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Et nos textes, passages, poèmes préférés ?

DeletedUser

bonsoir:)

Ecoute plus souvent
Les choses que les êtres,
La voix du feu s'entend,
Entends la voix de l'eau.
Ecoute dans le vent
Le buisson en sanglot:
C'est le souffle des ancêtres.
Ceux qui sont morts ne sont jamais partis
Ils sont dans l'ombre qui s'éclaire
Et dans l'ombre qui s'épaissit,
Les morts ne sont pas sous la terre
Ils sont dans l'arbre qui frémit,
Ils sont dans le bois qui gémit,
Ils sont dans l'eau qui coule,
Ils sont dans la case, ils sont dans la foule
Les morts ne sont pas morts.
Ecoute plus souvent
Les choses que les êtres,
La voix du feu s'entend,
Entends la voix de l'eau.
Ecoute dans le vent

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Le buisson en sanglot:
C'est le souffle des ancêtres.
Le souffle des ancêtres morts
Qui ne sont pas partis,
Qui ne sont pas sous terre,
Qui ne sont pas morts.
Ceux qui sont morts ne sont jamais partis,
Ils sont dans le sein de la femme,
Ils sont dans l'enfant qui vagit,
Et dans le tison qui s'enflamme.
Les morts ne sont pas sous la terre,
Ils sont dans le feu qui s'éteint,
Ils sont dans le rocher qui geint,
Ils sont dans les herbes qui pleurent,
Ils sont dans la forêt, ils sont dans la demeure,
Les morts ne sont pas morts.

(BIRAGO DIOP, LE SOUFFLE DES ANCETRES (DU RECUEIL LEURRES ET LUEURS, 1960))
 

DeletedUser


@damagework À l'amour de ma vie.

Recueil : Poèmes romantiques (2007)

Je pense à toi,
Toujours, à toi et moi.
J'écoute les battements...
De mon p'tit cœur,
Mon dieu ! Bon sang !
Il bat à cent à l'heure !
Tout est normal,
Ne t'inquiètes surtout pas,
Il semblerait que...
Point on n'en meurt.
Il respire ce bonheur,
Cette joie intérieure,
Vraiment bizarre,
Un mal qui fait du bien,
De loin le plus rare.
Sensation de bien être,
D'agréables frissons,
Mêlés à de fortes passions,
De très grandes émotions.
Cette impression,
Quand on est amoureux,
D'avoir ce merveilleux cœur,
Qui bat pour deux.
Mes yeux se ferment,
Mon esprit se remplit,
De ces quelques mots,
Qui me donnent envie,
De penser à toi,
Toi l'amour de ma vie.
J'aimerai que ce poème,
Seule, tu lises sans bruit.
Que tu penses à ce Je t'aime
Que d'ici je t'envoie,
En écoutant cette mélodie,
Ces merveilleux écrits.
Que tu t'endormes cette nuit,
En pensant à toi et moi.

Maxalexis
 

DeletedUser1740

Je le dédies à tous ceux et celles qui passent par cette situation dans leur vie et je l'ai comprend


Elle est si douce, la pensée,
Qu'il faut, pour en sentir l'attrait,
D'une vision commencée
S'éveiller tout à coup distrait.

Le cœur dépouillé la réclame ;
Il ne la fait point revenir,
Et cependant elle est dans l'âme,
Et l'on mourrait pour la finir.

À quoi pensais-je tout à l'heure ?
À quel beau songe évanoui
Dois-je les larmes que je pleure ?
Il m'a laissé tout ébloui.

Et ce bonheur d'une seconde,
Nul effort ne me l'a rendu ;
Je n'ai goûté de joie au monde
Qu'en rêve, et mon rêve est perdu.

René-François Sully Prudhomme.
 

