Thorondhor
Élève assidu
Enfin, c'est terminé. Pas aussi terrible que cela aurait pu, mais j'ai manqué de temps (ne rigole pas @Beauty ) pour aller au bout...
L’Aigle s’approcha pour démêler les lanières qui retenaient la Sabreuse. Les contorsions que provoquaient l’élixir lui feraient perdre bien trop de sang, car les entrelacs de cuir se resserraient autour d’elle à chaque effort, ouvrant davantage ses plaies.
Ses mains défirent rapidement les nœuds, et son regard croisa brièvement celui de sa victime. Ce qu’il y lut n’était que souffrance pure, et pourtant, il savait qu’il venait de regagner son respect. Il la laissa s’appuyer contre la muraille pour se relever, tremblante.
Il savait que Beauty l’attendait à présent : il retourna vers la Princess sans plus attendre. Il avait terminé avec tous les autres convives, et pourtant le plus éprouvant restait à venir.
Beauty s’était levée, et arpentait la salle avec impatience. Elle s’était sans doute r approchée pour jouir du supplice de la Sabreuse… Thorondhor s’inclina légèrement :
Je suis tout à vous, à présent, Princess.
Le sourire qu’elle esquissa le renseigna sur ses dispositions :
Il était grand temps ! Je commençais à prendre racine sur cet inconfortable siège...
Provoquer l’impatience et l’exaspération d’une Princess, n’est-ce pas déjà la torturer mentalement ? Vous êtes déjà tellement rompue à ces genres de choses, qu’il faut parfois savoir varier les plaisirs…
Dois-je comprendre, Volatile, que je n’aurais pas droit…
Un léger rire lui échappa.
Ne croyez pas cela, Princess. Ce soir, vous aurez tous les droits. Spécialement celui de goûter la souffrance que vous prisez tant…
Et Thorondhor recula brusquement, leva son bras encore armé du fouet qui entravait Khyd quelques instants auparavant. Son poignet effectua une légère torsion, pour permettre aux lanières d’entourer efficacement la taille de la Princess, sa poitrine, et de retenir ses mains. Beauty comprit alors quelle erreur elle avait commise, de venir vêtue de sa robe de plumes… Sous un certain angle de pression, les extrémités des plumes d’acier qu’elle avait fait mêler aux plumes de PriissL commençaient à percer sa peau, et à faire perler des gouttelettes vermeilles. Thorondhor resserra encore. Les goutelettes commencèrent à rouler doucement sur la peau diaphane. La Princess grimaça. Ce n’était pas spécialement douloureux, mais ce type de douleur diffuse et mal répartie provoquait généralement une crispation nerveuse.
Sans cesser son mouvement du poignet, il se rapprocha à nouveau de Beauty, si près que leurs fronts se frôlaient presque.
Commençons donc.
Thorondhor tourna tout à fait son poignet, et tira d’un coup sec. Les fils qui tenaient les plumes assemblées se distendirent, puis rompirent dans un tintement mélodieux, tandis que l’acier mordoré griffait son dos nu. L’Aigle hésita une fraction de seconde, puis, d’un revers parfaitement assené à la tempe, il la plongea dans l’inconscience.
Lorsqu’elle rouvrit les yeux, elle était toujours dans la même pièce, mais solidement attachée par des chaînes fines mais visiblement robustes. Elle tournait la tête avec difficulté, pour essayer de comprendre ce qu’il s’était passé. Les lumières de la pièce avaient été éteintes, à l’exception de deux torches, et du brasier qui rougeoyait toujours. Elle était étendu de tout son long, cambrée, maintenue à quelques centimètres au-dessus du sol par par un ensemble de fourches, et l’Aigle venait de se pencher vers elle.
Princess… Quel piètre hôte je fais, n’est ce pas ? Tout n’est qu’austérité et silence ici, et j’ai été si long à ne plus dédier mes soins qu’à vous…
Il sortit avec lenteur le fouet qu’il pensait utiliser. C’était l’habituel fouet à plumes d’acier. Mais il était encore poisseux de sang, et très inapproprié à la circonstance. Une Princess a droit aux meilleurs égards… Il le laissa de côté, et préféra reprendre le fouet aux fils métalliques, qu’il retira du brasier.
