La Sabreuse avait bien dormi. Elle s’étira tel un chat et décida de flâner un peu encore. «
Mais qu’allait-elle faire aujourd’hui ? Pensa-t-elle ». La journée s’étirait devant elle et rien de prévu.
Une idée lui vint, une petite envie. Cela faisait plusieurs semaines que les trois trublions de Riva la tannaient pour qu’elle les fouette. Et bien soit leur souhait allait être réalisé aujourd’hui.
Elle se dirigea vers son armoire, allait enfiler une tenue confortable quand elle suspendit son geste. «
C’est vrai qu’ils veulent qu’elle soit en combinaison de latex. Quel manque d’imagination !!! Se dit-elle d’un air consterné ». Elle farfouilla dans son armoire et trouva enfin sa combinaison. Ça faisait longtemps qu’elle l’avait mise. Elle l’enfila, heureusement elle lui allait encore. Puis elle alla vers son armoire à malice et se munit de diverses joyeusetés et bien sûr… de ses chers fouets :
- Redoutable à la simple lanière mais fidèle compagnon qui ne la quittait guère ;
- Terrible à la lanière garnie d’épines d’acacia ;
- et enfin, Sacrifice à la lanière garnie de lames de rasoir.
Elle allait quitter sa Chambre des plaisirs quand elle aperçut son reflet dans sa psychè. Elle n’allait certes pas sortir comme ça et passait vêtu ainsi devant les habitués du Fouet Cinglant. Il ne manquerait plus qu’ils se moquent d’elle de la voir dans un tel accoutrement. Elle enfila une cape qui camoufla son costume et quitta enfin sa chambre.
Elle traversa la salle de la taverne d’un pas vif et partit à la recherche des 3 troublions.Elle parcourut les rues d’Enar espérant bien trouver ses proies.
A peine sortie du Fouet Cinglant, elle tomba sur Brocelyande. L’Elfe lui lança un sort qui le laissant dans une semi-inconscience. Ne voulant pas le traîner à travers de la ville, elle l’amena dans une ruelle déserte et l’enchaîna.
Puis elle partit à la recherche des 2 autres.
Elle croisa Max Erwan un peu ivre, elle n’eut même pas besoin de lui jeter un sort vu son état alors elle le menotta et passa une chaîne à son cou.
Enfin elle trouva le dernier luron Benroq en train de regarder un funambule. Elle profita de son inattention et lui jeta le sort de semi-conscience. Elle emprisonna son cou et tira sur la chaîne pour qu’il la suive.
Ainsi équipée des deux zouaves, elle s’en retourna au Fouet Cinglant. Bien sur elle récupéra le dernier acolyte au passage. Puis elle traversa la salle sous le regard éberlué des habitués devant tel équipage.
Elle descendit quelques marches et pénétra dans un cachot. Elle attacha les trois hommes aux chaînes qui pendaient du plafond et alla vers une table. Là, elle posa ses fouets et les ustensiles qu’elle avait pris auparavant. Elle se débarrassa de sa cape d’un coup d’épaule et l’accrocha à une patère. Enfin elle jeta un autre sort qui réveilla tout à fait les 3 complices, d’un geste négligent et se détourna du spectacle, les laissant découvrir le lieu. Elle se servit un verre d’élixir, cette escapade dans la ville l’avait assoiffé et le sirota lentement. Elle se retourna, s’appuya à la table et observa ces 3 hommes.
Ils jetaient des coups d’œil affolés et se demandaient comment ils avaient pu atterrir ici. L’endroit était sombre et humide. Dans un coin, figurait un trou béant d’où l’on pouvait entendre un clapotis. Quelques rats longeaient les murs. Et ils étaient suspendus, seule la pointe de leur pieds touchait sol. Enfin ils découvrirent l’Elfe dans sa combinaison de latex. Elle avait une longue chevelure argentée et un regard d’azur qui était empli de malice. Sa bouche pulpeuse était orné d’un sourire moqueur.
- Et bien Messires, ce lieu ne serait-il point à votre gré, dit-elle d‘un ton railleur. Vous n’alliez pas croire que j’allais vous mener dans ma Chambre des plaisirs. Très peu d’initiés ou de privilégiés ont eu cet honneur. Par contre je vais exaucer votre vœu. Cela fait plusieurs semaines que vous réclamez mon fouet. Et bien soit, qu’il en soit ainsi.
Elle prit une dague et se dirigea vers ses victimes. Elle commença à découper une chemise, caressant la poitrine musclé au passage, s’occupa de la suivante et parcourut de la main la joue, les lèvres du deuxième homme. Enfin la dernière chemise tomba à terre, la Sabreuse tira sur la chevelure offrant le cou de l’homme à son désir, qu’elle lécha.
Elle recula jusqu’à la table, prit dans un premier temps Terrible et Sacrifice, les fit claquer à quelques centimètres de ses proies qui se recroquevillèrent, mais se ravisa. Elle utiliserait seulement Redoutable et le chat à neuf queues. Il ne fallait pas trop les abîmer pour la première fois et puis ils n’avaient point encouru son ire.
Alors elle entama sa célèbre sarabande, les lanières touchant violemment de ci de là la peau de l’un ou l’autre. Leur corps se teintèrent peu à peu de vermeil sous les coups. Les cris fusèrent. Un coup, un cri. Pantelante, elle ralentit peu à peu jusqu’à l’arrêt total de ses pas de danse.
Essoufflée, elle les observa. Ils étaient avachis, à demi évanouis. Prise de pitié, elle alla chercha une fiole sur la table. Elle versa une goutte sur chacune des plaies, les hommes gémirent sous la brûlure du liquide mais les plaies se refermaient, ne laissant nul trace du passage du fouet. Elle les embrassa, les détacha et leur murmura dans le creux de l’oreille :
- Était-ce le fouet que vous souhaitiez, Messires ?
N’attendant pas leur réponse, elle récupéra ses chers objets et quitta la pièce.