DeletedUser1740

Un rêve de bonheur qui souvent m’accompagne,
C’est d’avoir un logis donnant sur la campagne,
Près des toits, tout au bout du faubourg prolongé,
Où je vivrais ainsi qu’un ouvrier rangé.
C’est là, me semble-t-il, qu’on ferait un bon livre.
En hiver, l’horizon des coteaux blancs de givre ;
En été, le grand ciel et l’air qui sent les bois ;
Et les rares amis, qui viendraient quelquefois
Pour me voir, de très loin, pourraient me reconnaître,
Jouant du flageolet, assis à ma fenêtre.


François Coppée
 

DeletedUser1740

Je t'adore, et tu le sais, P.... ;):oops: (secret :p)

Il est une âme enfin que comprend et devine
Mon âme ranimée, échappant aux ennuis ;
Car mes regards ont vu cette femme divine
Que j'avais tant rêvée en mes plus belles nuits.
Petits oiseaux, venez près d'elle
Et par vos chants et vos baisers,
Par vos doux frémissements d'aile
Et vos désirs inapaisés,
Petits oiseaux, couple fidèle,
Portez le trouble en ses pensers.

Ses yeux purs et charmants ont un éclat si tendre
Et sa voix pénétrante a des accents si doux,
Que les anges du ciel, pour la voir et l'entendre,
Descendent empressés et remontent jaloux.
Étoile qui fuis dans l'espace,
Si tu la surprends quelque soir,
Plus rêveuse suivant ta trace
De son œil langoureux et noir,
Dis-lui que je l'aime, et de grâce
Pour moi demande un peu d'espoir.

Pour avoir contemplé sa pâleur éclatante
Mon front en gardera le reflet désormais ;
Et pourtant je sais bien, languissant dans l'attente,
Que son cœur tout à Dieu ne m'aimera jamais.
Ô cher objet de mon envie,
Au nom si doux à révéler
Qu'il est sur ma bouche ravie
Sans cesse prêt à s'envoler,
Je me tairai toute ma vie,
Mais laisse mes yeux te parler

.
François-Marie Robert-Dutertre.
 

DeletedUser

@vakiri ;)

La Bretagne

Dans la brume du matin
Effaçant mon rêve coquin
Mon coeur se ravit du voyage
Evasion nocturne sur ton rivage

De toi je suis sous le charme
Ta beauté me tire une larme
Etendue profonde aux côtes fabuleuses
Abysses insondables et mystérieuses

Quand sur la falaise à toi je fais face
Insignifiante et subjuguée je m'efface
Dans le tumulte de tes ardeurs
Les rochers essuient tes fureurs

Impossible beauté allier au merveilleux
Le malheur tu engendres, périples audacieux
Combien de vies as tu englouties?
Combien de marins pour toi ont péri?

Attirante on te brave sans cesse
Ensorceleuse tu te fais pécheresse
Sur tes rivages mon coeur a jeté l'ancre
Dans mes murmures pour toi j'use d'encre.
?Marie.C
 

Deleted User - 1233322

Sisina
Charles Baudelaire (1821-1867)
Les fleurs du mal (1857).

Imaginez Diane en galant équipage,
Parcourant les forêts ou battant les halliers,
Cheveux et gorge au vent, s'enivrant de tapage,
Superbe et défiant les meilleurs cavaliers !
Avez-vous vu Théroigne, amante du carnage,
Excitant à l'assaut un peuple sans souliers,
La joue et l'oeil en feu, jouant son personnage,
Et montant, sabre au poing, les royaux escaliers ?
Telle la Sisina ! Mais la douce guerrière
A l'âme charitable autant que meurtrière ;
Son courage, affolé de poudre et de tambours,
Devant les suppliants sait mettre bas les armes,
Et son coeur, ravagé par la flamme, a toujours,
Pour qui s'en montre digne, un réservoir de larmes.​
 

Deleted User - 1233322

Tristesses de la lune

Charles Baudelaire (1821-1867)

Les fleurs du mal (1857).


