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Histoires Légendes des Merveilles Antiques

Xathos

Jeune pousse
Bonjour à toutes et tous,

Je me suis lancé dans la rédaction de petites nouvelles ayant pour inspiration/toile de fond les Merveilles Antiques sur le tchat de ma confrérie. Les membres de la confrérie ayant semblé apprécié ce petit exercice littéraire, je me suis dit que je pouvais aussi les proposer sur le forum. Bonne lecture !


Une légende... Le Tome des Mystères (1)

Il existe, à Elvenar, un bâtiment que l’on nomme le Tome des Mystères. Son nom provient des parchemins géants qui tournoient entre ses murs, flottant paresseusement autour de sa structure comme des ailes d’encre et de mémoire.

Chacun de ces parchemins narre une quête. Ils vibrent de magie ancienne, murmurent au vent des histoires oubliées, et inscrivent sans cesse de nouveaux récits dans leurs fibres mouvantes. Nul ne sait qui les a tissés, ni comment ils restent suspendus dans l’air, dociles mais vivants. Certains affirment que ce sont les souvenirs des artefacts eux-mêmes, désireux de partager leurs découvertes. D’autres pensent qu’un ancien peuple, disparu depuis des ères, a lié sa propre mémoire à ces feuilles volantes.

Isendre était originaire des Plaines Célestes. Elle n’avait jamais quitté sa ville, perchée sur des arches de pierre naturelle, mais rêvait chaque nuit de mers de sable, de jungles sans nom, et d’artefacts enfouis dans des grottes oubliées. Ce n’était pas l’or ou la gloire qu’elle cherchait, mais la compréhension. Elle croyait que chaque objet ancien contenait une vérité, et qu’en les écoutant, on pouvait peut-être comprendre l’histoire du monde.

Un soir, alors qu’elle observait les constellations, un parchemin vint se poser près d’elle, comme porté par une brise surnaturelle. Il n’était pas fait de papier, mais d’un tissu vaporeux, presque vivant. Lorsqu’elle le toucha, des images envahirent son esprit : des visages, des ruines, un labyrinthe sculpté dans les entrailles d’une montagne… et, dominant le tout, une colonne, aux flancs couverts de parchemins dansants.

Elle sut alors que le parchemin lui montrait une route, une invitation.

Le voyage fut long. Isendre traversa des forêts où les arbres chantaient la nuit, marcha sur des terres où les pierres pleuraient à la pleine lune, et navigua sur un fleuve dont l’eau chuchotait les secrets des morts. À chaque étape, elle découvrait un artefact, souvent oublié ou ignoré par les peuples locaux : une lanterne qui révélait les mensonges, une clef qui n’ouvrait que les coffres scellés par l’amour, une coupe vide qui apaisait la soif de vengeance.

Elle nota tout. Chaque découverte, chaque rencontre, chaque émotion.

Quand elle parvint enfin à destination, le vent y était tranchant et chargé de cendres. Le Tome se dressait devant elle, immobile mais vivant, ses parchemins murmurant un langage ancien. Des centaines de chercheurs, scribes, mages et rêveurs erraient autour, certains étudiant les textes, d’autres tentant d’en apprivoiser un.

Mais lorsque Isendre approcha, les parchemins se figèrent. Puis l’un d’eux, plus large que les autres, descendit lentement et s’enroula autour d’elle, comme pour l’accueillir. Il se mit à écrire, par lui-même, dans une calligraphie d’encre noire et d’argent, les récits qu’elle avait consignés dans ses carnets.

Le bâtiment avait reconnu une exploratrice. Une conteuse de vérités.

Le Tome était bien plus vaste qu’il n’en avait l’air. Des couloirs en spirale, des galeries suspendues, des arches flottantes. L’air y vibrait d’intelligence et de magie. Des chercheurs, vêtus de longues robes aux motifs changeants, étudiaient les parchemins capturés dans des sphères de verre. À chaque lecture, une brume naissait autour du lecteur, formant des images, des souvenirs tangibles.

C’est là qu’Isendre comprit la véritable nature du lieu : chaque artefact, chaque quête, chaque leçon vécue par un aventurier devenait ici une source de connaissance. Les scientifiques de ce monde ne tiraient pas leur savoir des livres figés, mais de l’expérience vivante de ceux qui osaient chercher.

Elle passa des semaines, puis des mois en ce lieu. On lui demanda de relater ses voyages, de toucher certains parchemins pour les faire réagir, de guider d’autres aventuriers dans des missions inspirées de ses récits. Et elle le fit avec une passion calme, sachant que chaque histoire ajoutait une pierre au vaste édifice du savoir.

Un jour, alors qu’elle contemplait le lever du soleil depuis une terrasse brumeuse, un enfant s’approcha. Il tendit la main vers un parchemin flottant, qui s’y posa doucement.

« Est-ce qu’un jour, moi aussi, je pourrai partir en quête ? » demanda-t-il.

