la pluie
Et le vent sérieux

Où es-tu me vois-tu m’entends-tu
Je suis la créature de derrière le rideau
De derrière le premier rideau venu
Maîtresse des verdures malgré tout
Et des plantes de rien
Maîtresse de l’eau maîtresse de l’air
Je domine ma solitude
Où es-tu
À force de rêver de moi le long des murs
Tu me vois tu m’entends
Et tu voudrais changer mon cœur
M’arracher au sein de mes yeux

J’ai le pouvoir d’exister sans destin
Entre givre et rosée entre oubli et présence

Fraîcheur chaleur je n’en ai pas souci
Je ferai s’éloigner à travers tes désirs
L’image de moi-même que tu m’offres
Mon visage n’a qu’une étoile

Il faut céder m’aimer en vain
Je suis éclipse rêve de nuit
Oublie mes rideaux de cristal

Je reste dans mes propres feuilles
Je reste mon propre miroir
Je mêle la neige et le feu
Mes cailloux ont ma douceur
Ma saison est éternelle.

VII
Et par la grâce de ta lèvre arme la mienne.
 

DeletedUser

Amoureux au clair de lune.

Quand la Lune blanche émerge,
Totalement nue,
Tu t'agrippes et t'épingles,
Une poignée de bourgeons.

Tu deviens moi,
Je deviens toi.

Amour en peluche
Au clair de lune

Nous descendons vers la mer ondulante
Embrasser une adorable colombe.

Nous remontons le courant,
Chevauchant le dos d'argent
D'un poisson des abysses.
Frayant dans la brise,
Nous voyageons sur le courant,
Main dans la main.

Kim Yang-Shik.

Extrait de India
 

DeletedUser

Bonsoir :)
juste avant aller dodo

Les Espaces du sommeil
Robert DESNOS
Recueil : "À la mystérieuse"
Dans la nuit il y a naturellement les sept merveilles
du monde et la grandeur et le tragique et le charme.
Les forêts s’y heurtent confusément avec des créatures de légende
cachées dans les fourrés.
Il y a toiiii.
Dans la nuit il y a le pas du promeneur et celui de l’assassin
et celui du sergent de ville et la lumière du réverbère
et celle de la lanterne du chiffonnier.
Il y a toiiii.
Dans la nuit passent les trains et les bateaux et le mirage des pays
où il fait jour. Les derniers souffles du crépuscule
et les premiers frissons de l’aube.
Il y a toiiii.
Un air de piano, un éclat de voix.
Une porte claque. Un horloge.
Et pas seulement les êtres et les choses et les bruits matériels.
Mais encore moi qui me poursuis ou sans cesse me dépasse.
Il y a toiiii l’immolée, toiiii que j’attends.
Parfois d’étranges figures naissent à l’instant du sommeil et disparaissent.
Quand je ferme les yeux, des floraisons phosphorescentes apparaissent
et se fanent et renaissent comme des feux d’artifice charnus.
Des pays inconnus que je parcours en compagnie de créatures.
Il y a toiiii sans doute, ô belle et discrète espionne.
Et l’âme palpable de l’étendue.
Et les parfums du ciel et des étoiles et le chant du coq d’il y a 2 000 ans
et le cri du paon dans des parcs en flamme et des baisers.
Des mains qui se serrent sinistrement dans une lumière blafarde
et des essieux qui grincent sur des routes médusantes.
Il y a toi sans doute que je ne connais pas, que je connais au contraire.
Mais qui, présente dans mes rêves, t’obstines à s’y laisser deviner sans y paraître.
Toiiii qui restes insaisissable dans la réalité et dans le rêve.
Toiiii qui m’appartiens de par ma volonté de te posséder en illusion
mais qui n’approches ton visage du mien que mes yeux clos
aussi bien au rêve qu’à la réalité.
Toiiii qu’en dépit d’un rhétorique facile où le flot meurt sur les plages,
où la corneille vole dans des usines en ruines,
où le bois pourrit en craquant sous un soleil de plomb,
Toiiiii qui es à la base de mes rêves et qui secoues mon esprit plein de métamorphoses
et qui me laisses ton gant quand je baise ta main.
Dans la nuit, il y a les étoiles et le mouvement ténébreux de la mer,
des fleuves, des forêts, des villes, des herbes,
des poumons de millions et millions d’êtres.
Dans la nuit il y a les merveilles du mondes.
Dans la nuit il n’y a pas d’anges gardiens mais il y a le sommeil.
Dans la nuit il y a Toiiiii.
Dans le jour aussi.



