DeletedUser5693
C’était pendant les soirées d’hivers qu’il passait le plus de temps à la taverne, comme pour chercher un peu de chaleur pour réchauffer son âme.
Les nombreuses années où il avait voyagé l’avait marqué physiquement. Il restait là, de longues heures assis au comptoir avec son pardessus qu’il ne quittait pas, le dos courbé, les coudes posés sur le bar regardant son verre qu’il buvait en prenant son temps.
Le tavernier avait l’habitude de le voir et lui servait son rhum sans même que l’homme n’eut à le demander. Il l’appelait « Le voyageur » en rapport avec son passé mais il n’en savait pas plus. Il n’était pas très bavard et répondait seulement par un « Oui », un « Non » parfois un « Peut-être » sinon il se contentait de lever légèrement la tête jetant un regard, qui en disait plus long que tous les mots qu’il avait prononcé, avant de retourner regarder le liquide ambré qu’il faisait tournoyer dans son verre.
Le mystère planait sur sa personne et on entendait souvent les habitués, qui s’asseyaient toujours aux tables du fond, parler sur lui. Inventant des histoires les unes plus rocambolesques que les autres. Il avait été ainsi bandit de grand chemin, voleur, assassin, ermite, sauvage et même fou. Il inspirait chez eux de la crainte si bien qu’à chaque fois qu’il se levait pour partir tout le monde se taisait, un silence de mort régnait dans la taverne jusqu’à ce qu’il eût passé la porte et que celle-ci se referme derrière lui.
Le tavernier, derrière son comptoir, entendait bien les hommes qui racontaient des histoires sur le voyageur et savait très bien que lui aussi les entendait. Pourtant cela le laissait stoïque, il ne bougeait même pas un sourcil. Toujours clame, il ne répondait jamais aux provocations de ceux qui avaient un peu trop bu, sachant que le tavernier intervenait systématiquement, il buvait tranquillement ses verres qu’il payait en laissant toujours un pourboire. Certainement un signe de remerciement pour le laisser tranquille pensait le tavernier.
Un soir, lorsqu’il se leva pour quitter la taverne, il entendit des hommes qui murmuraient. Il passa la porte, un vent glacial soufflait, il remonta le col de son pardessus et pris le chemin qui menait en direction de la sortie du village. A peine avait-il commencé à faire quelques pas, qu’il entendit la porte de la taverne s’ouvrir derrière lui suivit de chuchotements. Il ne tourna pas la tête et continua son chemin.
Le lendemain soir, le tavernier était en train de le servir lorsqu’il remarqua qu’une de ses tables du fond était libre. « Tient, pensa-t-il, c’est bizarre que ces deux soiffards ne soient pas là à cette heure. » La soirée se passa comme à son habitude, le voyageur laissant son pourboire avant de partir et les ivrognes que le tavernier devait mettre dehors pour pouvoir fermer son établissement.
Ce n’est que le jour suivant que les clients colportaient une drôle d’histoire. « Giboin et Senoc ne sont pas rentrés chez eux ! Le village organise une battue pour les retrouver ». Le tavernier réalisa alors que la veille ils ne les avaient pas vu. Deux jours auparavant, les deux hommes avaient bu plus que de raison et lorsqu’il les avait vu sortir, c’était pour la dernière fois. « Il doivent être ivre mort, gelé dans un fossé les bougres » lança-t-il de sa forte voix. Peu à peu l’établissement se vida, tous partant à la recherche des deux villageois.
...
Les nombreuses années où il avait voyagé l’avait marqué physiquement. Il restait là, de longues heures assis au comptoir avec son pardessus qu’il ne quittait pas, le dos courbé, les coudes posés sur le bar regardant son verre qu’il buvait en prenant son temps.
Le tavernier avait l’habitude de le voir et lui servait son rhum sans même que l’homme n’eut à le demander. Il l’appelait « Le voyageur » en rapport avec son passé mais il n’en savait pas plus. Il n’était pas très bavard et répondait seulement par un « Oui », un « Non » parfois un « Peut-être » sinon il se contentait de lever légèrement la tête jetant un regard, qui en disait plus long que tous les mots qu’il avait prononcé, avant de retourner regarder le liquide ambré qu’il faisait tournoyer dans son verre.
Le mystère planait sur sa personne et on entendait souvent les habitués, qui s’asseyaient toujours aux tables du fond, parler sur lui. Inventant des histoires les unes plus rocambolesques que les autres. Il avait été ainsi bandit de grand chemin, voleur, assassin, ermite, sauvage et même fou. Il inspirait chez eux de la crainte si bien qu’à chaque fois qu’il se levait pour partir tout le monde se taisait, un silence de mort régnait dans la taverne jusqu’à ce qu’il eût passé la porte et que celle-ci se referme derrière lui.
Le tavernier, derrière son comptoir, entendait bien les hommes qui racontaient des histoires sur le voyageur et savait très bien que lui aussi les entendait. Pourtant cela le laissait stoïque, il ne bougeait même pas un sourcil. Toujours clame, il ne répondait jamais aux provocations de ceux qui avaient un peu trop bu, sachant que le tavernier intervenait systématiquement, il buvait tranquillement ses verres qu’il payait en laissant toujours un pourboire. Certainement un signe de remerciement pour le laisser tranquille pensait le tavernier.
Un soir, lorsqu’il se leva pour quitter la taverne, il entendit des hommes qui murmuraient. Il passa la porte, un vent glacial soufflait, il remonta le col de son pardessus et pris le chemin qui menait en direction de la sortie du village. A peine avait-il commencé à faire quelques pas, qu’il entendit la porte de la taverne s’ouvrir derrière lui suivit de chuchotements. Il ne tourna pas la tête et continua son chemin.
Le lendemain soir, le tavernier était en train de le servir lorsqu’il remarqua qu’une de ses tables du fond était libre. « Tient, pensa-t-il, c’est bizarre que ces deux soiffards ne soient pas là à cette heure. » La soirée se passa comme à son habitude, le voyageur laissant son pourboire avant de partir et les ivrognes que le tavernier devait mettre dehors pour pouvoir fermer son établissement.
Ce n’est que le jour suivant que les clients colportaient une drôle d’histoire. « Giboin et Senoc ne sont pas rentrés chez eux ! Le village organise une battue pour les retrouver ». Le tavernier réalisa alors que la veille ils ne les avaient pas vu. Deux jours auparavant, les deux hommes avaient bu plus que de raison et lorsqu’il les avait vu sortir, c’était pour la dernière fois. « Il doivent être ivre mort, gelé dans un fossé les bougres » lança-t-il de sa forte voix. Peu à peu l’établissement se vida, tous partant à la recherche des deux villageois.
...