Isendre sourit. « Ce bâtiment existe pour cela. Il est né de nos histoires. Et chaque quête commence toujours par une question. »

Depuis ce jour, des milliers d’aventuriers vinrent au Tome des Mystères. Certains apportèrent des reliques chantantes, d’autres des énigmes jamais résolues, et quelques-uns, de simples mots qui changèrent le cours de la science ou de la magie. Tous furent inscrits.

Et dans la grande salle centrale, au pilier mouvant, un nouveau parchemin fut un jour hissé parmi les autres. Il portait un seul nom, en lettres dorées : Isendre des Plaines Célestes.

Car elle n’avait pas seulement raconté ses découvertes. Elle avait réveillé, en ce monde oublié, la plus précieuse des qualités : la curiosité.
 
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Xathos

Jeune pousse
Une légende… L’Abysse doré (2)

La ville d’Aurépine se dressait au sommet d’un plateau rocheux, ses maisons de pierre dorée resplendissant au soleil couchant. Mais ce n’était pas la beauté de ses murs qui attirait les foules, ni le parfum de ses marchés : c’était ce qui se trouvait sous ses pieds.
On racontait qu’une mine d’or infinie y battait comme un cœur, nourrissant la cité de richesses sans fin. Des caravanes entières grimpaient chaque semaine la route sinueuse, chargées d’aventuriers, de marchands et de curieux. Tous voulaient voir de leurs yeux l’« Abysse dorée », cette spirale colossale creusée dans les entrailles de la terre.

Karel, un mineur au visage creusé par la poussière et les années, savait que le spectacle valait le détour. Du bord de la rampe principale, on apercevait des dizaines de niveaux circulaires, éclairés par des lampes magiques suspendues dans le vide. En bas, très loin, des silhouettes extrayaient sans relâche la roche dorée, leurs pioches résonnant dans un écho métallique.

Pourtant, Karel savait aussi ce que les visiteurs ignoraient : personne n’avait jamais trouvé le fond.
Et plus on descendait, plus la chaleur devenait insupportable, plus l’air vibrait d’un grondement sourd.

Ce matin-là, alors qu’il s’apprêtait à descendre pour son quart, Karel aperçut une jeune femme observant la mine avec une intensité presque inquiète.
— Première fois ici ? demanda-t-il.
— Oui… murmura-t-elle. On dit que c’est sans fin.
— On dit beaucoup de choses, répondit-il en haussant les épaules. Mais l’or est bien réel.

Elle tourna vers lui un regard clair comme l’acier.
— Et à quel prix ?

Karel fronça les sourcils, mais elle ne dit rien de plus. Elle se présenta simplement : Lyra, érudite de passage. Elle souhaitait, affirma-t-elle, « étudier la source de cette abondance ».

Les mineurs se moquaient d’habitude des étrangers qui venaient poser trop de questions. Mais il y avait chez Lyra une détermination tranquille qui ne ressemblait pas à la naïveté des touristes. Contre toute logique, Karel accepta de l’emmener avec lui dans les galeries profondes.

Ils descendirent par les rampes, entourés de bruits de marteaux et de chariots grinçants. Plus bas, les parois scintillaient de veines d’or pur, épaisses comme des racines. Elles semblaient presque pulser. Lyra posait souvent la main sur la roche, comme pour en sentir le battement.

— C’est vivant, souffla-t-elle à mi-voix.
Karel se figea.
— Quoi ?
— Vous ne l’entendez pas ? Ce rythme… régulier. Comme un souffle.

Il se rendit compte qu’elle avait raison : derrière le vacarme de la mine, il y avait ce grondement profond, presque… organique. Karel tenta de rire.
— Peut-être que la montagne rêve.

À mesure qu’ils descendaient, la chaleur devint suffocante. La lumière des lampes dansait étrangement, projetant des ombres mouvantes. Quelques mineurs les dépassèrent, mais aucun ne semblait vouloir s’aventurer plus bas que le vingt-septième cercle. Là, un vieux panneau indiquait en lettres effacées : Accès interdit – Risque d’effondrement.

Karel hésita. Mais Lyra, imperturbable, franchit la limite.

Au trente-troisième cercle, ils atteignirent une caverne immense. Le sol y était parcouru de fissures d’où émanait une lueur dorée, liquide comme du métal fondu.
— Par les Dieux… murmura Karel.
Lyra s’agenouilla, sortit un petit récipient et recueillit une goutte de cette lumière.
— Ce n’est pas de l’or, dit-elle. C’est… une essence. Une énergie vivante.

Karel sentit un frisson le parcourir.
— Si ce n’est pas de l’or, alors… qu’est-ce qu’on extrait depuis tout ce temps ?
— Une partie seulement, répondit-elle. Le reste continue de circuler. Cette mine… c’est la plaie ouverte d’un être ancien.