 

AliasMelusine

Disciple des gobelins
Bonjour par ici :)

...Je n'aimais pas trop les maths et les équations, mais cette équation là, j'aime bien :rolleyes:


La preuve par trois
- Zazie -


Si je reprends tout depuis le début
pour résoudre le problème
de cette équation à 2 inconnus
Suffit de savoir qu'ils s'aiment

Si j'ajoute à ça que le point G
se trouve à l'intersection
de 2 corps en position allongée
Tu auras la solution

C'est la somme de toi et moi
qui donne le résultat
C'est de nous 2 la preuve par 3
qu'on sème et qu'on s'aimera

Qui peut dire si c'est X ou Y
et si tu voudras le garder
Toi qui m'aimes sans,
m'aimeras-tu avec
cette valeur ajoutée

Fais la somme de toi et moi
et donne-moi le résultat
Fais de nous 2 la preuve par 3
qu'on sème et qu'on s'aimera
encore

C'est la somme de toi et moi
qui donne le résultat
C'est de nous 2 la preuve par 3
de l'enfant que j'attends de toi
C'est de nous 2 la preuve par 3
qu'on s'aime et qu'on s'aimera
encore
encore
encore
plus fort.


 

DeletedUser12178

Un petit texte que j'affectionne bcp

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Dans une région reculée, au pied d'un majestueux peuplier,
quelques fougères excellent dans leurs photosynthèses.
Caché sous ces verdures, un caillou grisâtre de la grosseur d'un jeune hérisson.
Partiellement dissimulée dans une terre sablonneuse,
une vulgaire pierre demeure indifférente au temps.
Nourrit par le vent ambiant, ses convives végétales exhibent a la foret une danse gracieuse alors que ce minéral mord dans l’immobilité.
Patiemment, l'humidité tente de faire pénétrer son aspect liquide au travers cette dureté.
Parfois, a l'aube, l'astre du jour étend quelques uns de ses rayons sur ce gris, qui alors semble vouloir s'enorgueillir d'une beauté inexistante.
Cependant, sur ce qui parait représenter une anomalie de la splendeur estivale,
repose discrètement un lit soyeux de lichen
dans lequel les fourmis puisent très souvent leur nourriture.
Puis ces habitantes du sous-sol serviront a leurs tours de repas exquis a grand nombre de créatures intégrées a la fierté divine.
D'une roche d'apparence insignifiante
jaillit la noblesse d'une grande femme:
Dame Nature

goddes10.jpg

(texte:N.J- 30/05/93)
 

DeletedUser12178

Marceline DESBORDES-VALMORE (1786-1859)

Le réveil
Sur ce lit de roseaux puis-je dormir encore ?
Je sens l'air embaumé courir autour de toi ;
Ta bouche est une fleur dont le parfum dévore :
Approche, ô mon trésor, et ne brûle que moi.
Éveille, éveille-toi !

Mais ce souffle d'amour, ce baiser que j'envie,
Sur tes lèvres encor je n'ose le ravir ;
Accordé par ton coeur, il doublera ma vie.
Ton sommeil se prolonge, et tu me fais mourir :
Je n'ose le ravir.

Viens, sous les bananiers nous trouverons l'ombrage.
Les oiseaux vont chanter en voyant notre amour.
Le soleil est jaloux, il est sous un nuage,
Et c'est dans tes yeux seuls que je cherche le jour :
Viens éclairer l'amour.

Non, non, tu ne dors plus, tu partages ma flamme ;
Tes baisers sont le miel que nous donnent les fleurs.
Ton coeur a soupiré, viens-tu chercher mon âme ?
Elle erre sur ma bouche et veut sécher tes pleurs.
Cache-moi sous des fleurs.
 