Ce soir, la lune rêve avec plus de paresse ;
Ainsi qu'une beauté, sur de nombreux coussins,
Qui d'une main distraite et légère caresse
Avant de s'endormir le contour de ses seins,


Sur le dos satiné des molles avalanches,
Mourante, elle se livre aux longues pâmoisons,
Et promène ses yeux sur les visions blanches
Qui montent dans l'azur comme des floraisons.


Quand parfois sur ce globe, en sa langueur oisive,
Elle laisse filer une larme furtive,
Un poète pieux, ennemi du sommeil,


Dans le creux de sa main prend cette larme pâle,
Aux reflets irisés comme un fragment d'opale,
Et la met dans son coeur loin des yeux du soleil.​
 

Thorondhor

Élève assidu
PSAUME I


L’ouvrage de méchants demeure périssable,
Les idoles d'argent qu'ils se sont élevées
S'écrouleront un jour sur leur base de sable
Et la nuit tombera sur leurs formes rêvées.

O Seigneur, nous qu'ils ont enfermés sous ces portes.
Nous qu'ils ont verrouillés derrière ces verrous,
Nous pour qui les soldats de ces murailles fortes
Font dans les corridors sonner leurs pas à clous,

O Seigneur, vous savez que couchés sur la paille
Ou sur le dur ciment des prisons sans hublot,
Nous avons su garder en nous, vaille que vaille,
L'espoir sans défaillance envers des jours plus beaux.

Nous avons rassemblé les anciennes tendresses,
Nous avons dessiné sur le plâtre des murs
Les magiques portraits de nos saintes jeunesses
Et nos coeurs sans remords savent qu'ils restent purs.

La sottise au dehors dans le sang rouge baigne,
Et l'ennemi déjà s'imagine immortel,
Mais lui seul croit encore au long temps de son règne
Et nos barreaux, Seigneur, ne cachent pas le ciel.


R.Brasillach​
 

DeletedUser

Titre : Le bonheur
Poète : Antoine-Vincent Arnault (1766-1834)
Recueil : Poésies mêlées (1826).

Stances irrégulières.
À Madame la princesse D'Hatzfeld.


Le bonheur ici-bas tient à bien peu de chose.
Vous ne l'ignorez pas ; vous savez, d'après vous,
Que le sort au hasard porte souvent ses coups,
Et que l'aquilon en courroux
N'épargne pas même la rose.

Aussi n'êtes-vous pas de ces cœurs rigoureux
Qui, prompts à condamner ceux que le sort opprime,
Dans un revers n'ont jamais vu qu'un crime ;
Compatissante aux malheureux,
Étrangère aux calculs d'une froide prudence,
Aussi vous voyons-nous réparer envers eux
Les oublis de la Providence.

Bien qu'à l'agneau tondu Dieu mesure le vent,
J'aime qu'une bergère ait un cœur secourable.
Dieu ne souffle pas seul, hélas ! et plus souvent
Aux tondeurs qu'aux tondus le vent est favorable.

Au vent qui m'a fané reverdit Richelieu.
Pauvres humains ! point de milieu :
Oui, dans ce siècle impitoyable,
Dès qu'on vous recommande à Dieu,
C'est qu'on vous abandonne au diable.

Le doigt divin pourtant se révèle à moitié
Dans les maux dont il frappe une âme peu commune.
Didon devint meilleure au sein de l'infortune ;
En éprouvant la peine elle apprit la pitié.
L'or s'épure ainsi dans la flamme.
Comme elle, belle et bonne, ah ! qu'il vous sied, madame,
D'apprendre à cette école autant qu'elle en apprit.
C'est le propre d'un bon esprit,
Tout autant que d'une belle âme.

Antoine-Vincent Arnault.
 

Thorondhor

Élève assidu
Souvenir d'il y a deux ans, soutien d'aujourd'hui...

