Le corbeau se réveilla un matin de juillet, dans ce bois où il avait passé la nuit. Le voilà parti pour une journée un peu spéciale.
Il prit son envol, ses ailes encore engourdies par sa nuit de sommeil. Son vol ce faisait lourd, ses yeux étaient encore légèrement ensommeillés. Il s'arrêta alors dans une petite auberge afin de prendre un petit "réveille-matin" : il appelait ainsi une boisson à base de café, de sucre et de sang de loup. Une fois sa mixture ingurgitée, il reprit son envol. Cette fois, il ne partait pas vers le champs de Lys, avec sa magnifique cascade et son temple caché, mais dans une direction totalement opposée.
Le corbeau fit un voyage d'une demi journée, il arriva alors sur une étendue blanche, recouverte d'un manteau de neige éternel. D'un battement d'ailes, il fit voler la poudre qui jonchait le sol, afin de pouvoir cueillir les quelques roses noirs aux éclats d'ambre, qui ne se trouvaient qu'ici. C'était une magnifique fleur. Sa tige mesurait d'une bonne vingtaine de centimètres et était parsemée d'éclats d'ambre. Au dessus de cette tige, était parsemé des pétales d'un noir aussi éclatant que les ailes du corbeau, avec un nombre de pétales qu'on ne pouvait compter. Il cueillit six de ces roses, les pris avec lui et reprit son envol, jusqu'à une petite grotte.
Un énorme rocher bloquait l'entrée de ladite grotte, mais d'un coup d'aile sur la paroi, le Corbeau réussi à faire se décaler la pierre. Une vieille magie elfique protégeait ce tombeau, car oui, cette grotte faisait office de tombeau, celui d'un vieil ami au Corbeau.
Il entra dans la grotte. Un mot prononcé par le Corbeau suffisait pour que les torches s'allument, laissant place à une magnifique structure. Des piliers en marbre blanc retenait la grotte. De magnifique marche, également blanches, emmenaient profondément dans cette crevasse que l'on voyait à perte de vue. Le Corbeau descendit les marches, il ne vola pas, car dans ce tombeau, ses ailes étaient bloquées par un châtiment que le défunt père de son ami lui avait jeté.
Arrivant en bas des marches, le corbeau commença à marmonner des mots, des larmes coulait le long de ces joues. Même s'il ne pouvait pas voler, ses ailes restaient sorties. Il emprunta la grande entrée du caveau, poussa la porte massive en fer noir, que des nains avaient créé spécialement. Au milieu de la salle, quatre tombes y était disposée. Derrière chaque tombe, une statue ailée avait été déposée. Chaque tombe correspondait à une personne que le corbeau avait perdu.
S'approchant de la première, il chuchota alors quelques mots. Il répéta ces gestes sur deux autres tombes, avant de rejoindre la dernière.
S'agenouillant près de la dernière tombe, il y déposa une simple larme et chuchota tout doucement quelques mots à son ami, d'une voix pratiquement inaudible, et prit le chemin de la dernière salle. Sur les portes de celle-ci, la date du 14 juillet 2011 y était inscrite. La salle était protégée par des statues en marbre, avec d'immense ailes blanches, il les regardait, marmonna un "désolé" et ouvrit les portes.
Dans cette immense salle, une seule tombe, celle du meilleur ami du corbeau. C'était un humain, le seul que le corbeau avait réussi à apprécier, mais un jour, le ciel l’appela à lui. Le Corbeau s'en était voulu à ce moment là et s'en voulait toujours.
La salle était dans la pénombre. Seule quelque bougies éclairait certains endroits de la pièce. Un silence régnait ici, que le Corbeau ne voulait pas interrompre. Il s'en voulait. Depuis 6 ans, le corbeau n'était pas venu le voir, et, en ce jour du 14 juillet 2017, il prit le temps de déposer sur sa tombe, les six roses noires fraîchement cueillies, les fleurs préférées de son ami.
Les ailes du corbeau prirent pour quelques minutes leur couleur originelle ; un blanc éclatant qui reflétait la lumière, mais les ténèbres de son cœur reprirent le dessus rapidement, ainsi ses ailes redevinrent noires. Les yeux brumées et emplies de larmes, il quitta le caveau, remonta à la surface et reprit son envol. Dans les airs, ses ailes battant le vent froid, Enthormie se tourna vers la grotte, et fit la promesse de revenir voir son ami chaque année, au jour du 14 juillet, le jour où il fut emmené loin de lui afin de reposer en paix, sous les feux qui illuminaient le ciel.
A toi mon ami qui, en ce jour, blanchit mes ailes.