Le retour des amants terribles
Voilà six nuits que la Princess s’exposait, dans son plus simple appareil, aux rayons guérisseurs de sa déesse la Lune. Ce traitement associé à l’onguent que
@Weldan avait appliqué sur ses plaies la sixième nuit, l’humaine fût sur pieds plus vite qu’elle ne l’aurait imaginé.
Elle ôta de sa tête la parure en pierres de lune et attrapa son manteau nordique. Malgré que le printemps soit installé depuis plus d’un cycle lunaire, la température chutait fortement en soirée. Cette balade jusqu’à la taverne serait revigorante.
Elle repensa à la discussion de la veille et à l’animosité qui habitait la seule autre représentante de la race humaine d’Enar. Il est vrai que lors de leur dernier échange, cette dernière avait servit de souffre douleur pour atteindre son caillou,
@topaze1310 , qui avait retenu en otage son amant bien trop longtemps. Il est vrai aussi que depuis cet incident, un froid glacial s’était installé entre la Princess et Topaze, mais elle ne pensait pas avoir atteint Hit de la sorte.
Les deux inséparables n’avaient jamais caché leur envie de fricoter avec son Drow, elles avaient donc patiemment attendu que la Princess s’éloigne pour se rapprocher de lui après son amnésie. Cela dit, cette dernière n’ayant jamais caché sa jalousie, et le Drow n’ayant jamais caché qu’il n’avait d’yeux que pour elle quand elle était dans les parages, elle comprenait aisément qu’elles aient attendu le moment propice.
Lily, ou peut importe comment elle se faisait appeler, ne pouvait leur en vouloir, son Drow possédait un charme ravageur, tel était le mot. Cela étant, il semblait en avoir un peu trop abusé sur une des deux amies, à en juger sa réaction quand il avait détourné ses yeux d’elle pour les reporter sur la Princess.
*Weldan, Weldan ... Ne t-ai-je point répété, maintes et maintes fois, de ne pas casser ni abuser tes jouets?*
L’humaine avait gentillement proposé à la Princess d’enterrer son corps en guise d’engrais pour ses roses sacrées, c’était mal la connaître. D’abord, seuls les corps de ses amants d’un jour ne pouvaient tenir ce rôle, ensuite la Princess ne cassait jamais ses jouets et enfin, voir les amants terribles réunis semblait être une punition tout à fait suffisante.
Elle était encore plongée dans ses pensées quand elle franchît le pas de porte du Fouet Cinglant. Un bref coup d’oeil lui permit d’aviser de la présence de quelques habitués, ainsi, étonnement, que de celle de
@AliasMelusine , la fée aux courbes serpentines, attablée devant un carnet. Elle jeta sa cape sur le dos d’une chaise et se hissa avec grâce sur un coin du comptoir, en face de son vieux canapé en cuir. Perchée de la sorte, elle sentait ressurgir les souvenirs de ses premières séances. Un frisson agréable lui parcouru l’échine. Elle ramena ses jambes devant elle et ferma les yeux, s’imprégnant des bruits ambiants. La vieille porte en bois grinçant à chaque entrée ou sortie, les gobelets du même bois qui s’entrechoquaient au milieu des rires gras de pervers saouls comme des cochons, les voix haut-perché de greluches que ces mêmes porcs reluquaient, s’étonnant même d’entendre la voix calme et posée de
@Thorondhor dans tout ce brouhaha. Elle devina sans mal le bruit que pouvait faire la plume que la Fée grattait sur les pages de son carnet, ainsi que le long souffle de
@Cruciatorum Magister lorsqu’il laissait échapper la fumée de son cigare andre . Mais surtout, tout son être sentait le regard appuyé de son amant. Elle n’avait pas besoin d’ouvrir les yeux pour appréhender la position qu’il avait à ce moment précis, confortablement avachit dans le vieux canapé. Peut être s’était-il légèrement redressé quand il l’avait vu lui préférant le comptoir. Elle saisit discrètement une fine lame de lancer dans chacune de ses mains, laissa retomber ses jambes dans le vide et gaina son ventre. Elle ouvrit les yeux tandis qu’elle armait son bras et lançait rapidement, l’une après l’autre, les lames en direction du divan. La première atteignit le Drow à la gorge, la deuxième à la poitrine, en regard du coeur, si tant est qu’il en posséda encore un. Il se garda de les retirer.
Elle se glissa avec grâce sur le sol et s’avança vers lui. Elle retira la deuxième lame tout en prenant place face à lui, ses jambes encadrant ses cuisses.
-
J’aurai volontiers fait saigner ton coeur comme le mien me fît à la lecture de ton infidélité prolongée avec une autre humaine, dit-elle d’un ton faussement boudeur,
mais cela te tuerais, et moi avec! Et soyons honnêtes, je tiens trop à la vie et à la tienne.
Elle lui entailla la lèvre inférieure et en récupéra le liquide grenat qui s’en écoulait abondamment.
-
Tu mériterais que je scelle ces lèvres que tu promènes un peu trop à mon goût.