« Le Chêne et le Roseau »

Le chêne un jour dit au roseau :
« N'êtes-vous pas lassé d'écouter cette fable ?
La morale en est détestable ;
Les hommes bien légers de l'apprendre aux marmots.
Plier, plier toujours, n'est-ce pas déjà trop,
Le pli de l'humaine nature ? »
« Voire, dit le roseau, il ne fait pas trop beau ;
Le vent qui secoue vos ramures
(Si je puis en juger à niveau de roseau)
Pourrait vous prouver, d'aventure,
Que nous autres, petites gens,
Si faibles, si chétifs, si humbles, si prudents,
Dont la petite vie est le souci constant,
Résistons pourtant mieux aux tempêtes du monde
Que certains orgueilleux qui s'imaginent grands. »
Le vent se lève sur ses mots, l'orage gronde.
Et le souffle profond qui dévaste les bois,
Tout comme la première fois,
Jette le chêne fier qui le narguait par terre.
« Hé bien, dit le roseau, le cyclone passé -
Il se tenait courbé par un reste de vent -
Qu'en dites-vous donc mon compère ?
(Il ne se fût jamais permis ce mot avant)
Ce que j'avais prédit n'est-il pas arrivé ? »
On sentait dans sa voix sa haine
Satisfaite. Son morne regard allumé.
Le géant, qui souffrait, blessé,
De mille morts, de mille peines,
Eut un sourire triste et beau ;
Et, avant de mourir, regardant le roseau,
Lui dit : « Je suis encore un chêne. »

Jean Anouilh ~ Fables
 

DeletedUser

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Je mourrai d'un cancer de la colonne vertébrale
Ca sera par un soir horrible
Clair, chaud, parfumé, sensuel
Je mourrai d'un pourrissement
De certaines cellules peu connues
Je mourrai d'une jambe arrachée
Par un rat géant jailli d'un trou géant
Je mourrai de cent coupures
Le ciel sera tombé sur moi
Ca se brise comme une vitre lourde
Je mourrai d'un éclat de voix
Crevant mes oreilles
Je mourrai de blessures sourdes
Infligées à deux heures du matin
Par des tueurs indécis et chauves
Je mourrai sans m'apercevoir
Que je meurs, je mourrai
Enseveli sous les ruines sèches
De mille mètres de coton écroulé
Je mourrai noyé dans l'huile de vidange
Foulé aux pieds par des bêtes indifférentes
Et juste après, par des bêtes différentes
Je mourrai nu, ou vêtu de toile rouge
Ou cousu dans un sac avec des lames de rasoir
Je mourrai peut-être sans m'en faire
Du vernis à ongles aux doigts de pied
Et des larmes plein les mains
Et des larmes plein les mains
Je mourrai quand on décollera
Mes paupières sous un soleil enragé
Quand on me dira lentement
Des méchancetés à l'oreille
Je mourrai de voir torturer des enfants
Et des hommes étonnés et blêmes
Je mourrai rongé vivant
Par des vers, je mourrai les
Mains attachées sous une cascade
Je mourrai brûlé dans un incendie triste
Je mourrai un peu, beaucoup,
Sans passion mais avec intêret
Et puis quand tout sera fini
Je mourrai.

(Boris Vian)

 

AliasMelusine

Disciple des gobelins
Le train de ma vie (Jean d'Ormesson)

A la naissance, on monte dans le train et on rencontre nos Parents.
On croit qu'ils voyageront toujours avec nous.
Pourtant, à une station, nos Parents descendront du train, nous laissant seuls continuer le voyage.
Au fur et à mesure que le temps passe, d'autres personnes montent dans le train.

