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Et nos textes, passages, poèmes préférés ?

Thorondhor

Élève assidu
L’avion

Français, qu’avez-vous fait d’Ader l’aérien ?

Il lui restait un mot, il n’en reste plus rien.


Quand il eut assemblé les membres de l’ascèse

Comme ils étaient sans nom dans la langue française

Ader devint poète et nomma l’avion.

Ô peuple de Paris, vous, Marseille et Lyon,

Vous tous, fleuves français, vous françaises montagnes,

Habitants des cités et vous, gens des campagnes,

L’instrument à voler se nomme l’avion.

Cette douce parole eût enchanté Villon,

Les poètes prochains la mettront dans leurs rimes.

Non, tes ailes, Ader, n’étaient pas anonymes.

Lorsque pour les nommer vint le grammairien

Forger un mot savant sans rien d’aérien,

Où le sourd hiatus, l’âne qui l’accompagne

Font ensemble un mot long comme un mot d’Allemagne.

Il fallait un murmure et la voie d’Ariel

Pour nommer l’instrument qui nous emporte au ciel.

La plainte de la brise, un oiseau dans l’espace

Et c’est un mot français qui dans nos bouches passe.

L’avion ! L’avion ! qu’il monte dans les airs,

Qu’il plane sur les monts, qu’il traverse les mers,

Qu’il aille regarder le soleil comme Icare

Et que plus loin encore un avion s’égare

Et trace dans l’éther un éternel sillon

Mais gardons-lui le nom suave d’avion

Car du magique mot les cinq lettres habiles

Eurent cette vertu d’ouvrir les ciels mobiles.


Français, qu’avez-vous fait d’Ader l’aérien ?

Il lui restait un mot, il n’en reste plus rien.


Guillaume Apollinaire
 

DeletedUser

Merci beaucoup Eo. :rolleyes:
Un petit pour la route d'ailleurs.


Le chant du thé

La première tasse humecte mes lèvres et mon gosier
La deuxième rompt ma solitude
La troisième fouille mes entrailles mises à nu
et y débusque mille volumes d'étranges idéogrammes
La quatrième suscite une légère sueur
— et tout le noir de ma vie se dissout à travers mes pores
A la cinquième tasse, je suis purifié
La sixième m'expédie au royaume des Immortels
La septième — ah, je ne saurais en absorber davantage !
Je sens seulement un souffle de vent frais gonfler mes manches.
Où est Peng Lai Shan ?
Ah ! Laissez-moi chevaucher cette douce brise et m'envoler loin d'ici !


Lu Tong.
PS: Peng Lai Shan est un des Paradis Taoïstes.
 

DeletedUser

Je continue, car j'aime le topic.
Qui est le plus agréable à lire pour ma part.

L'IMPLACABLE DESTIN

Avide de conquêtes et de gloire,
L'Empereur n'entend pas les cris de son peuple.
Malgré la vaillance des femmes qui ont saisi la bêche
Et qui dirigent la charrue,
Les ronces envahissent les champs.

Partout, la guerre !
Partout le carnage !
La vie d'un homme ne compte pas plus que celle d'un chien.
Devant les vieillards mêmes,
Les soldats osent dire ce qu'ils pensent.

« Jamais de trêve, murmurent-ils,
Jamais de quiétude !
Demain les collecteurs viendront collecter l'impôt,
Et nous n'avons rien !
Nous en sommes arrivés à tenir pour une calamité
La naissance d'un fils,
Car nous savons qu'il sera tué à la fleur de l'âge
Et qu'il ira se désagréger parmi les Cent plantes. »

Sur le rivage de la mer d'azur,
Vous n'avez donc jamais vu, prince,
Les ossements des milliers de braves sans sépulture ?
Dans le vent d'Est,
Vous n'avez donc jamais entendu les plaintes
De leurs mânes inconsolés ?

Tou-Fou.
 

DeletedUser

La Belle Amie.

Au bord de l'eau
Crient les oiseaux;
L'homme a envie
De belle amie.

Le cresson roule
Dans l'eau qui coule;
On fait la cour
De nuit et jour.