À ce moment, le grondement s’intensifia. Les fissures s’élargirent, et un souffle brûlant les enveloppa. Une voix sourde, incompréhensible, résonna dans leurs crânes. Karel tituba. Lyra, au contraire, semblait écouter attentivement.

— Il est prisonnier, dit-elle. Et chaque coup de pioche affaiblit ses chaînes.
— Alors… on devrait arrêter.
Elle le regarda longuement.
— Croyez-vous que la ville au-dessus renoncera à sa source d’or ?

Ils remontèrent en silence. À mesure qu’ils se rapprochaient des niveaux supérieurs, le vacarme de la mine reprenait le dessus sur le grondement. Au sommet, Lyra le remercia simplement.

— Je dois partir, dit-elle. Mais un jour, cette ville paiera pour sa cupidité.
— Et vous ?
— Je reviendrai, quand il sera temps.

Elle disparut dans la foule des marchands. Karel resta longtemps à regarder l’entrée de la mine, l’oreille tendue vers les profondeurs. Il savait qu’il continuerait à descendre, jour après jour, car il n’avait que ce métier. Mais désormais, il travaillerait en sachant qu’à chaque morceau d’or arraché à la roche, ils approchaient un peu plus du réveil de ce qui dormait là-dessous.

Et un jour, Aurépine ne brillerait plus d’or, mais de flammes.
 

Xathos

Jeune pousse
Une légende... L'excavation sans fin (3)

Dans les collines de Gravenne s’ouvrait l’Excavation sans fin, un gouffre qui n’effrayait personne. Contrairement aux abîmes ordinaires, il ne dégageait ni froid, ni menace : on disait qu’il chantait. À l’aube, quand le brouillard recouvrait les landes, le gouffre murmurait comme une harpe souterraine, et peu après, ses parois se mettaient à fleurir de matières nouvelles.

Certains jours, on y trouvait des blocs d’obsidienne lisse comme du verre, parfaits pour les lames de cérémonie. D’autres matins, des veines de cuivre ou d’argent apparaissaient, et parfois même, des grappes de pierres fines, translucides comme des gouttes d’eau. Les artisans du village voisin s’en servaient pour créer des bijoux et des objets que l’on disait bénis par la terre elle-même.

On raconte qu’un jour, une petite fille du village, Mira, s’approcha du gouffre avec une poupée de chiffon déchirée. Elle demanda à voix haute :
— Puisque tu donnes tout ce dont on a besoin, pourrais-tu donner de quoi réparer ma poupée ?

Le lendemain, au bord du gouffre, on trouva un minuscule rouleau de fil doré, assez résistant pour recoudre mille jouets. L’enfant en fut émerveillée, et dès lors, elle s’amusa à demander des choses étranges et poétiques : un éclat de lumière solide, une pierre qui chante sous la pluie, une plume qui ne tombe jamais au sol.

Peu à peu, les adultes comprirent que l’Excavation ne donnait pas seulement des richesses, mais aussi des merveilles — à condition qu’on ose rêver. Depuis ce temps, les habitants ne se contentent plus d’extraire les métaux utiles : ils déposent au bord du gouffre de petites offrandes et des souhaits d’enfants, convaincus que la terre, au fond, aime partager ses secrets avec ceux qui savent l’écouter.
 

Xathos

Jeune pousse
Une légende... L'Aiguille des Tempêtes (4)

Nul ne se souvenait du temps où l’Aiguille des Tempêtes avait été dressée. Depuis toujours, ses anneaux mouvants s’élevaient dans le ciel comme des cibles de pierre et de lumière, tournant l’un dans l’autre au gré d’un vent invisible. Certains disaient que c’était un vestige d’une guerre antique entre dieux et mortels, d’autres affirmaient que la tour vivait, qu’elle respirait encore.

Chaque soir, les recrues de la caserne montaient la pente rocheuse jusqu’au monument. Là, sous les anneaux mouvants, les arcs vibraient d’eux-mêmes, les lances s’alourdissaient dans les mains inexpérimentées et chaque flèche décochée filait plus droit qu’en plaine. On racontait que l’Aiguille choisissait ses favoris : ceux dont la concentration survivait à la danse des cercles. Les élus devenaient des tireurs hors pair, capables d’atteindre l’œil d’un corbeau en plein vol.

Ce soir-là, pourtant, quelque chose changea. Quand la première recrue décocha sa flèche, les anneaux accélérèrent, s’entrechoquant dans un grondement de tonnerre. Des éclairs bleus jaillirent, griffant la nuit. La rumeur monta dans les rangs : l’Aiguille s’éveillait.

Un jeune archer, terrifié mais fasciné, resta seul face au monument. Les cercles se refermèrent lentement sur lui, comme s’ils le jaugeaient. Il tendit son arc, lâcha la corde, et la flèche se perdit dans la tempête. Pourtant, les anneaux s’apaisèrent aussitôt, reprenant leur lente rotation.