J’espère, Princess, que vous aimez la musique.
Les yeux d’acier de Beauty exprimèrent la plus profonde surprise. Thorondhor mélomane ? elle n’eut pas le temps de s’étonner davantage. Un ensemble harmonieux de carillons sonores tinta à ses oreilles. Le fouet se promenait sur la robe de plumes, faisait jouer à l’acier une ultime note, embrasait les plumes avant de les désassembler, tandis que la peau qu’il découvrait se parait de cuisantes entailles aussitôt refermées par le fer brûlant. L'odeur du cuir et du métal chaud se mêlait à celle, plus âpre, du sang. Thorondhor avait toujours trouvé insolite mais enivrante cette sensation de jouissance qui l'accompagnait lorsque c'était lui qui tenait le manche de l'arme, mais il s’en méfiait aussi. Il redoutait de tomber un jour esclave de ce plaisir qu’on pouvait tirer de la puissance d’infliger la souffrance. Peut-être est-ce pour cela qu’il s’arrêta.
La Princess se fendit d’une bravade moqueuse :
Déjà las ? Guère plus endurant qu’un autre… Peut-être n’as-tu pas de raisons suffisantes pour me châtier.
Thorondhor remarqua à sa lèvre déchirée que Beauty avait serré les dents, pour ne pas gémir de douleur aux derniers contacts des lanières ardentes. Il écarta les bras, et secoua la tête :
Des raisons suffisantes… Princess… Il n’y en a que trois, vous le savez, et vous verrez si elles sont suffisantes. La première est de prendre ma revanche du cercle de Pierres. La seconde de vous punir pour vos sarcasmes, quoique je ne puis prétendre y mettre fin. Et la dernière… remonte à très longtemps. Une nuit où vous êtes redevenue, pour le temps d’un supplice, la Princess des fouets qui faisait trembler les éphèbes de la Grèce lointaine. Une nuit où…
La malice fit jaillir dans les yeux de Beauty un éclat furtif. Sa voix ironique reprit :
Une nuit où j’ai fouetté une petite reine pour lui donner satisfaction ? Thoron, tu es tellement prévisible…
Thorondhor abaissa les yeux. Une lueur dangereuse s’alluma dans son regard. Ce n’était jamais bon signe, quand la puissance sauvage de l’aigle passait sous le contrôle de sa partie humaine, plus nerveuse et impulsive. Et tellement plus accessible à la cruauté.
Une nuit où vous avez ignoré la menace de représailles que j’avais émise la veille. Une nuit où vous avez délibérément bravé la protection que j’avais promise à Ama. Une nuit qui n’a jamais été vengée.
Et il tendit le bras vers un objet qu’il avait posé tout contre les fourches. Son dernier fouet.
Beauty ne le distinguait pas encore, mais elle pouvait deviner que ce n’était pas une arme aisée à manier, au vu du poinds u'elle semblait peser. Thorondhor passa son fouet métallisé dans la main gauche, et affermi sa prise autour du manche de sa nouvelle arme. Puis, avant de commencer à frapper, il sussura à l’oreille de la Princess :
Comme il aurait mieux valu que ce soit Ama qui venge cette nuit-là… Elle ne recherche que son plaisir dans les coups de fouet qu’elle donne, mais elle est si vite satisfaite de cris, qu’elle n’aurait pas su jusqu’où aller avec vous, Princess. Au contraire de vous et moi…
Il respira profondément. Le premier, le fouet métallisé s’abattit. Toujours cuisant, encore sonore. Puis, le second. La Princess sentit les chaînes de fer frapper lourdement sa peau à présent à vif. Des chaînes d’apparence fines, mais étonnement pesantes, dont chaque dernier anneau portait une boule de plomb garnie de pointes. Thorondhor ferma à demi les yeux. Le visage de sa victime devenait moins net. Le sang qui coulait le long des cordes et des fourches commença à goutter sur le sol. Le sang commença à gicler après quelques coups. Une frénésie sans précédent la saisit. Les pointes déchiraient les flancs de la Princess sans aucune pitié. De ce corps meurtri, des plaintes étouffées commencèrent à lui parvenir. Un tremblement nerveux parcourut sa nuque. Il respira à nouveau, et ralentit la cadence. Mais ses coups n’en eurent que davantage de force. Un craquement sans équivoque suivit d’un cri lui indiqua une côte brisée. Il continua un peu, en veillant à ne pas dépasser le point critique où la douleur devenait insurmontable à tout l’organisme. Très peu de temps après, il s’arrêta. Le fouet à chaînes pesait lourd et son épaule commençait à fatiguer. La mare brunâtre qui s’écoulait à ses pieds lui apprit qu’il en avait assez fait.