Et elles seront importantes : notre fratrie, nos amis, nos enfants, même l'amour de notre vie.
Beaucoup démissionneront (même éventuellement l'amour de notre vie), et laisseront un vide plus ou moins grand.
D'autres seront si discrets qu'on ne réalisera pas qu'ils ont quitté leurs sièges.
Ce voyage en train sera plein de joies, de peines, d'attentes, de bonjours, d'au-revoirs et d’adieux.
Le succès est d'avoir de bonnes relations avec tous les passagers pourvu qu'on donne le meilleur de nous-mêmes
On ne sait pas à quelle station nous descendrons, donc vivons heureux, aimons et pardonnons.
Il est important de le faire car lorsque nous descendrons du train, nous ne devrons laisser que de beaux souvenirs à ceux qui continueront leur voyage.
Soyons heureux avec ce que nous avons et remercions le ciel de ce voyage fantastique.
Aussi, merci d'être un des passagers de mon train.
Et si je dois descendre à la prochaine station, je suis content d'avoir fait un bout de chemin avec vous.


Je veux dire à chaque personne qui lira ce texte que je vous remercie d’être dans ma vie et de voyager dans mon train
.

 
Dernière édition:

DeletedUser

Bonjour:) t'es inspirante Mélusine
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Dans l'train pour Sainte-Adèle
Y avait un homme qui voulait débarquer
Mais allez donc débarquer
Quand l'train file cinquante milles à l'heure
Et qu'en plus vous êtes conducteur !

Oh ! dans l'train pour Sainte-Adèle

Y avait rien qu'un passager
C'était encore le conducteur
Imaginez pour voyager
Si c'est pas la vraie p'tite douleur

Oh ! le train du Nord !
Tchou, tchou, tchou, tchou,
Le train du Nord
Au bord d'un lac, des p'tites maisons
Ça vire en rond...
Le train du Nord
C'est comme la mort
Quand y a personne à bord


Oh ! le train pour Sainte-Adèle !
En montant la côte infidèle
Le conducteur et puis l'chauffeur
S'sont décidés à débarquer
Et l'train tout seul a continué

Oh ! Le train pour Sainte-Adèle
Est rendu dans l'bout d'Mont-Laurier
Personne n'a pu l'arrêter
Paraîtrait qu'on l'a vu filer
Dans l'firmament la nuit passée

Oh ! le train du Nord
Tchou, tchou, tchou, tchou,
Le train du Nord
A perdu l'Nord
Rendu d'l'aut' bord
Le train du Nord
A perdu l'Nord
Pis c'est pas moi qui va l'blâmer
Non, non, non !


(Félix leclerc)
 

DeletedUser

À la mi-carême
Poète : Alfred de Musset (1810-1857)
Recueil : Poésies nouvelles (1850).

I

Le carnaval s'en va, les roses vont éclore ;
Sur les flancs des coteaux déjà court le gazon.
Cependant du plaisir la frileuse saison
Sous ses grelots légers rit et voltige encore,
Tandis que, soulevant les voiles de l'aurore,
Le Printemps inquiet paraît à l'horizon.

II

Du pauvre mois de mars il ne faut pas médire ;
Bien que le laboureur le craigne justement,
L'univers y renaît ; il est vrai que le vent,
La pluie et le soleil s'y disputent l'empire.
Qu'y faire ? Au temps des fleurs, le monde est un enfant ;
C'est sa première larme et son premier sourire.

III

C'est dans le mois de mars que tente de s'ouvrir
L'anémone sauvage aux corolles tremblantes.
Les femmes et les fleurs appellent le zéphyr ;
Et du fond des boudoirs les belles indolentes,
Balançant mollement leurs tailles nonchalantes,
Sous les vieux marronniers commencent à venir.

IV

C'est alors que les bals, plus joyeux et plus rares,
Prolongent plus longtemps leurs dernières fanfares ;
À ce bruit qui nous quitte, on court avec ardeur ;
La valseuse se livre avec plus de langueur :
Les yeux sont plus hardis, les lèvres moins avares,
La lassitude enivre, et l'amour vient au coeur.

V

S'il est vrai qu'ici-bas l'adieu de ce qu'on aime
Soit un si doux chagrin qu'on en voudrait mourir,
C'est dans le mois de mars, c'est à la mi-carême,
Qu'au sortir d'un souper un enfant du plaisir
Sur la valse et l'amour devrait faire un poème,
Et saluer gaiement ses dieux prêts à partir.