Au matin, on le retrouva agenouillé au pied de la tour, les yeux brillants d’une lumière qu’aucun homme n’aurait dû porter. Depuis ce jour, on dit que l’Aiguille ne formait plus seulement des guerriers. Elle choisissait ses champions.
 

Xathos

Jeune pousse
Une légende... Le Monastère martial (5)

Le monastère martial s’élevait au flanc de la montagne comme un poing pétrifié tendu vers le ciel. Ses murs de granit, polis par des siècles de vent, portaient les cicatrices du temps, mais aussi l’éclat d’une sagesse immuable. Chaque marche gravie menant à ses lourdes portes de bois résonnait du souffle des guerriers qui, jadis, avaient foulé le même chemin. Aurel, jeune soldat marqué par la poussière et la fatigue, franchit le seuil en silence. Il ne venait pas chercher la gloire, encore moins les honneurs : il venait chercher un répit. L’air du monastère avait quelque chose d’apaisant. Les cloches de bronze tintaient doucement, comme si elles battaient au rythme d’un cœur invisible. À l’intérieur, la cour centrale ouvrait sur un jardin de pierres, où chaque rocher semblait raconter une histoire. Les novices en tunique grise méditaient immobiles, tels des troncs enracinés dans la terre. Plus loin, on entendait le claquement des bâtons de bois : des moines-soldats s’entraînaient, leurs gestes précis dessinant dans l’air une danse ancienne. Le maître du lieu, un vieil homme aux cheveux blancs retenus en un chignon simple, s’approcha. Ses yeux semblaient refléter à la fois la rigueur du combat et la tendresse des saisons.
— Ici, dit-il, les armes reposent autant que les âmes. Tu ne trouveras pas la guerre entre ces murs, seulement le silence nécessaire pour la comprendre.

Aurel inclina la tête. Il passa les jours suivants à marcher parmi les colonnes sculptées de dragons, à écouter le murmure des cascades qui entouraient le monastère. Chaque pierre, chaque fresque murale, témoignait d’une culture disparue mais vivante dans la mémoire des lieux. Peu à peu, il sentit ses pensées s’alléger, comme si les combats passés perdaient de leur poids. Un soir, sous la lueur tremblante des lanternes, il observa les moines pratiquer la « danse du vent brisé ». Leurs mouvements étaient rapides et fluides, mais aucun n’exprimait la violence. C’était une chorégraphie de discipline, une offrande aux ancêtres. Aurel comprit alors : le monastère martial n’était pas seulement un sanctuaire pour les guerriers, mais aussi un pont entre les âges, où la mémoire se transformait en force intérieure. Quand l’heure vint de repartir, il posa la main sur la pierre tiède du portail. Derrière lui, le monastère continuait de respirer, imperturbable. Devant lui, le monde des batailles l’attendait. Mais quelque chose en lui avait changé : il portait désormais le silence des pierres comme une armure invisible.
 

Xathos

Jeune pousse
Une légende... Le Phare de Cristal (6)

On l’appelait le Phare de cristal, mais personne n’avait jamais vu de navire s’orienter grâce à lui. Il se dressait à la lisière des marais, rongé par le temps, ses pierres couvertes de mousse et ses arches éventrées. D’antiques piliers soutenaient à peine ce qu’il restait de la toiture, envahie par les racines d’un arbre colossal. L’arbre semblait s’être nourri de la bâtisse elle-même, ses branches s’élevant plus haut que la tour, comme pour étreindre le ciel.

Au sommet, un étrange phénomène captivait les rares voyageurs assez téméraires pour approcher. Suspendu dans l’air, sans chaînes ni supports, flottait un cristal gigantesque, d’un violet profond. Il pulsait lentement, comme s’il respirait. À chaque battement, un halo de lumière parcourait ses facettes et se répercutait le long des murs, éclairant l’intérieur en ruine de reflets mouvants. Certains disaient entendre des murmures lorsqu’ils fixaient trop longtemps ses miroitements, d’autres prétendaient y voir des ombres traverser la surface comme derrière une vitre.

Un soir, Elian, un jeune cartographe, osa franchir le seuil. La brise du marais s’éteignit dès qu’il pénétra dans le hall effondré, comme si l’air lui-même retenait son souffle. Le sol était jonché de débris et de racines luisantes, couvertes d’une sève étrange qui vibrait au même rythme que le cristal.

Elian suivit ce battement lumineux comme on suit un sentier. Chaque pas semblait l’amener non pas vers le haut de la tour, mais plus profondément en lui-même. Le cœur du bâtiment battait à l’unisson avec le sien. Il finit par lever les yeux vers le cristal qui tournoyait au-dessus. Et alors, une certitude le frappa : ce n’était pas une lumière destinée à guider des voyageurs perdus dans la nuit… mais un signal.

