La Sabreuse avait enfin repéré ses victimes. Ils venaient à la taverne à pas de loup et repartaient tout aussi furtivement. Une rumeur courait qu’ils pouvaient se transformer à loisir en chat ou en belette. Peut-être était-ce là le secret de leur discrétion.
Elle lança l’assaut ses lianes ensorcelées qui ficelèrent promptement Kaaru et Karina. Ils commencèrent à se débattre et s’arrêtèrent soudainement. Avec un grand sourire, la Sabreuse leur dit :
- Ah, je vois que vous avez compris. En effet, plus vous vous débattez et plus les lianes se resserrent. Allez, suivez-moi maintenant. Et inutile de vous transformer en chat ou en belette, ça ne marcherait pas.
Ils descendirent les escaliers sombres qui menaient aux cachots. La Sabreuse poussa une porte vermoulue et pénétra dans la salle. Des croix étaient aux murs et un autel trônait au milieu. Des chaînes pendaient du plafond au dessus d’un trou où on entendait un clapotis.
- Mmmm, que vais-je faire de vous, leur dit-elle en jetant un oeil à la table dressée contre une paroi. Tant de possibilités s’offrent à moi, qu’il m’est difficile de savoir quoi choisir.
Plusieurs minutes passèrent, quand, enfin, elle prit une décision. Elle attacha Karina à une croix et lia Kaaru sur l’autel. Elles leur ota leur haut, laissant dénudé le dos de la femme et la poitrine de l’homme.
- Vous avez de la chance, je vais tenter de l’inédit avec vous. Enfin quand je dis de l’inédit, ce n’est pas vraiment vrai. Certains habitués du Fouet Cinglant sont experts dans cette discipline. Cependant, ça sera une première pour moi et il faut bien que je m’entraîne, leur dit-elle en souriant.
Elle alla vers la table et elle s'empara de menus objets. Puis elle revint vers l’homme. Elle passa doucement la main sur le torse et se pencha à son oreille.
- Si tu cries, ta compagne sera punie, lui murmura-t-elle.
Elle vit avec plaisir les mâchoires de l’homme se serrer et ses lèvres se pincer. Elle lui asséna alors un coup sur le plexus solaire. Kaaru ne broncha pas. Elle lui montra alors ce qu’elle tenait dans ses poings fermés. C’était des épines d’acacia. Kaaru lui lança un regard d’incompréhension.
Alors très lentement, elle enfonça une aiguille dans l’articulation de l’épaule droite. L’homme gémit, la Sabreuse porta un doigt à sa bouche et fit “chut !!!”. Puis elle fit de même à l’autre épaule et Kaaru ne pipa mot. Pendant ce temps là, elle sentit l’inquiétude grandir chez Karina.
Elle prit une autre épine et l’enfonça délicatement dans l’articulation du coude, Kaaru ne put s’empêcher de hurler. Un sourire se dessina sur les lèvres de la Sabreuse.
- Quel dommage !!! Je vais devoir punir Karina, s’exclama-t-elle.
Elle alla vers la table et sa main se promena sur les divers accessoires.
- Que vais-je choisir ? Terrible ou Sacrifice ? Épines ou rasoirs, hésita-t-elle. Rasoirs ou épines ? Telle est la question. Puisque c’est le thème du jour, ce sera Terrible, mon fouet à la lanière garnie d’épines.
Elle fit quelques pas vers la femme et Terrible entra en action, écorchant la peau tendre du dos. Les cris de Karina se répercutèrent sur les parois. Une fois sa besogne faite, elle retourna auprès de l’homme. Son corps était couvert de sueur sous l’effet de la douleur, mais ses yeux lançaient des éclairs de colère mêlée de haine à sa tortionnaire. Elle repris son ouvrage. Elle enfonça des épines dans les tétons de Kaaru, il gémit.
- Chut, te dis-je !!! s’exclama-t-elle. Il me semble que tu voulais protéger tes tétons fut un temps. Eh bien voilà, ils ne sont plus vierges maintenant.
Puis elle fit pénétrer très lentement une épine dans l’autre articulation du coude. Le corps de Kaaru s’arqua sous la douleur et il ne put retenir son cri.
- Tu sais ce que je vais faire maintenant. Tu es courageux mais je vais devoir punir Karina, lui dit-elle.
- Non, ne la touche pas !!! Hurla Kaaru.
- Je suis navrée mais tel était notre marché. Un cri de ta part et Karina serait punie. Je tiens toujours parole, lui affirma la Sabreuse.
Elle s’empara d’une petite fiole et avec l’aide d’une pipette, elle grava un sabre dans la peau de Karina. Au contact du liquide, la jeune femme gémit. La Sabreuse recula et admira son oeuvre. Puis elle se retourna vers Kaaru. Il était aux portes de l’évanouissement. Elle était déçue, elle aurait bien poussé un peu plus loin mais il pouvait lui servir un jour prochain, alors il ne fallait pas trop l’abîmer. Elle prononça une formule et les aiguilles s’envolèrent pour se poser sur la table. Puis d’un claquement de doigt, les liens de Karina et de Kaaru se défirent. Puis elle s’agenouilla près de Karina.
- Voici de quoi te soigner, lui dit-elle en lui tendant une fiole. Tu n’auras pas de cicatrice si tu appliques l’élixir rapidement. Par contre, le Sabre sera toujours là. Rien ne peut l’effacer. Vous vous rappellerez toujours de moi.
Sur ces quelques mots, elle les abandonna dans le cachot. La Sabreuse se rendit ensuite dans la salle de la taverne car elle n’avait pas l’intention de s’arrêter en si bon chemin…