L'amie refuse;
L'homme s'accuse,
Il tourne au lit
De-là, de-ci.

Que l'amant cueille
Les longues feuilles!
Qu'il joue la lyre!
L'amie l'admire.

Qu'on mange longs
Ou courts cressons!
La cloche sonne;
L'amie se donne


Chanson du Sud de Zhou.
 

DeletedUser1568

Ceux qui rêvent éveillés ont connaissance de mille choses qui échappent à ceux qui ne rêvent qu'endormis.
Dans leurs brumeuses visions, ils attrapent des échappées de l'éternité, et frissonnent, en se réveillant, de voir qu'ils ont été, un instant, sur le bord du grand secret ...
(Edgar Allan Poe)

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DeletedUser1325


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Green par Paul Verlaine

Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches
Et puis voici mon coeur qui ne bat que pour vous.
Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches
Et qu'à vos yeux si beaux l'humble présent soit doux.

J'arrive tout couvert encore de rosée
Que le vent du matin vient glacer à mon front.
Souffrez que ma fatigue à vos pieds reposée
Rêve des chers instants qui la délasseront.

Sur votre jeune sein laissez rouler ma tête
Toute sonore encore de vos derniers baisers
Laissez-la s'apaiser de la bonne tempête
Et que je dorme un peu puisque vous reposez.
 

DeletedUser

LA PASSANTE

Quand la brise gonfle tes deux robes de soie,
Tu ressembles à une déesse vêtue de nuages.
Quand tu passes, les fleurs des mûriers te respirent.
Quand tu emportes des lilas que tu as cueillis, ils tremblent de joie.

Des cercles d'or étreignent tes chevilles.
Des pierres bleues luisent à ta ceinture.
Un oiseau de jade a fait son nid dans ta chevelure.
Les roses de tes joues se mirent dans les perles immenses de ton collier.

Quand tu me regardes, je vois couler le fleuve Yuen.
Quant tu me parles, j'entends la musique du vent de mon pays.
Quand un cavalier te rencontre, au crépuscule,
Il croit que c'est déjà l'aurore et immobilise son cheval.

Quand un mendiant t'aperçoit, il en oublie sa faim.

Tchang Wou Kien


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Tendre bisous, Eolin, ♥
 

DeletedUser1325

"La vie est une opportunité,


> > > > La vie est beauté, admire-la.

> > > > La vie est un rêve, réalise-le.
> > > > La vie est un défi, fais-y face.
> > > > La vie est un devoir, complète-le.
> > > > La vie est un jeu, joue-le.
> > > > La vie est une promesse, remplis-la.
> > > > La vie est souffrance, surmonte-la.
> > > > La vie est une chanson, chante-la.
> > > > La vie est une lutte, accepte-la.
> > > > La vie est une tragédie, fais-y face.
> > > > La vie est une aventure, ose-la
> > > > La vie est la chance, fais-la.
> > > > La vie est la vie, lutte pour elle."


~ Mère Teresa
 

DeletedUser1664

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~~~ La lune, j’en suis sûre,
~~~ Brille de sa vive clarté
~~~ Bien au-dessus des montagnes,
~~~ Mais les nuages sombres enveloppent les sommets de leur obscurité.
~~~ Ici avec toi
~~~ Je resterai
~~~ Des jours et des années sans nombre
~~~ Silencieuse comme cette lune brillante
~~~ Qu’ensemble nous avons contemplée.
Teishin, poète femme, ( 1798 - 1872 ) :rolleyes:
 

DeletedUser

« J'interroge la lune »

