Un conte, un rêve
Un conte, un rêve Dans le petit village de Darix, tous les soirs, une conteuse racontait ses merveilleux contes aux enfants des villageois. Elle s'installait sur la place, en face de l'église avec une montagne de livres près d'elle. Pour l'écouter, certains s'asseyaient sur les marches de l'église, d'autres sur le bord de la fontaine, et même par terre... Marine, notre héroïne, écoutait attentivement les histoires de la conteuse, réelles ou irréelles, vraies ou inventées, peu importe ; elle raffolait de ses histoires passionnantes. Ce soir-là, le conte racontait l'histoire d'un lutin.
« Il était une fois, un lutin qui habitait dans une petite chaumière, au plein cœur d'une clairière... etc... Alors il partit dans la forêt lointaine... etc... Il transforma un cailloux etc... Et fin ! » Le conte terminé, certains enfants s'exclamèrent : -« Je suis sûr qu'il existe, mon cousin a dit qu'il l'a déjà vu ! – - Moi aussi, c'est pas mon cousin qu'il l'a vu, mais quelqu'un dans ma famille ! - Mais il n’existe même pas votre lutin ! Ce n'est qu'une légende !!! s'écria Marine -Bon, arrêtez de vous disputer ! Que vous y croyez ou pas, chacun a son avis. S'exclama la conteuse. - Au revoir, à demain soir, et soyez-là ! - A demain ! répondit Marine - Au revoir », répondirent à leurs tours quelques enfants. Tous les enfants rentrèrent chez eux, ainsi que la conteuse et les quelques villageois qui l'avaient écoutée.
Marine rentra chez elle, ses parents habitaient au fin fond du village, elle tourna à droite, puis à gauche, et encore à droite... Enfin arrivée, elle se coucha, puis s'endormit. Soudain, elle aperçut par la fenêtre de sa chambre, un petit bonhomme, vêtu de couleurs vives. Comme la jeune fille était très curieuse, elle escalada la fenêtre de sa chambre pour aller le rejoindre. Il courut, elle le suivit, mais il se dirigea vers la forêt. Aussi rapide qu'un lièvre, elle le rattrapa, et l'arrêta. Elle le regarda attentivement, dans la nuit noire et obscure. Il avait de grands yeux brillants. De petits bras, de petites jambes, de petits pieds, de petites mains... Il mesurait moins d'un mètre. Elle dit : -« C'est sûr que ce n'est pas avec tes petites jambes que tu allais gagner cette poursuite ! -Comment osez-vous, jeune fille, vous moquer de moi ?!»lui rétorqua le lutin. Et d'un seul coup, il se mit à tourner en rond, en répétant cette mystérieuse phrase :
« BULCEROSAPETIT ».
Marine se mit à rapetisser, elle devenait de plus en plus petite et s'inquiétait de plus en plus. Ses mains devinrent des petites pattes. Sa peau se recouvrit de poils roux flamboyants. Une longue queue touffue lui poussa en bas du dos. Ses yeux se transformèrent en deux petites perles noires. Elle venait de se transformer en écureuil. - « Voilà, ça t'apprendra ! », dit le lutin. Il partit en courant au loin. Le temps que Marine se rende compte de ce qui lui était arrivé, elle avait déjà perdu de vue le lutin. Alors elle s'avança. Habituée à marcher debout sur ses deux jambes, la jeune fille perdit tout de suite l'équilibre. Elle dut donc s'habituer à marcher sur ses quatre petites pattes poilues. Une heure s'écoula, puis deux, elle tournait toujours en rond dans cette mystérieuse forêt. Puis elle aperçut de la lumière.Elle hésitait à s'en approcher mais de toute façon, elle n'avait rien à y perdre.
Il s'agissait bien d'une maison. Depuis sa métamorphose, Marine voyait le monde beaucoup plus grand. Ne pouvant pas frapper à la porte, elle se faufila par la fenêtre. Et là, elle vit le lutin, qu'elle avait rencontré un peu plus tôt, près d'une cheminée. Voilà d’où provenait cette mystérieuse lumière ! Soudain, Marine repensa à tout ce qui s'était passé durant cette aventure. C'était presque identique à l'histoire de la conteuse : un lutin, une chaumière, une forêt... :
« -Alors, tu exis... » BOOOUMMM !!!
Un grand bruit retentit. Une poutre du plafond vint s'écrouler, juste à côté de la cheminée. La poutre s'enflamma... La température montait de seconde en seconde, le plafond commençait lui aussi à s'écrouler. La tension dans la pièce était à son comble. Le lutin ne sachant pas quoi faire s'affola et courut dehors en direction de la forêt. Pendant ce temps, dans la maison les poutres du plafond tombaient une à une et flambaient chacune à leur tour. Le crépitement du feu retentit dans toute la maison. Et pour Marine le danger était d'autant plus redoutable qu' elle ne pouvait pas bien voir les poutres qui continuaient de tomber. Mais malgré sa petite taille, elle réussit à sauter par la fenêtre et à se mettre à l'abri du feu, loin de la petite maison. Elle vit le lutin et elle alla vite le rejoindre pour finir sa phrase quelle n'avait pas pu terminer :
-« Alors, tu existes vraiment ?! Les autres ont raison ?! Elle y croyait maintenant quand, soudain, elle reprit sa forme humaine. - « Tu es vraiment le lutin ?
-Ne m'appelle plus « lutin » !!! Pour la deuxième fois, il se vengea d'elle en lui jetant l'eau de sa gourde à la figure. Elle se frotta les yeux, et les rouvrit . -« Marine, tu le fais exprès ou quoi ?! Cela fait cinq fois que je t'appelle ! On dirait que tu fais semblant de dormir !criait une voix. -Alors tu es vraiment le lutin? demanda encore Marine. -Mais, de quoi tu parles ? interrogea cette même voix. -Bah du lutin, le même que l'histoire de la conteuse ! -Hein ?! Arrête tes bêtises, debout ! Allez!!! ». Sa mère, un sceau vide à la main, repartit énervée. Pour Marine ce rêve était une révélation. Passionnée de la littérature, elle mit sur papier sa fameuse histoire et elle la raconta quelques années plus tard aux enfants du village.
Pour que la magie de ce conte opère, peut-être ne suffit-il pas de l'écouter mais tout simplement d'y croire...
fin !