Vers qui — ou vers quoi — ce signal était-il envoyé ?
Elian n’eut pas le temps d’y réfléchir davantage. Une des facettes du cristal s’illumina plus fort que les autres, projetant sur lui l’ombre d’un être immense, dont la silhouette n’appartenait à aucune créature qu’il connaissait.

Puis, le battement cessa net.

Le silence qui suivit résonna plus fort que n’importe quel tonnerre.
 

Xathos

Jeune pousse
Une légende... La Tour de Guet en ruine (7)

Il existe, quelque part entre les collines du Vent Gris et les forêts de pierre, une ruine que les habitants nomment la Tour de Guet. De loin, elle semble banale — un amas de pierres rongées par le vent. Mais quand on s’en approche, quelque chose change dans l’air : le silence devient plus dense, presque vivant. Même les corbeaux évitent d’y percher. Autrefois, dit-on, elle dominait une cité splendide, aujourd’hui engloutie par la poussière et l’oubli. On la croyait construite par une civilisation disparue, d’une science si avancée qu’elle confondait les dieux eux-mêmes. Les anciens racontent qu’elle servait non pas à surveiller le monde… mais à le retenir. Élodie Morin n’avait jamais cru aux légendes. Étudiante en archéologie, elle cherchait des traces tangibles du passé, pas des contes de feu de camp. Lorsqu’elle fut envoyée par l’université pour cataloguer les ruines de la région, la Tour de Guet attira naturellement son attention. Un site isolé, peu étudié, encore empreint de mystère — parfait pour sa thèse. Le village voisin, Brècheval, l’accueillit froidement. Les habitants évitaient son regard lorsqu’elle évoquait la tour.
Un vieil homme, à la taverne, se contenta de murmurer :
— Si vous montez là-haut, mademoiselle, ne restez pas quand le vent tourne.
— Pourquoi ?
— Parce que c’est à ce moment qu’ils s’éveillent.
Il ne précisa pas qui étaient “ils”. Et Élodie n’osa pas demander. Le lendemain, elle monta seule sur la colline. Le chemin, étroit, serpentait entre les herbes hautes, et le vent soufflait fort. De près, la Tour imposait sa silhouette mutilée : un cylindre éventré, couvert de mousses sombres, dont les pierres semblaient suinter une humidité froide. Pourtant, malgré son âge, la structure tenait encore debout. Comme si une force invisible empêchait sa chute. À l’intérieur, l’air était lourd, stagnant. Des escaliers effondrés montaient en colimaçon jusqu’à un étage supérieur à moitié ouvert sur le ciel. Sur les murs, Élodie découvrit des symboles gravés : des cercles entrelacés, des spirales, des lignes fines évoquant des constellations. Elle en prit des photos, fasciné par la précision des motifs. Un détail, pourtant, la troubla : les symboles semblaient récents, comme s’ils avaient été gravés après la ruine. Tout en haut, sous la voûte brisée, se dressait un autel. Un bloc de pierre noire, lisse, sur lequel reposait une couche de cendres. En approchant, Élodie sentit une vibration sourde, comme un battement de cœur très lent. Elle posa la main sur la pierre — et tout s’arrêta. Le vent, les oiseaux, même le bruissement de ses vêtements. Un instant plus tard, une voix, lointaine, résonna derrière elle.
— Ils regardaient le monde d’ici.
Élodie se retourna. Rien. Mais le vent recommença à souffler — dans le mauvais sens, montant du sol vers le ciel, aspiré par l’ouverture du toit. Les symboles sur les murs se mirent à luire d’une lumière pâle, presque liquide. Puis le sol vibra à nouveau. Elle eut la certitude absurde que la tour respirait. Cette nuit-là, Élodie fit un rêve étrange. Elle se tenait dans la tour, mais intacte cette fois : les murs luisants, les pierres parfaitement lisses. Autour d’elle, sept silhouettes encapuchonnées observaient un globe suspendu au centre de la pièce — une sphère de lumière où se dessinait un monde entier : mers, montagnes, cités. L’une des silhouettes murmura :
— S’ils nous oublient, nous disparaîtrons.
Alors la lumière du globe vacilla, et les silhouettes se tournèrent vers elle. Toutes d’un même mouvement. Sous les capuches, leurs visages étaient faits de pierre. Elle se réveilla en sursaut, couverte de sueur. Son téléphone affichait 3 h 13. Et dans le silence de la chambre d’auberge, elle crut entendre, dehors, le vent murmurer son nom. Les jours suivants, Élodie retourna à la tour plusieurs fois, sans comprendre pourquoi. Une force la poussait, irrésistible. Chaque visite révélait quelque chose de nouveau : des inscriptions qui n’étaient pas là la veille, un escalier qu’elle croyait effondré devenu praticable, une ombre qui la suivait d’un étage à l’autre. Elle finit par descendre dans une fissure ouverte sous l’autel. Un passage étroit menait à une salle souterraine où se dressaient des statues, rangées comme des soldats endormis. Elles avaient toutes le même visage. Le sien. Au centre, un miroir de pierre noire reflétait la tour… mais dans son reflet, elle était entière, vivante, illuminée d’un feu intérieur. Et, dans cette image, Élodie vit sa propre silhouette à la fenêtre haute, fixant l’horizon. Immobile. Inhumaine. Trois mois plus tard, les autorités locales annoncèrent la fermeture du site. Une étudiante avait disparu, sans laisser de trace. La Tour de Guet fut scellée, ses abords interdits. Mais la nuit, quand la brume monte de la vallée, certains affirment voir, à la plus haute fenêtre, une jeune femme vêtue de blanc, le regard tourné vers l’horizon. Elle ne bouge pas. Elle ne respire pas. Mais parfois, ceux qui s’approchent jurent l’avoir entendue murmurer, portée par le vent :
— Il faut que quelqu’un regarde. Toujours.
Et la Tour de Guet continue d’attendre.
 