Lune claire, depuis quand existe-t-elle?
Tenant mon vin, j'interroge le Ciel:
On ne sait pas au Palais céleste,
Cette nuit en quelle année c'est.
Je voudrai chevaucher le vent pour y aller,
Mais aux pavillons du Palais en jade ou sur les hauteurs,
Je crains de ne pouvoir supporter le froid et la solitude.
Alors je me mets à danser, se balance mon ombre claire,
comme si l'on l'agissait au monde.
En tournant derrière la pagode vermillon
Et au ras des fenêtres sculptées,
La Lune éclaire celui qui ne dort pas;
Est-il possible qu'elle ait du
ressentiment
à toujours être pleine lors des séparations?
Pour l'homme tristesse ou joie, séparation ou réunion,
Pour la Lune, ciel couvert ou dégagé, invisible ou pleine,
De ces deux choses, depuis l'antiquité,
Il est difficile d'en avoir le meilleur en même temps.
Puisse la longévité nous être assurée pour que nous deux, éloignés de mille "li",
Partagions la joie de contempler la même lune dans toute sa plénitude.



Su Dongpo
 

DeletedUser2875

Bonsoir :)
Ohhh quel Magnifique topicmerci


je suis plutôt poètes maudits.. mais ..


Les roses de Saadi de Marceline Desbordes-Valmore


J'ai voulu ce matin te rapporter des roses ;
Mais j'en avais tant pris dans mes ceintures closes

Que les nœuds trop serrés n'ont pu les contenir.


Les nœuds ont éclaté. Les roses envolées ..
Dans le vent, à la mer s'en sont toutes allées.
Elles ont suivi l'eau pour ne plus revenir ;


La vague en a paru rouge et comme enflammée.
Ce soir, ma robe encore en est tout embaumée...
Respires-en sur moi l'odorant souvenir.



Les Yeux d'Elsa

Tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire
J'ai vu tous les soleils y venir se mirer
S'y jeter à mourir tous les désespérés
Tes yeux sont si profonds que j'y perds la mémoire

À l'ombre des oiseaux c'est l'océan troublé
Puis le beau temps soudain se lève et tes yeux changent
L'été taille la nue au tablier des anges
Le ciel n'est jamais bleu comme il l'est sur les blés

Les vents chassent en vain les chagrins de l'azur
Tes yeux plus clairs que lui lorsqu'une larme y luit
Tes yeux rendent jaloux le ciel d'après la pluie
Le verre n'est jamais si bleu qu'à sa brisure

Mère des Sept douleurs ô lumière mouillée
Sept glaives ont percé le prisme des couleurs
Le jour est plus poignant qui point entre les pleurs
L'iris troué de noir plus bleu d'être endeuillé

Tes yeux dans le malheur ouvrent la double brèche
Par où se reproduit le miracle des Rois
Lorsque le coeur battant ils virent tous les trois
Le manteau de Marie accroché dans la crèche

Une bouche suffit au mois de Mai des mots
Pour toutes les chansons et pour tous les hélas
Trop peu d'un firmament pour des millions d'astres
Il leur fallait tes yeux et leurs secrets gémeaux

L'enfant accaparé par les belles images
Écarquille les siens moins démesurément
Quand tu fais les grands yeux je ne sais si tu mens
On dirait que l'averse ouvre des fleurs sauvages

Cachent-ils des éclairs dans cette lavande où
Des insectes défont leurs amours violentes
Je suis pris au filet des étoiles filantes
Comme un marin qui meurt en mer en plein mois d'août

J'ai retiré ce radium de la pechblende
Et j'ai brûlé mes doigts à ce feu défendu
Ô paradis cent fois retrouvé reperdu
Tes yeux sont mon Pérou ma Golconde mes Indes

Il advint qu'un beau soir l'univers se brisa
Sur des récifs que les naufrageurs enflammèrent
Moi je voyais briller au-dessus de la mer
Les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa

Louis Aragon

► ..fou amoureux de sa femme ..oui Elsa triolet avait des yeux si bleus, même âgée c'était une femme si belle .. belle d'esprit elle n'avait pas d'age en fait!..douceur amour bonté.. son âme

étincelait.
 
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DeletedUser

Les huit buveurs immortels

Ho-Tchi-Tchang, toujours à cheval,
Semblait ramer sur un bateau.
Un soir qu'il était plus ivre que d'habitude,
Il tomba dans un puits,
Où il dort encore, je crois.