AliasMelusine

Disciple des gobelins
Tombé du Ciel
Jacques Higelin (18/10/1940 - 06/04/201:cool:

Tombé du ciel à travers les nuages
Quel heureux présage pour un aiguilleur du ciel
Tombé du lit fauché en plein rêve
Frappé par le glaive de la sonnerie du réveil
Tombé dans l'oreille d'un sourd
Qui venait de tomber en amour la veille
D'une hôtesse de l'air fidèle
Tombée du haut d'la passerelle
Dans les bras d'un bagagiste un peu volage
Ancien tueur à gages
Comment peut-on tomber plus mal ?

Tombé du ciel rebel aux louanges
Chassé par les anges du paradis originel
Tombé d'sommeil perdu connaissance
Retombé en enfance au pied du grand sapin de Noël
Voilé de mystère sous mon regard ébloui
Par la naissance d'une étoile dans le désert
Tombé comme un météore dans les poches de Balthazar
Gaspard ou Melchior les trois fameux rois mages
Trafiquants d'import export

Tombés d'en haut comme les petites gouttes d'eau
Que j'entends tomber dehors par la f'nêtre
Quand je m'endors le coeur en fête
Poseur de girouettes
Du haut du clocher donne à ma voix
La direction par où le vent fredonne ma chanson

Tombé sur un jour de chance
Tombé à la fleur de l'âge dans l'oubli

C'est fou c'qu'on peut voir tomber
Quand on traîne sur le pavé les yeux en l'air
La semelle battant la poussière
On voit tomber des balcons
Des mégots, des pots d'fleurs
Des chanteurs de charme
Des jeunes filles en larmes
Et des alpinistes amateurs

Tombés d'en haut comme les petites gouttes d'eau
Que j'entends tomber dehors par la f'nêtre
Quand je m'endors le cœur en fête
Poseur de girouettes
Du haut du clocher donne à ma voix
La direction par où le vent fredonne ma chanson

Tombé sur un jour de chance
Tombé par inadvertance amoureux
Tombé à terre pour la fille qu'on aime
Se relever indemne et retomber amoureux
Tombé sur toi, tombé en pâmoison
Avalé la ciguë goûté le poison qui tue

L'amour, l'amour encore et toujours

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DeletedUser12178

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La baigneuse

Le temps chauffe, ardent, radieux ;
Le sol brûle comme une tôle
Dans un four. Nul oiseau ne piaule,
Tout l'air vibre silencieux...
Si bien que la bergère a confié son rôle
A son chien noir aussi bon qu'il est vieux.

Posant son tricot et sa gaule,
Elle ôte, à mouvements frileux,
Robe, chemise, et longs bas bleus :
Sa nudité sort de sa geôle.
Tout d'abord, devant l'onde aux chatoiements vitreux
Elle garde un maintien peureux,
Mais enfin, la chaleur l'enjôle,
Elle fait un pas et puis deux...
Mais si l'endroit est hasardeux ?
Si l'eau verte que son pied frôle
Allait soudainement lui dépasser l'épaule ?
Mieux vaut se rhabiller ! mais avant, sous un saule,
D'un air confus et curieux,
Elle se regarde à pleins yeux
Dans ce miroir mouvant et drôle.

Maurice ROLLINAT (1846-1903)
 

DeletedUser

Bonsoir bonjour selon...
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Un texte qui demeure authentique jusqu'au delà de la musicalité qui lui donne corps


«Une Sorte D'eglise»
(Daran)

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Je voulais pour nous deux bien mieux qu'une croyance
Alors je t'ai trouvé une sorte d'église
Dont les murs ne sont pas couverts de faïence, ni de marbre
Les vitraux je les brise, les piliers sont des arbres

L'autel est un rocher tapissé de lichen
On n'y parle ni pardon ni péché
On n'y fait pas commerce de douleur et de peine
On n'y adore ni Dieu ni Diable
Mais la beauté des corps
Est le sort qui a mis ton amour dans mes veines

Je nous veux sans frontière, sans limite, et sans loi
Je veux te respirer, te vivre, et vivre en toi
Et croire qu'avant nous, tout ça n'existait pas

Nous deux nous méritons bien plus haut qu'une voûte
Alors je t'ai trouvé une plaine sans routes
Sans autres limites que les points cardinaux
Et sans traces que celles de nos chevaux qui absorbent l'espace