Xathos

Jeune pousse
Une légende… Le Trône des Hauts Hommes ( 8 )

Chapitre I


Le brouillard s’étendait à perte de vue, avalant la lande et les silhouettes des arbres morts.
Elwen marchait en tête, sa lanterne oscillant au rythme de ses pas. Derrière elle, Kael pestait contre la boue, sa lourde épée cognant contre sa cuisse à chaque foulée.
— On aurait pu suivre la route du sud, grogna-t-il.
— Et manquer la Mer des Brumes ? Tu n’as donc aucun goût pour les légendes ?

Elwen sourit sans se retourner. Ses cheveux noirs, collés par l’humidité, luisaient d’un éclat d’argent sous la lune. Elle portait sur son dos un rouleau de cartes anciennes, l’un de ses trésors les plus précieux.
Kael, lui, portait le reste : provisions, cordes, tentes, et son éternel scepticisme.
— Les légendes, je les laisse aux bardes, dit-il. Ce qu’on cherche, c’est du vrai : pierre, métal, reliques vendables.
— Tu oublies que les reliques ont toujours une histoire. Et certaines valent plus que l’or.
Ils marchèrent encore une heure avant que le brouillard ne se déchire enfin, dévoilant un promontoire noir dressé au-dessus des flots : le Trône des Hauts Hommes.
Le vent hurlait autour des colonnes brisées, soulevant des tourbillons de cendres.
Kael souffla, admiratif malgré lui.
— Par les dieux… On dirait qu’ils l’ont bâti pour défier le ciel.
— Peut-être l’ont-ils fait, répondit Elwen.
Au loin, la mer frappait contre les falaises dans un grondement sourd.
Et, quelque part dans la pierre, il leur sembla entendre un chant — bas, ancien, presque humain.

Chapitre II

Le matin se leva dans un silence spectral.
Le brouillard s’était retiré, laissant derrière lui des flaques d’argent et des ruines étincelantes de rosée. Devant eux, le temple s’élevait tout entier, plus grand encore qu’ils ne l’avaient imaginé.
Les colonnes, hautes comme des tours, étaient taillées dans une pierre noire qui ne semblait pas du monde des hommes. Entre elles, des arches effondrées laissaient deviner un vaste cercle pavé d’inscriptions à demi effacées.
Elwen s’accroupit, caressant du bout des doigts les symboles gravés.
— C’est une écriture ancienne… mais pas celle des Royaumes du Sud. Regarde ces runes : elles s’entrelacent comme des racines.
— Si tu veux mon avis, c’est un piège à érudits, répondit Kael. On dit qu’il y a des chambres scellées sous le temple. Si quelque chose de valeur a survécu, c’est là-bas.
Elle leva les yeux vers lui.
— Tu ne ressens rien ? Ce lieu… il respire encore.
— Je ressens surtout que si on traîne, la nuit va tomber avant qu’on ait trouvé la moindre pièce d’or.
Elle sourit. Elle connaissait Kael depuis l’enfance : son cœur rêvait d’aventure, mais ses mots trahissaient la peur de ce qu’il ne comprenait pas.
Elle déroula ses cartes sur un autel brisé. Une tache sombre marquait le centre exact du temple.
— D’après les légendes, le Trône abritait une “Salle du Souvenir”. Peut-être aussi le Cœur du Roi Silencieux.
— “Peut-être” ? Je t’ai suivie jusqu’au bout du monde pour un “peut-être” ?
Elle allait répondre quand un écho retentit.
Un pas, léger, résonna sur la pierre. Puis un autre.
Kael se figea, main sur la garde de son épée.
— Il y a quelqu’un.
— Ou quelque chose…
Ils avancèrent prudemment dans la nef principale. L’air y était plus froid, presque métallique. Des statues se dressaient tout autour : hautes silhouettes drapées de manteaux de pierre.
Leurs visages, mangés par le temps, semblaient observer les intrus.
— Regarde… leurs yeux, souffla Kael.
Les orbites luisaient d’une faible lueur bleue.
Elwen sentit une pulsation, lente et régulière, sous ses pieds — comme un battement de cœur dans la pierre.
Une voix s’éleva, presque imperceptible :
Souvenez-vous de ceux qui furent hommes, avant d’être rois.
Elwen leva la lanterne.
— Ce temple n’est pas mort, Kael. Il garde encore la mémoire de ceux qui l’ont bâti.
Et derrière eux, une statue bougea.

