Sa question était restée en suspens. En bas de l'arbre, alors que le feu crépitait toujours, son compagnon de fortune avait déserté. Peu rassurée, mais pensant qu'il avait sans doute besoin d'un peu de solitude, elle ne s'en était pas inquiété et avait finit par sombrer dans un profond sommeil
A son réveil, aux premières heures du jour, son regard se posa sur le foyer au centre duquel le bois avait fini de brûler. Personne alentours. Etait-il possible que Daerrion l'ai abandonné? Elle attendit un temps, puis dû se faire une raison. Pourquoi un Drow normalement constitué s'embêterait à traîner une humaine comme un boulet à sa cheville ?
Voilà plusieurs jours qu'elle marchait en direction du sud. Elle n'en était pas sûre, mais elle avait lu un livre qui laissait penser que la mousse qui poussait sur les arbres était plus abondante sur leur face nord. Elle s'obstinait donc à se diriger dans la position opposée. Elle n'avait aucune idée de la distance parcourue, ni de la distance qui lui restait à parcourir, mais elle s'était résolue à trouver un plan d'eau suffisamment large qui pourrait correspondre à ce qu'elle pensait être un lac sur la carte. Elle l'avait déduis des deux seuls mots qu'elle avait traduit: Lune et miroir. Pourquoi pas. Le Drow qui avait créé cette carte pouvait, peut être, avoir l'âme d'un poète. Elle se rendit compte que c'était assez improbable et eut un rire nerveux.
- Il faut bien que je prenne une direction de toute façon.
Aysun se parlait souvent ces derniers jours, maudissant parfois son ancien compagnon, s'émerveillant d'autres fois sur la beauté du chant des oiseaux ou encore se posant des questions dont elle n'avait point les réponses.
Cela occupait son esprit tandis qu'elle errait comme une âme en peine sur les flancs boisés d'une montagne. Elle n'avait, étonnement, pas croisé d'autre gros loup, rhül, ni personne. Pourtant, elle se sentait souvent épiée. La suivait-il de loin, attendant patiemment qu'elle ne se rompe le cou ou se fasse dévorer par une créature répugnante ? La cruauté innée des Drows rendait cette option plausible.
Elle faisait cuire sa nourriture le jour, la fumée étant moins détectable en pleine journée et montait dans un arbre la nuit tombant. Elle dormait peu et mal et parfois elle regrettait amèrement le départ de Daerrion. Cette vaine depuis la mort de son geôlier ne pouvait pas durer et chaque nuit elle s'attendait à ne pas se réveiller le lendemain. Et pourtant, chaque matin, elle ouvrait un oeil, puis l'autre sur la nature environnante.
Ce ne serait sans doute pas le cas ce jour là. Perchée sur une branche, le dos en appui sur le tronc, alors qu'elle sentait ses paupières s'engourdir, un souffle chaud dans sa nuque la figea. Elle ferma les yeux, prête à laisser la mort récupérer son âme torturée.