Au sommet d'une colline, j'allume une flamme
Pour qu'on sache qu'un homme et une femme
Fêteront sous la lune la nuit de l'origine
Un sacrifice au bonheur de leurs âmes
Au futur de leurs fils
Ici les dieux s'adorent sans aucun artifice

Je nous veux sans frontière, sans limite, et sans loi
Je veux te respirer, te vivre, et vivre en toi
Et croire qu'avant nous, tout ça n'existait pas
Et croire qu'avant nous, tout ça n'existait pas

Et croire qu'avant nous, tout ça n'existait pas
Et croire qu'avant nous, tout ça n'existait pas..x*x


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DeletedUser12178

Je sais...

Je sais qu'une aube accompagne un matin
Qu'un jour passé devient vite un chagrin.
Je sais qu'un silence étonne le mot
Qu'un écrit s'efface dans les journaux.

Je sais qu'un cœur s'ouvre en rose carmin
Qu'un sentiment s'échappe d'une main.
Je sais qu'un mur agonise et s'effondre
Qu'un ami n'est plus là pour me répondre.

Je sais qu'un soir apaise les tensions
Qu'un simple regard tourné vers les cieux
Engendre l'illusion d'une passion.

Je sais qu'une nuit retient la douleur
Qu'un souvenir en songe merveilleux
Engendre l'étincelle du bonheur.

Pierre-Michel LAQUIEVRE
 

kyhd

Graine divine
Ariettes oubliées III

Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon cœur ?

Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un cœur qui s’ennuie
Ô le chant de la pluie !

Il pleure sans raison
Dans ce cœur qui s’écœure.
Quoi ! nulle trahison ? ...
Ce deuil est sans raison.

C’est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon cœur a tant de peine !


Ariettes oubliées VIII

Dans l’interminable
Ennui de la plaine
La neige incertaine
Luit comme du sable.

Le ciel est de cuivre
Sans lueur aucune.
On croirait voir vivre
Et mourir la lune.

Comme des nuées
Flottent gris les chênes
Des forêts prochaines
Parmi les buées.

Le ciel est de cuivre
Sans lueur aucune.
On croirait voir vivre
Et mourir la lune.

Corneille poussive
Et vous, les loups maigres,
Par ces bises aigres
Quoi donc vous arrive ?

Dans l’interminable
Ennui de la plaine
La neige incertaine
Luit comme du sable.


Colombine

Léandre le sot,
Pierrot qui d’un saut
De puce
Franchit le buisson,
Cassandre sous son
Capuce,

Arlequin aussi,
Cet aigrefin si
Fantasque
Aux costumes fous,
Ses yeux luisants sous
Son masque,

- Do, mi, sol, mi, fa, -
Tout ce monde va,
Rit, chante
Et danse devant
Une belle enfant
Méchante

Dont les yeux pervers
Comme les yeux verts
Des chattes
Gardent ses appas
Et disent : « À bas
Les pattes ! »

- Eux ils vont toujours ! -
Fatidique cours
Des astres,
Oh ! dis-moi vers quels
Mornes ou cruels
Désastres

L’implacable enfant,
Preste et relevant
Ses jupes,
La rose au chapeau,
Conduit son troupeau
De dupes ?

Paul Verlaine
 

DeletedUser1740

Je me laisse tenter, je trouve cela très partageur et agréable :)


Nourrissez-vous des œuvres des poètes,
Vous qui vivez de parfums et de chants ;
Aimez, aimez, heureux de vos penchants,
L'odeur des lis, la voix des alouettes ;

Et reposez vos ailes inquiètes,
Lasses du monde, où sont tant de méchants,
Beaux papillons, sur les boutons des champs,
Loin des cités bruyantes mais muettes.

Tout, hors le cœur, n'est que stérilité :
Ce qu'un esprit, ce qu'un siècle proclame,
Un autre siècle, un autre esprit le blâme ;

Le sentiment a seul la fixité ;
Et l'idéal et les rêves de l'âme
Sont bien plus vrais que la réalité.