VI

Mais qui saura chanter tes pas pleins d'harmonie,
Et tes secrets divins, du vulgaire ignorés,
Belle Nymphe allemande aux brodequins dorés ?
Ô Muse de la valse ! ô fleur de poésie !
Où sont, de notre temps, les buveurs d'ambroisie
Dignes de s'étourdir dans tes bras adorés ?

VII

Quand, sur le Cithéron, la Bacchanale antique
Des filles de Cadmus dénouait les cheveux,
On laissait la beauté danser devant les dieux ;
Et si quelque profane, au son de la musique,
S'élançait dans les choeurs, la prêtresse impudique
De son thyrse de fer frappait l'audacieux.

VIII

Il n'en est pas ainsi dans nos fêtes grossières ;
Les vierges aujourd'hui se montrent moins sévères,
Et se laissent toucher sans grâce et sans fierté.
Nous ouvrons à qui veut nos quadrilles vulgaires ;
Nous perdons le respect qu'on doit à la beauté,
Et nos plaisirs bruyants font fuir la volupté.

IX

Tant que régna chez nous le menuet gothique,
D'observer la mesure on se souvint encor.
Nos pères la gardaient aux jours de thermidor,
Lorsqu'au bruit des canons dansait la République,
Lorsque la Tallien, soulevant sa tunique,
Faisait de ses pieds nus claquer les anneaux d'or.

X

Autres temps, autres moeurs ; le rythme et la cadence
Ont suivi les hasards et la commune loi.
Pendant que l'univers, ligué contre la France,
S'épuisait de fatigue à lui donner un roi,
La valse d'un coup d'aile a détrôné la danse.
Si quelqu'un s'en est plaint, certes, ce n'est pas moi.

XI

Je voudrais seulement, puisqu'elle est notre hôtesse,
Qu'on sût mieux honorer cette jeune déesse.
Je voudrais qu'à sa voix on pût régler nos pas,
Ne pas voir profaner une si douce ivresse,
Froisser d'un si beau sein les contours délicats,
Et le premier venu l'emporter dans ses bras.

XII

C'est notre barbarie et notre indifférence
Qu'il nous faut accuser ; notre esprit inconstant
Se prend de fantaisie et vit de changement ;
Mais le désordre même a besoin d'élégance ;
Et je voudrais du moins qu'une duchesse, en France,
Sût valser aussi bien qu'un bouvier allemand.

Alfred de Musset.
 

DeletedUser12178

Il fera longtemps clair ce soir

Il fera longtemps clair ce soir, les jours allongent.
La rumeur du jour vif se disperse et s’enfuit,
Et les arbres, surpris de ne pas voir la nuit,
Demeurent éveillés dans le soir blanc, et songent...

Les marronniers, sur l’air plein d’or et de lourdeur,
Répandent leurs parfums et semblent les étendre ;
On n’ose pas marcher ni remuer l’air tendre
De peur de déranger le sommeil des odeurs.

De lointains roulements arrivent de la ville...
La poussière qu’un peu de brise soulevait,
Quittant l’arbre mouvant et las qu’elle revêt,
Redescend doucement sur les chemins tranquilles ;

Nous avons tous les jours l’habitude de voir
Cette route si simple et si souvent suivie,
Et pourtant quelque chose est changé dans la vie ;
Nous n’aurons plus jamais notre âme de ce soir...

Anna de Noailles, (1876-1933), « Il fera longtemps clair ce soir… », Les éblouissements, 1907.

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La poète française Anna de Noailles (1873-1933) crée, au début du XXe siècle,
une poésie féminine vibrante de sensibilité, bien loin de l'univers des symbolistes.
De Noailles s’enthousiasme pour la nature, cherchant dans son contact une source de sécurité et de calme.
Ses poèmes sont sereins et la justesse et la sincérité de son ton font d’elle une poète acclamée.
La perte de ses proches et la maladie changent sa voix poétique,
qui prend alors un ton mélancolique. Son lyrisme devient grave.
 