Yu-Yang vide toujours trois urnes
Avant d'aller à ses occupations.
S'il rencontre une charrette de grain,
Il renonce à ses affaires et la suit,
Bavardant avec son conducteur, sur la fermentation du riz.

Le ministre Li-Ti-Chy
Avalerait cent rivières !
Il dépense facilement dix mille tsien,
Et proclame qu'il ferait volontiers décapiter
Les marchands qui vendent du vin douteux !

Quand Tsoung-Tchi savoure une vieille bouteille,
On ne voit plus que le blanc de ses yeux
Tout à coup un grand bruit !
Voilà Tsoung-Tchi par terre, comme un arbre déraciné

Le brave Sou-Tsin ne boit jamais devant la statue de Bouddha.
Mais s'il commence de boire hors du monastère,
Il y revient sur les épaules d'un homme charitable.

Sous l'influence d'une seule mesure de vin,
Li-Taï-Po est capable d'écrire trois cents vers.
Un soir qu'il sommeillait dans une taverne de Tchang-nân,
L'Empereur lui envoyait l'ordre de venir au palais.
« Dites à l'Empereur, fit-il,
Que je m'entretiens avec les Dieux ! »

Tchang-Hio, dès qu'il a bu trois coupes,
manie le pinceau avec une virtuosité inimaginable.
A ce moment tous les rois de la terre pourraient entrer dans sa demeure
Il ne bougerait pas.

Cinq grandes mesures portent à son comble la verve de Tsiao-Sui.
L'éloquence de notre ami jette, alors, les convives dans la stupeur.

Bien que je leur fasse raison quelquefois,
Je ne me compte point parmi ces hommes illustres.
Je me grise le plus souvent… d'un rayon de lune !​


Tou-Fou
 

DeletedUser

Ouiiii Biiiche. :D

Mon pays

Quand on appelle fort « Mon pays ! »
On s’entend répondre « Mon fils ! »
J’aimerais vivre dans un tel pays
Où font écho les voix amies.
Hors des races, des peuples, des classes
Façonnés dans un lieu froid et obscur,
Hors des idéologies, des pensées de gauche ou de droite
Hors du cri oppressant d’une telle lutte
Une terre où personne ne se fait exclure nulle part.

MAH Chong-gi
 

DeletedUser2603

Bonjour,

Je n'avais pas encore vu ce topic. C'est superbe. Tant de belles choses sont dites ici.

Alors en grande amoureuse des animaux que je suis, je vais vous mettre une chanson de Jean Ferrat que j'aime vraiment beaucoup

C'est dans l'aube chère à Verlaine
Que tu courais notre domaine
Humant l'air des quatre saisons
Odeurs de thym et de bruyère
Sous tes pattes fraîches légères
S'élevaient comme une oraison
Berger des landes familières
Tu vivais digne et solitaire
Animal doué de raison
J'écris ce jour anniversaire
Où tu reposes sous la terre
A deux pas de notre maison

Hourrah oural ouralou
Oural ouralou

Hourrah oural ouralou
Oural ouralou

On voit souvent des souveraines
A la place des rois qui règnent
Rien qu'en posant leurs yeux dessus
Il faut se méfier du paraître
De nous deux qui était le maître
Nous ne l'avons jamais bien su
Tu vécus la vie parisienne
La nuit sur les quais de la Seine
Les music-halls et les tournées
Et cette vie qui fût la mienne
Il me semble que tu l'entraînes
A la semelle de tes souliers

Hourrah oural ouralou
Oural ouralou

Hourrah oural ouralou
Oural ouralou

Jour après jour il faut l'admettre
Voir ceux qu'on aime disparaître
C'est ce qui fait vieillir trop tôt
Au paradis des chiens peut-être
Ton long museau à la fenêtre
Tu nous accueilleras bientôt
Au triple galop caracole
Je vois tes pattes qui s'envolent
Chevauchant l'herbe et les nuées
Le vent siffle dans ton pelage
Vole, vole, mon loup sauvage
Comme au temps des vertes années

Hourrah oural ouralou
Oural ouralou

Hourrah oural ouralou
Oural ouralou
 
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