Évariste Boulay-Paty
 

DeletedUser

@damagework Nous dormirons ensemble

Que ce soit dimanche ou lundi
Soir ou matin minuit midi
Dans l'enfer ou le paradis
Les amours aux amours ressemblent
C'était hier que je t'ai dit
Nous dormirons ensemble

C'était hier et c'est demain
Je n'ai plus que toi de chemin
J'ai mis mon cœur entre tes mains
Avec le tien comme il va l'amble
Tout ce qu'il a de temps humain
Nous dormirons ensemble

Mon amour ce qui fut sera
Le ciel est sur nous comme un drap
J'ai refermé sur toi mes bras
Et tant je t'aime que j'en tremble
Aussi longtemps que tu voudras
Nous dormirons ensemble.

Louis Aragon.
 

DeletedUser1740

Pour ceux qui on l'âme de comprendre se genre de poème. Mon personnage si retrouve bien :);)

Les Feuilles d'automne, Victor Hugo

Ce poème est extrait de "Soleils couchants", VI.

Le soleil s'est couché ce soir dans les nuées ;
Demain viendra l'orage, et le soir, et la nuit ;
Puis l'aube, et ses clartés de vapeurs obstruées ;
Puis les nuits, puis les jours, pas du temps qui s'enfuit !

Tous ces jours passeront ; ils passeront en foule
Sur la face des mers, sur la face des monts,
Sur les fleuves d'argent, sur les forêts où roule
Comme un hymne confus des morts que nous aimons.

Et la face des eaux, et le front des montagnes,
Ridés et non vieillis, et les bois toujours verts
S'iront rajeunissant ; le fleuve des campagnes
Prendra sans cesse aux monts le flot qu'il donne aux mers.

Mais moi, sous chaque jour courbant plus bas ma tête,
Je passe, et, refroidi sous ce soleil joyeux,
Je m'en irai bientôt, au milieu de la fête,
Sans que rien manque au monde, immense et radieux !
 

DeletedUser12178

A qui la faute ? _ Victor HUGO (1802-1885)

A qui la faute ?

Tu viens d'incendier la Bibliothèque ?
- Oui.
J'ai mis le feu là.

- Mais c'est un crime inouï !
Crime commis par toi contre toi-même, infâme !
Mais tu viens de tuer le rayon de ton âme !
C'est ton propre flambeau que tu viens de souffler !
Ce que ta rage impie et folle ose brûler,
C'est ton bien, ton trésor, ta dot, ton héritage
Le livre, hostile au maître, est à ton avantage.
Le livre a toujours pris fait et cause pour toi.
Une bibliothèque est un acte de foi
Des générations ténébreuses encore
Qui rendent dans la nuit témoignage à l'aurore.
Quoi! dans ce vénérable amas des vérités,
Dans ces chefs-d'oeuvre pleins de foudre et de clartés,
Dans ce tombeau des temps devenu répertoire,
Dans les siècles, dans l'homme antique, dans l'histoire,
Dans le passé, leçon qu'épelle l'avenir,
Dans ce qui commença pour ne jamais finir,
Dans les poètes! quoi, dans ce gouffre des bibles,
Dans le divin monceau des Eschyles terribles,
Des Homères, des jobs, debout sur l'horizon,
Dans Molière, Voltaire et Kant, dans la raison,
Tu jettes, misérable, une torche enflammée !
De tout l'esprit humain tu fais de la fumée !
As-tu donc oublié que ton libérateur,
C'est le livre ? Le livre est là sur la hauteur;
Il luit; parce qu'il brille et qu'il les illumine,
Il détruit l'échafaud, la guerre, la famine
Il parle, plus d'esclave et plus de paria.
Ouvre un livre. Platon, Milton, Beccaria.
Lis ces prophètes, Dante, ou Shakespeare, ou Corneille
L'âme immense qu'ils ont en eux, en toi s'éveille ;
Ébloui, tu te sens le même homme qu'eux tous ;
Tu deviens en lisant grave, pensif et doux ;
Tu sens dans ton esprit tous ces grands hommes croître,
Ils t'enseignent ainsi que l'aube éclaire un cloître
À mesure qu'il plonge en ton coeur plus avant,
Leur chaud rayon t'apaise et te fait plus vivant ;
Ton âme interrogée est prête à leur répondre ;
Tu te reconnais bon, puis meilleur; tu sens fondre,
Comme la neige au feu, ton orgueil, tes fureurs,
Le mal, les préjugés, les rois, les empereurs !
Car la science en l'homme arrive la première.
Puis vient la liberté. Toute cette lumière,
C'est à toi comprends donc, et c'est toi qui l'éteins !
Les buts rêvés par toi sont par le livre atteints.
Le livre en ta pensée entre, il défait en elle
Les liens que l'erreur à la vérité mêle,
Car toute conscience est un noeud gordien.
Il est ton médecin, ton guide, ton gardien.
Ta haine, il la guérit ; ta démence, il te l'ôte.
Voilà ce que tu perds, hélas, et par ta faute !
Le livre est ta richesse à toi ! c'est le savoir,
Le droit, la vérité, la vertu, le devoir,
Le progrès, la raison dissipant tout délire.
Et tu détruis cela, toi !