Un râle sourd échappa à Beauty, lorsqu’il la fit pivoter entre les fourches, tirant sur les liens et les membres meurtris. Il la détacha rapidement. Il fallait faire vite, afin qu’elle ne se vide pas entièrement de son sang. Peut-être avait-il présumé les forces de la Princess trop grandes. Sa peau était plus pâle que jamais, ses yeux vitreux avaient perdu cet éclat sauvage qui imposaient un respect forcé. Il l’étendit sur le même fauteuil qu’elle avait occupé quelques heures plus tôt. La fourrure maculée de sang devint vite poisseuse.
Thorondhor arracha quelques fioles de verre dépoli sur une étagère, et une boîte en bois d’ébène. Il ouvrit la petite boîte, et en tira des aiguilles. Les mêmes qui lui avaient servi à confectionner la robe partie en lambeaux. Il versa le contenu de la première fiole dans le creux de sa paume. Puis il commença nettoyer les aiguilles avec. La cautérisation, à ce stade là, aurait été plus douloureuse qu’utile. Il opta pour l’usage d’un élixir verdâtre de sa composition, dont il enduisit soigneusement la pointe de son aiguille, et le fil qu’il comptait utiliser. Puis il fit respirer à la Princess le contenu de sa troisième fiole. Elle sombra aussitôt dans l'inconscience. Il commença à recoudre les plaies de la Princess. Elles n’étaient pas trop nombreuses, car l’Aigle avait pris soin de frapper aux mêmes endroits, mais assez étendues. Cela lui prit un temps assez long, durant lequel il tenta de retrouver son équilibre ordinaire.
Pourtant, lorsque tout fut fini, Beauty crut distinguer les traits d’un jeune homme aux yeux sombres, lorsqu’elle se sentit transporter dans la pièce voisine. Et les lèvres qui soudain vinrent goûter les siennes avant de se retirer lentement n’étaient pas l’illusion de la fièvre…
Ses mains défirent rapidement les nœuds, et son regard croisa brièvement celui de sa victime. Ce qu’il y lut n’était que souffrance pure, et pourtant, il savait qu’il venait de regagner son respect. Il la laissa s’appuyer contre la muraille pour se relever, tremblante.
Il savait que Beauty l’attendait à présent : il retourna vers la Princess sans plus attendre. Il avait terminé avec tous les autres convives, et pourtant le plus éprouvant restait à venir.
Beauty s’était levée, et arpentait la salle avec impatience. Elle s’était sans doute r approchée pour jouir du supplice de la Sabreuse… Thorondhor s’inclina légèrement :
Je suis tout à vous, à présent, Princess.
Le sourire qu’elle esquissa le renseigna sur ses dispositions :
Il était grand temps ! Je commençais à prendre racine sur cet inconfortable siège...
Provoquer l’impatience et l’exaspération d’une Princess, n’est-ce pas déjà la torturer mentalement ? Vous êtes déjà tellement rompue à ces genres de choses, qu’il faut parfois savoir varier les plaisirs…
Dois-je comprendre, Volatile, que je n’aurais pas droit…
Un léger rire lui échappa.
Ne croyez pas cela, Princess. Ce soir, vous aurez tous les droits. Spécialement celui de goûter la souffrance que vous prisez tant…
Et Thorondhor recula brusquement, leva son bras encore armé du fouet qui entravait Khyd quelques instants auparavant. Son poignet effectua une légère torsion, pour permettre aux lanières d’entourer efficacement la taille de la Princess, sa poitrine, et de retenir ses mains. Beauty comprit alors quelle erreur elle avait commise, de venir vêtue de sa robe de plumes… Sous un certain angle de pression, les extrémités des plumes d’acier qu’elle avait fait mêler aux plumes de PriissL commençaient à percer sa peau, et à faire perler des gouttelettes vermeilles. Thorondhor resserra encore. Les goutelettes commencèrent à rouler doucement sur la peau diaphane. La Princess grimaça. Ce n’était pas spécialement douloureux, mais ce type de douleur diffuse et mal répartie provoquait généralement une crispation nerveuse.