DeletedUser

Magie de la nature
Maurice Rollinat (1846-1903)
Recueil : Paysages et paysans (1899).

Sonnet.


Béant, je regardais du seuil d'une chaumière
De grands sites muets, mobiles et changeants,
Qui, sous de frais glacis d'ambre, d'or et d'argent,
Vivaient un infini d'espace et de lumière.

C'étaient des fleuves blancs, des montagnes mystiques,
Des rocs pâmés de gloire et de solennité,
Des chaos engendrant de leur obscurité
Des éblouissements de forêts élastiques.

Je contemplais, noyé d'extase, oubliant tout,
Lorsqu'ainsi qu'une rose énorme, tout à coup,
La Lune, y surgissant, fleurit ces paysages.

Un tel charme à ce point m'avait donc captivé
Que j'avais bu des yeux, comme un aspect rêvé,
La simple vision du ciel et des nuages !

Maurice Rollinat.
 

AliasMelusine

Disciple des gobelins
Hé les filles ! c'est notre journée ! ;)
Alors... pour toutes les mamans, une excellente fête à vous, à nous !
:)

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Dieu Que C'est Beau
(Daniel Balavoine)

(A-ya a-ya a-ya)
(A-ya a-ya a-ya, a-ya a-ya)

La muraille
Tremble et se fend
Comme un cœur qui éclate en deux
Et la femme
Entre dans l'histoire
Comme arrive l'œuvre d'un Dieu
L'homme né sans mémoire
Reconnaît l'Ève qu'il veut
Brise l'avenir
Et nous fait monter aux yeux
Les sanglots
Le péché leur fait chaud
Dieu que c'est beau

(A-ya a-ya a-ya)
Oh que c'est beau
(A-ya a-ya a-ya, a-ya a-ya)

La muraille
Penche et se tord
Pour faire un toit aux amoureux
Et la femme
Au ventre arrondi
Se remplit d'un nouveau feu
L'homme sur l'avenir
Met ses mains et fait un vœux
Ève doit souffrir
Pour faire naître sous nos yeux
Le héros
Qui sort sous les bravos
Dieu que c'est beau

(A-ya a-ya a-ya)
Oh que c'est beau
(A-ya a-ya a-ya, a-ya a-ya)

C'est de l'amour
Et le fruit du péché est très beau
L'enfant crie
Tue le serpent
L'ordre est nouveau
Lève la foule
Et admire l'enfant sorti des eaux
La terre tourne
Oh Dieu que c'est beau

(x3)
(A-ya a-ya a-ya)
Oh que c'est beau
 

DeletedUser

Extrait du livre Le Héros aux mille et un visages par Joseph Campbell, 1949


Le mythe et le rêve
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''Que nous écoutions avec une réserve amusée les incantations obscures de quelque sorcier congolais aux yeux injectés de sang, ou que nous lisions, avec le ravissement d'un lettré, de subtiles traductions des sonnets mystiques de Lao-tseu ; qu'il nous arrive, à l'occasion, de briser la dure coquille d'un raisonnement de saint 'Thomas d'Aquin ou que nous saisissions soudain le sens lumineux d'un bizarre conte de fées esquimau — sous des formes multiples, nous découvrirons toujours la même histoire merveilleusement constante. Partout, la même allusion l'accompagne avec une persistance provocante : allusion à l'expérience qui reste à vivre, plus vaste qu'on ne le saura ou qu'on ne le dira jamais. D'un bout à l'autre du monde habité et de tout temps toutes les circonstances de la vie de l'homme ont été prétexte à la floraison des mythes et ce sont eux qui ont été la source vive d'inspiration de tout ce que l'esprit humain a pu produire. Il ne serait pas exagéré de dire que le mythe est l'ouverture secrète par laquelle les énergies inépuisables du cosmos se déversent dans les entreprises créatrices de l'homme. Les religions, les philosophies, les arts, les formes sociales de l'homme primitif et historique, les principales découvertes de la science et de la technologie, les rêves mêmes qui troublent le sommeil proviennent du cercle magique et fondamental du mythe. L'étonnant est que le moindre conte de nourrice soit doué de ce pouvoir caractéristique de toucher et d'inspirer les centres créateurs profonds ; de la même manière, la moindre goutte d'eau a la saveur de l'océan et l’œuf de la puce contient tout le mystère de la vie. Car les symboles de la mythologie ne sont pas fabriqués ; l'homme n'en est pas maître. Il ne peut ni les inventer ni les supprimer définitivement. Ce sont des produits spontanés de la psyché et chacun d'eux renferme le pouvoir de germination de la source dont il provient. Quel est le secret de ces images éternelles ? À quelle profondeur de l'esprit se situent-elles ? Pourquoi, sous la diversité du costume, la mythologie est-elle partout la même ? Et quel est son enseignement ?’’