- Je ne sais pas lire.

 

DeletedUser12178

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Claude Monet, Champs de tulipes en Hollande, 1886

L’écho de nos silences

On s’enverra des cœurs
A remplir nos solitudes
Et des tulipes de couleurs
Comme on n’a plus l’habitude

On se réchauffera l’âme
Depuis longtemps délaissée
On s’attribuera des Palmes
Pour chacune de nos qualités

Dans le désert bleu ciel
Nos sourires en souffrances
Combleront de plus belle
L’écho de nos silences

Thomas Chaline, 2016
 

DeletedUser1740

Je regarde du haut de la falaise
Les vagues se fracasser contre les rochers
Je ne comprend plus mon malaise
Et voici où je suis arrivé...

La mort elle-même ne m’atteint pas ici
L’être noir que je suis...
Ne meurt qu’en lui-même
En récoltant l’amertume qu’il sème

La haine est tellement éphémère...
Lorsqu’elle n’est pas absolue...
Dans la contemplation de l’humain et de sa misère
Dans la manigance et l'imagination d'avoir raison dans le faut
Puis-je ne pas retrouver une partie de vécu ?

Rappel moi ce que je suis...
Rappel moi ce qu’est l’oubli..
 

DeletedUser1740

Sans appuis, sans parents, et seuls en ce monde,
Unissons nos forces, nos coeurs et nos destins ;
Tissons, toi et moi unis, d'authentiques liens :
Bâtissons à deux une relation réelle et profonde.

Par la confiance, la franchise et la loyauté,
Que cette fraternité nous soutienne et nous lie ;
Un ami doit pour son ami le secourir dans la vie :
Que nos deux âmes nouées puissent s'entraider.

Nous, main dans la main, bravons nos lendemains,
Et pour rendre plus doux nos malheurs communs,
De deux âmes meurtries, qu'Amitié n'en fasse qu'une.

Sans être frères de sang, devenons frères de coeurs,
Partageons nos joies et soucis, et nos pires douleurs :
Et que ces instants partagés, deviennent notre fortune.



Maxalexis
 

DeletedUser

@damagework
Primevère de printemps
Sybille Rembard


Veillés par une primevère solitaire
nous nous sommes retrouvés à la lisière du monde.
Les pétales nous regardaient surpris
la terre encore blanche de neige
les rayons du soleil embrumés.
L’hiver est parti, tu l’as senti.
Nous avons osé le désir éphémère
ensemble
nous nous sommes laissés éblouir.
La chaleur de tes mains m’a caressée sans me toucher
pétale primitif
Ton regard m’a modelée
neige de printemps
Ton souffle a enluminé mon âme
rayon de certitudes
Tes mots ont su, pour un instant, orner notre futur
Eternellement embrumé.



Vers d’amour
Renée Vivien


Tu gardes dans tes yeux la volupté des nuits,
O Joie inespérée au fond des solitudes !
Ton baiser est pareil à la saveur des fruits
Et ta voix fait songer aux merveilleux préludes
Murmurés par la mer à la beauté des nuits.

Tu portes sur ton front la langueur et l’ivresse,
Les serments éternels et les aveux d’amour,
Tu sembles évoquer la craintive caresse
Dont l’ardeur se dérobe à la clarté du jour
Et qui te laisse au front la langueur et l’ivresse.
 
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