Sans cesser son mouvement du poignet, il se rapprocha à nouveau de Beauty, si près que leurs fronts se frôlaient presque.
Commençons donc.
Thorondhor tourna tout à fait son poignet, et tira d’un coup sec. Les fils qui tenaient les plumes assemblées se distendirent, puis rompirent dans un tintement mélodieux, tandis que l’acier mordoré griffait son dos nu. L’Aigle hésita une fraction de seconde, puis, d’un revers parfaitement assené à la tempe, il la plongea dans l’inconscience.
Lorsqu’elle rouvrit les yeux, elle était toujours dans la même pièce, mais solidement attachée par des chaînes fines mais visiblement robustes. Elle tournait la tête avec difficulté, pour essayer de comprendre ce qu’il s’était passé. Les lumières de la pièce avaient été éteintes, à l’exception de deux torches, et du brasier qui rougeoyait toujours. Elle était étendu de tout son long, cambrée, maintenue à quelques centimètres au-dessus du sol par par un ensemble de fourches, et l’Aigle venait de se pencher vers elle.
Princess… Quel piètre hôte je fais, n’est ce pas ? Tout n’est qu’austérité et silence ici, et j’ai été si long à ne plus dédier mes soins qu’à vous…
Il sortit avec lenteur le fouet qu’il pensait utiliser. C’était l’habituel fouet à plumes d’acier. Mais il était encore poisseux de sang, et très inapproprié à la circonstance. Une Princess a droit aux meilleurs égards… Il le laissa de côté, et préféra reprendre le fouet aux fils métalliques, qu’il retira du brasier.
J’espère, Princess, que vous aimez la musique.
Les yeux d’acier de Beauty exprimèrent la plus profonde surprise. Thorondhor mélomane ? elle n’eut pas le temps de s’étonner davantage. Un ensemble harmonieux de carillons sonores tinta à ses oreilles. Le fouet se promenait sur la robe de plumes, faisait jouer à l’acier une ultime note, embrasait les plumes avant de les désassembler, tandis que la peau qu’il découvrait se parait de cuisantes entailles aussitôt refermées par le fer brûlant. L'odeur du cuir et du métal chaud se mêlait à celle, plus âpre, du sang. Thorondhor avait toujours trouvé insolite mais enivrante cette sensation de jouissance qui l'accompagnait lorsque c'était lui qui tenait le manche de l'arme, mais il s’en méfiait aussi. Il redoutait de tomber un jour esclave de ce plaisir qu’on pouvait tirer de la puissance d’infliger la souffrance. Peut-être est-ce pour cela qu’il s’arrêta.
La Princess se fendit d’une bravade moqueuse :
Déjà las ? Guère plus endurant qu’un autre… Peut-être n’as-tu pas de raisons suffisantes pour me châtier.
Thorondhor remarqua à sa lèvre déchirée que Beauty avait serré les dents, pour ne pas gémir de douleur aux derniers contacts des lanières ardentes. Il écarta les bras, et secoua la tête :
Des raisons suffisantes… Princess… Il n’y en a que trois, vous le savez, et vous verrez si elles sont suffisantes. La première est de prendre ma revanche du cercle de Pierres. La seconde de vous punir pour vos sarcasmes, quoique je ne puis prétendre y mettre fin. Et la dernière… remonte à très longtemps. Une nuit où vous êtes redevenue, pour le temps d’un supplice, la Princess des fouets qui faisait trembler les éphèbes de la Grèce lointaine. Une nuit où…
La malice fit jaillir dans les yeux de Beauty un éclat furtif. Sa voix ironique reprit :
Une nuit où j’ai fouetté une petite reine pour lui donner satisfaction ? Thoron, tu es tellement prévisible…
Thorondhor abaissa les yeux. Une lueur dangereuse s’alluma dans son regard. Ce n’était jamais bon signe, quand la puissance sauvage de l’aigle passait sous le contrôle de sa partie humaine, plus nerveuse et impulsive. Et tellement plus accessible à la cruauté.