Chapitre III

La statue se détacha de son socle, la pierre gémissant sous l’effort. Sous la poussière grise, une lueur blanche se mit à couler comme du feu liquide.
Kael recula, haletant.
— Par tous les dieux…
Une main de pierre se leva lentement, désignant le sol. Une traînée de lumière se dessina entre les dalles, formant un cercle parfait.
Autour d’eux, d’autres statues s’animèrent à leur tour, jusqu’à former une couronne d’ombres et de flammes.
Puis la pierre se dissipa. Les figures devinrent translucides, tissées de lumière.
— Nous sommes les Veilleurs, dit une voix grave et multiple.
— Nous fûmes les Hauts Hommes, gardiens des Royaumes d’En Haut. Pourquoi troubler notre repos ?
Elwen tomba à genoux.
— Nous cherchons à comprendre. Le monde vous a oubliés. Qui étiez-vous ?
— Les hommes priaient. Les dieux dormaient. Et nous… nous veillions pour que ni l’un ni l’autre ne règne seul.
Kael serra le poing.
— Veiller ? Sur quoi ?
— Sur le Cœur.
Une brume noire monta du sol.
— Le Cœur du Roi Silencieux. Source et prison. Lumière et ombre. Sans lui, les dieux se lèveraient à nouveau. Avec lui, les hommes se perdraient.
La lumière se concentra sur une dalle.
Kael la toucha. Une voix tonna aussitôt :
— Ne touchez pas au Cœur !
— Ce que les dieux ont scellé ne doit pas être libéré.
Un vent violent éteignit leur lanterne. Quand la flamme revint, les Veilleurs avaient disparu.
La dalle, elle, s’était entrouverte, révélant un escalier plongeant dans les ténèbres.
Kael lança un regard à Elwen.
— On y va ?
Elle hésita.
— Ils nous ont prévenus.
— Depuis quand on écoute les fantômes ?
Et ensemble, ils descendirent.

Chapitre IV

L’escalier semblait infini.
Chaque marche résonnait comme un battement de cœur. Des bas-reliefs ornaient les murs : des hommes agenouillés, un trône vide, un astre noir.
Puis vint le couloir, taillé dans une pierre lisse, trop parfaite.
Au bout, une salle circulaire.
Au centre, flottait une sphère d’obsidienne suspendue dans l’air : le Cœur du Roi Silencieux.
Chaque pulsation faisait vibrer la pierre, éclairant les murs d’une lueur rouge sombre.
Kael s’approcha, fasciné.
— Par les dieux… regarde-moi ça. Il respire.
— Ne t’approche pas trop, Kael.
Mais déjà le cristal reflétait des visions : cités d’or, trônes étincelants, armées prosternées.
Elwen sentit la peur monter.
— Ce n’est pas une promesse. C’est une illusion.
— Et si c’était la vérité ? Et si ce pouvoir pouvait sauver le monde ?
Il tendit la main.
Elwen voulut le retenir — trop tard.
Le Cœur hurla, un cri de lumière et de tonnerre. Kael fut projeté au sol, les yeux emplis d’éclats dorés.
— Enfant du nouveau monde… veux-tu régner parmi les cieux ?
Elwen le serra contre elle.
— Reviens, Kael ! Ce n’est pas à toi de porter ça !
Ses yeux brûlaient d’un feu surnaturel.
— Les Hauts Hommes… c’étaient des hommes comme nous, avant d’accepter le Cœur.
— Et c’est ce qui les a détruits, Kael !
Un spectre surgit, immense.
— Vous avez franchi le seuil. Le Cœur vous a vus. Désormais, il ne vous laissera plus partir.

Chapitre V

Les Veilleurs encerclaient les deux aventuriers, leurs voix résonnant comme un chœur d’étoiles mourantes.
— Le Cœur scelle un dieu sans nom, né du désir des hommes. Nous l’avons enfermé ici. Mais il appelle toujours.
Kael serra le poing.
— Ce que j’ai vu, ce n’était pas un dieu. C’était la perfection.
— Les dieux montrent ce que le cœur désire. Pas ce qui est.
Elwen posa la main sur son bras.
— Tu n’es pas son élu. Tu es Kael. Et c’est pour ça que je t’aime.
Le Cœur pulsa violemment. La lumière l’enveloppait déjà.
— Il a été choisi.
— S’il prend le Cœur, le dieu s’éveillera. S’il le rejette, son âme se brisera.
Kael tendit la main.
Elwen, désespérée, trancha le lien lumineux.
La sphère hurla, le temple trembla, et Kael s’effondra.
Les Veilleurs s’inclinèrent.
— Il a touché à la flamme. Mais toi, fille du monde d’en bas, tu peux encore le sauver.
— Comment ?!
— Le Cœur doit être scellé à nouveau. Il faut une âme vivante.
Elle comprit.
— Tu voulais changer le monde, Kael. Je vais t’aider à le sauver.

