Les trois créatures avaient observé la scène en écarquillant les yeux. L'un d'eux hurla quelque chose d'une voix grave vers le jeune homme d'une langue incompréhensible et inhumaine, elles semblaient inquiètent, voir même apeurés. Quelque chose clochait, mais le jeune homme n'était pas en état de réfléchir. Il attaqua la première créature à main nue, et tenta de l'étrangler. Toutefois son adversaire était rapide et parvint à lui passer dans le dos. Il tenta d'immobiliser le jeune homme en lui serrant la taille mais dans un réflexe, le jeune homme lui mit son coude dans le museau. Les deux autres tentèrent également de l'immobiliser, mais moins véloces que le premier, le jeune homme leur fit mordre la poussière de ses poings devenus dur comme l'acier. Il s'apprêtait à les achever, lorsque, de douleur, la première bête hurla dans les ténèbres des mots inconnus des oreilles humaines, son poil noir s'était dressé et son regard jaune avait désormais la même teinte que celui du jeune homme, la teinte de l’être qui a perdu tout contrôle. Il se rua sur lui et l'entraina à terre dans son élan. Il tenta de happer sa gorge de sa puissante mâchoire tandis qu'il lui griffait le buste de ses longues pattes puissantes. Le jeune homme le bloquait d'un bras, l'autre était bloqué sous le poids de la bête. Agacé, la créature s'en prit à l’obstacle, mais dans ce mouvement, il libéra suffisamment le deuxième bras du jeune homme, qui lui mit une peigner monumental, faisant reculer son adversaire et permettant au jeune homme de se relever. Son bras gauche saignait abondamment, de même que son buste, marqué par d'écœurantes marquent de griffures. Toutefois, enragé comme il l'était, il ne sentait pas la douleur et seul un déchainement de violence le calmerait.
Les deux autres créatures, encore sonnés, sautèrent sur leur congénère avant de l'emporter de force dans les ténèbres du village.
N’ayant vu dans quelle direction ils s’étaient enfuis, et désormais seul, le jeune homme cherchait quelqu'un à frapper et à tuer, mais ne vit que le corps étendu de sa sœur bien aimée sur le sol. La voir dans cet état le fit reprendre conscience et sa folie sanguinaire diminuait en même temps qu'il retrouvait sa constitution normale. Il s'écroula en tentant d'atteindre sa moitié, submergé par la douleur. Il rampa jusqu'à elle, serra sa main, avant de s'évanouir. Sa dernière vision fut celle d'humanoïdes les portant et les entrainant vers une probable mort.
Cette nuit-là, il fit d'atroces cauchemars ou dans sa folie meurtrière, il assassinait sa sœur qui tentait de le calmer en le voyant massacrer des guerriers qui se rendaient. Il se voyait arracher à main nue les crânes et les bras de ses ennemis, les lames et les flèchent lui causaient nulle douleur et il était un monstre sans conscience dont la seule envie était de tuer encore et encore.
A son réveil, il était seul. Cela expliquait les cauchemars. Quand il dormait avec sa jumelle, il ne rêvait jamais, ce qui lui procurait un sommeil réparateur. Il jeta un œil par la fenêtre au-dessus de son lit, le soleil était à son zénith. Il avait dormi un long moment. Tout ce qu'il se souvenait, c'était avoir vu sa sœur et trois créatures à ses côtés. Un trou noir s'en était suivi. Il tenta de se redresser, mais d'atroces blessures le paralysaient. Son bras gauche restait inerte, enroulé dans des bandages. Il tenta d'appeler sa sœur, Darmon ou quelqu'un, mais personne ne répondait. Il déduisit de la chambre, similaire à celle où ils avaient couchés Bradivalis et des sons provenant du rez-de-chaussée, qu'il se trouvait à l'auberge. Que s'était-il passé? Avait-il fait quelque chose à sa sœur? Non, il le saurait si elle était morte.
Il resta de longues heures avec pour seul compagnie ses pensées, mais ne parvenait pas à se souvenir des événements de la nuit. Il commençait à se rendormir, lorsque Bradivalis entra comme une tempête dans sa chambre, suivi de près par Darmon et sa sœur qui se précipita sur lui, l'enlaçant et ignorant la douleur et les contestations de son frère. Elle avait apparemment pleuré, mais montrait devant son frère un visage grave, de marbre. Elle recula pour laisser la parole au prêtre.
-Bon sang espèce de crétin, nous aurions pu tous mourir par ta faute la nuit dernière. Es-tu satisfait de ce que tu as fait? Ou vas-tu encore te mettre en colère et attaquer tout ce qui bouge?
Le ton accusateur du prêtre ne semblait pas atteindre le jeune homme, qui l'ignora superbement tout en se contentant de contempler sa sœur, en vie, et pas blessée apparemment. Le prêtre devina sa pensée et lui mit une gifle, le forçant à le regarder.
-Tu crois peut être que c'est grâce à toi si elle est en vie? Ta sœur m'a raconté qu'elle espionnait les villageois depuis les toits et que l'un d'entre eux l’a surprise, la faisant tomber. Par chance, elle ne s'est rien cassée et s'est juste cognée la tête. Contrairement à un autre qui est hors d'état de voyager...
-Mais ces créatures allaient la dévorer! Je les ai vus autour d'elle juste après l'avoir entendu crier!
-Ces 'créatures' comme tu dis sont les habitants de ce village. Lorsqu'ils s'exposent à la lumière des lunes, ils se transforment en bête, c'est pourquoi ils vivent si éloigné de toutes civilisations. Leur espèce a subi d'innombrables massacres et les endroits comme celui-ci sont leur seul refuge face à la cruauté, l'intolérance et l'incompréhension d'humains tel que toi. On va te laisser dormir jusqu'à ce soir. J'ai pris une décision qui va te déplaire, mais qui est nécessaire au vu des circonstances, ainsi que pour notre avenir à tous.
Darmon et Bradivalis quittèrent la pièce sans un mot de plus. L'un d'un calme hivernal, l'autre agité. Sa sœur resta quelque instants de plus, sans dire un mot, elle s'approcha de son frère et déposa un baisé sur ses lèvres avant de l'abandonner, les yeux pleins de larmes. Que se passait-il? Le jeune homme voulait se relever, rattraper sa sœur, le prêtre et Darmon pour leur demander des explications. Mais ses blessures le clouaient sur place. Pourquoi les choses tournaient-elles comme ça? Tout ce qu'il avait voulu, c'était protéger sa sœur. Ses pensées étaient trop confuses et la douleur le fit sombrer de nouveaux dans des cauchemars dont il ne garda pas le souvenir à son réveil.