Elle tendit le bras au dessus de l’âtre derrière elle, plongeant dans les flammes la lame d’un scalpel. Cette dernière vint ensuite s’enfoncer dans le creux que dessinait la fourchette sternale d’un Drow mécontent, et la fît glisser jusqu’au dessus de son nombril, se délectant de la sensation agréable des chairs qui lâchaient au fur et à mesure. Le geste ne fût pas aussi fluide qu’elle l’eut désiré et parfois elle dû forcer un peu. Elle attrapa la pâte argileuse qu’il avait subtilisé chez Mélusine, et en combla la plaie, stoppant net l’hémorragie.
D’étranges instruments lui permirent d’écarter et de maintenir les chairs, au fur et à mesure qu’elle entaillait en profondeur.
-
Ma foi, les Drows ont un intérieur somme toute similaire à celui des humains.
Une pointe de déception se faisait
Elle se saisit d’un instrument ressemblant à une lime et une scie en même tant, et entreprît de scinder en deux l’os qui lui barrait la route vers le coeur de son amant.
- Qu’est-ce qui ne va pas chez toi ? S’offusqua le Drow quand il comprit ce qu’elle voulait faire.
Veux-tu reposer ça tout de suite !
Elle embrassa tendrement l’elfe.
-
Ma cruauté ne te plaît plu ? Demanda-t-elle en s’affublant d’une mine boudeuse attachante.
La tâche fût laborieuse tant elle fût douloureuse pour le drow. Ses yeux se révulsaient fréquemment, et elle devait faire des pauses pour ne pas l’épuiser trop vite. Il perdit connaissance au moment où l’os se détachait en deux parties. Elle avait prévu une telle défaillance, elle ouvrît un petit sachet rempli d’herbes odorantes et l’agita sous le nez de sa victime, en détournant son joli minois. L’odeur lui donnait la nausée. Il finit par rouvrir un oeil.
-
Le plus dur est passé beau malheur.
La Princess porta son attention sur l’organe qui battait juste sous ses yeux, elle était fascinée. Elle en entendait le moindre battement. Elle se rendit alors compte du silence qui régnait dans la taverne. Balayant l’assemblé d’un regard innocent, elle leur offrit son sourire le plus naïf et se penchant à l’oreille du Drow.
-
Je crois qu’on nous regarde, fais ton plus beau sourire.
Et d’une main, elle étira les coins des lèvres du Drow. Elle plongea un regard satisfait dans le sien et adopta le rictus qu’il avait l’habitude d’afficher.
Elle promena un index sur les parois en mouvement de l’organe qui se contracta plus vite. Le Drow, qui ne lâchait pas du regard celui de sa belle, tentait de garder une respiration calme et contrôlée. Sa main put bientôt agripper l’organe. Elle reporta son attention sur son bel amant et serra lentement son coeur d’une main. Le visage de ce dernier se déforma en une grimace qu’elle ne lui avait jamais vu, elle ouvrit grand les yeux, sa bouche forma un « a » d’émerveillement avant de s’allonger en un immense sourire, Harley Quiin n’avait qu’à bien se tenir, elle n’avait plus la primeur de cette expression faussement innocente.
Elle se leva un instant et emprunta le pot d’encre de Mélusine. Elle y plongea une aiguille et s’appliqua à effleurer les parois du coeur afin d’y tatouer son prénom, en s’appliquant pour le cacher des yeux des badauds, seul lui savait!
Puis elle rapprocha les deux bouts de sternum et les cercla minutieusement avec un fil d’or, dans lequel était taillé des petits picots du même métal.
-
Désormais, quand ton coeur s’emballera pour une autre, tu souffriras, quand il s’emballera pour moi, tu souffriras aussi, mais la Princess est cruelle, ne le sais-tu pas ?
Elle l’embrassa et s’appliqua à refermer la plaie en une fine cicatrice à l’aide d’un fil d’or bien plus fin, et dénué d’épine. Quand elle eut fini, elle déposa des baisers sur toute la longueur de la balafre. Elle fût tentée de descendre sous son nombril, mais se souvenant qu’elle avait un public, elle se ravisa.
-
Ce sera pour plus tard, quand tu seras entièrement remis de tes émotions.
La Princess héla le tavernier et lui commanda une bouteille d’hibiki tandis qu’elle ramenait à Mélusine son encre. Elle attrapa la belle au menton et admira les stigmates de sa récente entrevue avec le Drow.
-
Cicatrisée, mais pas trop. J’ai envie de te dire que tu es à point ma chère!
Elle retourna vers Weldan, porta le goulot aux lèvres de sa victime qui bû goulûment. Elle en fit de même avant de se lover contre lui, glissant son visage dans son cou. Les yeux fermés, elle apprécia réentendre doucement la taverne reprendre vie. Calquant son souffle à celui, plus lent, de son amant, elle semblait apaisée. Jusqu’à ce que quelqu’un, derrière le dossier du canapé, ne fasse tomber un gobelet, la faisant sortir de son état de grâce.
Elle souleva sa tête et croisa le regard coupable du grand ténébreux.
*La liste de mes victimes augmente de façon exponentielle*