Chapitre VI

La lumière rouge avalait tout.
Elwen s’approcha du Cœur, posant son épée à terre. Les Veilleurs chantaient, leurs voix se mêlant à la vibration de la pierre.
— Celui qui donne son âme devient gardien. Jusqu’à ce que le monde l’oublie.
Elle leva les yeux.
— Alors souvenez-vous de moi. Pour que quelqu’un, un jour, se souvienne encore de vous.
Derrière elle, Kael se réveilla, appelant son nom.
Elle se retourna, sourit.
— Souviens-toi de moi, Kael. Pas comme d’une gardienne. Comme d’une amie.
Ses mains se posèrent sur la sphère.
Une lumière pure jaillit.
Le Cœur s’éteignit.

Épilogue

Quand Kael rouvrit les yeux, le Cœur avait disparu.
À sa place, un trône de pierre noire.
Et, gravée sur l’accoudoir, une empreinte de main.
Le temple s’effondra.
Kael s’enfuit jusqu’à la surface, et le soleil perça le brouillard, illuminant les ruines d’une lumière d’or.
Il s’agenouilla.
— Tu as gagné, Elwen. Et nous, nous nous souviendrons.
Des siècles plus tard, on dit que, certaines nuits, sous les flots de la Mer des Brumes, une lumière rouge bat encore — comme un cœur endormi.
Et que, dans le vent, une voix chuchote :
Souvenez-vous des hommes… avant qu’ils ne soient dieux.
 

Xathos

Jeune pousse
Une légende... Le Rempart Nain (9)

Le marteau résonnait dans la forge comme un cœur battant. Klara, les joues noircies de suie, observait l’armurier nain façonner une nouvelle lame. Son rôle n’était pas de forger — du moins, c’est ce qu’on lui rappelait sans cesse — mais de nettoyer, huiler, ranger, apporter. Elle connaissait cependant chaque arme qui sortait du Rempart Nain mieux que quiconque.

À l’extérieur, les recrues s’entraînaient. Le Rempart n’était pas seulement une armurerie : c’était là que les jeunes nains apprenaient l’art du combat rapproché. Klara connaissait leurs routines, leurs postures, leurs erreurs. Souvent, après la fermeture, elle saisissait un bouclier cabossé et imiter les maîtres d’armes, seule, dans la cour vide.

Un soir d’hiver, alors que la forge refroidissait et que les torches dansaient au vent, un maître guerrier la surprit, en pleine série de mouvements précis, un marteau d’armurier à la main comme s’il s’agissait d’une hache.

— Où as-tu appris ça, petite ?

Rougissante, elle voulut s’excuser, mais il leva la main.

— Refais.

Elle obéit. Le maître observa, sourcils froncés. Ce qu’il vit n’était pas de la chance : c’était du talent brut, affûté par des années à étudier sans qu’on ne le remarque.

Le lendemain, Klara reçut une proposition inattendue : suivre l’entraînement officiel. Les autres apprentis rirent. Elle ? Guerrière ? Elle qui portait les seaux d’huile et astiquait les casques ?

Mais Klara persista. Sa main, habituée au poids du marteau, devint experte au maniement de la hache. Son œil, aiguisé par des années à examiner les défauts des armes, lui permit d’anticiper les failles chez ses adversaires. Elle frappait peu, mais frappait juste.

Lorsque la forteresse fut attaquée par un clan orc, c’est elle qui protégea le Rempart Nain. Non par gloire — mais parce qu’elle refusait de voir les armes qu’elle avait aidé à créer servir un ennemi. Debout au cœur de la bataille, elle maniait sa hache courte comme un marteau de forge : chaque coup net, solide, inébranlable. Les orcs reculèrent, vaincus par la détermination d’une naine que personne n’avait vue venir.

Plus tard, on raconta qu’une légende était née. On gravera même son nom dans la pierre du Rempart. Pourtant, lorsque Klara passait devant son insigne de bronze, elle ne se voyait pas comme une héroïne.

Elle se souvenait de la suie sur ses joues, du poids des seaux, du premier soir où elle osa imiter les maîtres d’armes, seule.

— Chaque guerrier commence par apprendre à tenir un outil, disait-elle désormais aux apprentis.

Et dans ses mains, qu’il s’agisse d’un marteau ou d’une hache, l’acier semblait toujours retrouver son chant.
 
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