Quelle plaie, cette pluie! Grogna le gobelin.
Tais-toi et avance, imbécile! Si on les perd, ce sera de ta faute, pesta l'elfe, dont la peau anthracite faisait ressortir le rouge de ses yeux.
La pluie est l'essence de toute vie mes chers amis! Mais, dites moi, est-ce la beauté de ce phénomène qui fait naître tant de romantisme en vous? Je vais devoir vous surveiller de près, oh oh ! dit l'homme-arbre, d'un ton coquin.
Pff, j'vais le tuer lui aussi.... soupira l'elfe.
Le gobelin, quant à lui, se contenta de cracher par terre. Ils filaient depuis des heures leurs proies, et même si en apparence ils semblaient s'égarer facilement, ils étaient comparables à une horde de félins, ondulant sans bruit dans la végétation, traquant leur proie avec une soif de sang qu'ils savaient contenir à la perfection. Ils pourraient lui laisser libre court bientôt, et pour rien au monde ils ne se seraient trahis, ce serait un tel gâchis ! Le nain les fit s'arrêter. Il parlait peu et se contentait d'aller à l'essentiel quand il le faisait.
L'homme à leur tête devient plus vigilant. Séparons-nous en deux, et longeons les des deux côtés. La traque prendra bientôt fin. A ces mots, un sourire carnassier se dessina sur les lèvres de chacun. Oh oui, quelle soif de sang ...
L'homme-arbre et le gobelin partirent de leur côté, tandis que l'elfe et l'homme continuèrent leur chemin.
Pendant ce temps, Dame Evy revêtait ses habits de dirigeante, à savoir une tunique de cuir et de tissus dans les tons de ces nuits obscures et inquiétantes qui glaçaient les os, relevait ses cheveux noirs de jais en chignon évasé et fou, lui donnant l'air plus dominatrice que jamais. Elle sourit à son reflet, brûlant d'enthousiasme pour le départ prochain de ses troupes, en direction des îles. Mais ce n'était pas tout. Le dernier message reçu de sa troupe d'élite qui suivait nos "élus" portait de fameuses nouvelles. Le sang coulerait bientôt, elle devait bien ça à son armée! Une fois prête, elle partit en direction de la passerelle où quelques jours auparavant elle avait tenu son discours. Aujourd'hui, elle allait en tenir un nouveau, encore plus poignant, plus puissant que jamais. Elle avait même prévu un sort d'amplification, qui allait permettre à toute vie dans le fort d'entendre sa voix. Il était temps. Elle passa l'entrée qui menait à la passerelle, l'air plus radieux et cruel que jamais. Les griffons étaient prêts, le dirigeable aux couleurs du ciel, était prêt; seul les troupes attendaient, silencieusement, les mots de leur déesse.