Une nuit où vous avez ignoré la menace de représailles que j’avais émise la veille. Une nuit où vous avez délibérément bravé la protection que j’avais promise à Ama. Une nuit qui n’a jamais été vengée.
Et il tendit le bras vers un objet qu’il avait posé tout contre les fourches. Son dernier fouet.
Beauty ne le distinguait pas encore, mais elle pouvait deviner que ce n’était pas une arme aisée à manier, au vu du poinds u'elle semblait peser. Thorondhor passa son fouet métallisé dans la main gauche, et affermi sa prise autour du manche de sa nouvelle arme. Puis, avant de commencer à frapper, il sussura à l’oreille de la Princess :
Comme il aurait mieux valu que ce soit Ama qui venge cette nuit-là… Elle ne recherche que son plaisir dans les coups de fouet qu’elle donne, mais elle est si vite satisfaite de cris, qu’elle n’aurait pas su jusqu’où aller avec vous, Princess. Au contraire de vous et moi…
Il respira profondément. Le premier, le fouet métallisé s’abattit. Toujours cuisant, encore sonore. Puis, le second. La Princess sentit les chaînes de fer frapper lourdement sa peau à présent à vif. Des chaînes d’apparence fines, mais étonnement pesantes, dont chaque dernier anneau portait une boule de plomb garnie de pointes. Thorondhor ferma à demi les yeux. Le visage de sa victime devenait moins net. Le sang qui coulait le long des cordes et des fourches commença à goutter sur le sol. Le sang commença à gicler après quelques coups. Une frénésie sans précédent la saisit. Les pointes déchiraient les flancs de la Princess sans aucune pitié. De ce corps meurtri, des plaintes étouffées commencèrent à lui parvenir. Un tremblement nerveux parcourut sa nuque. Il respira à nouveau, et ralentit la cadence. Mais ses coups n’en eurent que davantage de force. Un craquement sans équivoque suivit d’un cri lui indiqua une côte brisée. Il continua un peu, en veillant à ne pas dépasser le point critique où la douleur devenait insurmontable à tout l’organisme. Très peu de temps après, il s’arrêta. Le fouet à chaînes pesait lourd et son épaule commençait à fatiguer. La mare brunâtre qui s’écoulait à ses pieds lui apprit qu’il en avait assez fait.
Un râle sourd échappa à Beauty, lorsqu’il la fit pivoter entre les fourches, tirant sur les liens et les membres meurtris. Il la détacha rapidement. Il fallait faire vite, afin qu’elle ne se vide pas entièrement de son sang. Peut-être avait-il présumé les forces de la Princess trop grandes. Sa peau était plus pâle que jamais, ses yeux vitreux avaient perdu cet éclat sauvage qui imposaient un respect forcé. Il l’étendit sur le même fauteuil qu’elle avait occupé quelques heures plus tôt. La fourrure maculée de sang devint vite poisseuse.
Thorondhor arracha quelques fioles de verre dépoli sur une étagère, et une boîte en bois d’ébène. Il ouvrit la petite boîte, et en tira des aiguilles. Les mêmes qui lui avaient servi à confectionner la robe partie en lambeaux. Il versa le contenu de la première fiole dans le creux de sa paume. Puis il commença nettoyer les aiguilles avec. La cautérisation, à ce stade là, aurait été plus douloureuse qu’utile. Il opta pour l’usage d’un élixir verdâtre de sa composition, dont il enduisit soigneusement la pointe de son aiguille, et le fil qu’il comptait utiliser. Puis il fit respirer à la Princess le contenu de sa troisième fiole. Elle sombra aussitôt dans l'inconscience. Il commença à recoudre les plaies de la Princess. Elles n’étaient pas trop nombreuses, car l’Aigle avait pris soin de frapper aux mêmes endroits, mais assez étendues. Cela lui prit un temps assez long, durant lequel il tenta de retrouver son équilibre ordinaire.
Pourtant, lorsque tout fut fini, Beauty crut distinguer les traits d’un jeune homme aux yeux sombres, lorsqu’elle se sentit transporter dans la pièce voisine. Et les lèvres qui soudain vinrent goûter les siennes avant de se retirer lentement n’étaient pas l’illusion de la fièvre…