(…)

‘’La vertu dompte l'ego centré sur soi et rend possible une centralité trans-personnelle : celle-ci réalisée, qu'en est-il alors du plaisir ou de la douleur, du vice ou de la vertu, que ce soit notre ego ou celui d'un autre qui en soit touché ? À travers tout, on perçoit alors la force transcendante, cette force qui est vivante en tout, en tout est admirable et mérite en tout notre profonde révérence.’’


(…)


‘’La descente de Psyché aux Enfers n'est qu'une de ces innombrables aventures qu'entreprennent les héros des contes de fées et des mythes… ‘’


 

DeletedUser

un p'tit up ici,
question de se remémorer de très vieux dires
d'une gente dame
de l'époque médiévale
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Hildegarde de Bingen : Extraits sur la lumière
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N’observe pas les étoiles et les autres créatures, sur les causes à venir ; n’adore pas le démon, ne l’invoque pas, ne lui demande rien ; parce que si tu veux connaître plus qu’il ne t’importe de savoir, tu seras trompé par l’antique séducteur ; car lorsque le premier homme voulut acquérir plus qu’il ne devait posséder, il fut trompé par Satan, et tomba dans la perdition. - Mais cependant le démon ne connut pas la rédemption de l’homme, où le Fils de Dieu mit à mort la mort même, et brisa les portes de l’enfer. Le démon, en effet, à l’origine, par la femme vainquit l’homme ; mais Dieu à la fin des temps (prédits par les prophètes), écrasa le démon par la femme qui engendra le Fils de Dieu ; et réduisit merveilleusement à néant l’oeuvre diabolique ; comme mon bien aimé Jean en rend témoignage, en disant : Le Fils de Dieu est apparu pour ruiner les œuvres de Satan . Que signifient ces paroles ? La grande lumière est apparue, pour le salut et la rédemption des hommes. C’est le Fils de Dieu qui a revêtu la misère du corps humain ; mais comme une étoile brillante, qui resplendit dans les ombres nocturnes, il fut ainsi placé sur le pressoir, où le vin, sans aucun ferment, devait être exprimé ; parce que la pierre angulaire même tomba sur le pressoir ; et en exprima un vin si pur qu’il exhala un parfum suave. Car lui-même apparaissant, homme parfait, dans l’humanité, sans effusion de sang vicié (par le péché), écrasa sous le pied de sa milice, la tête de l’antique serpent ; et dissipant tous les traits empoisonnés de son iniquité, pleins de sa fureur et de sa convoitise, il le rendit tout à fait méprisable. C’est pourquoi, quiconque possède la science du St Esprit et les ailes de la foi, ne transgresse pas mon avis, mais il le reçoit pour en faire les délices de son âme.

Et j’arrivai devant un tabernacle bâti sur des bases indestructibles.
Et y pénétrant, j’accomplis les œuvres de lumière, après avoir exercé les œuvres des ténèbres.
Et dans ce tabernacle,
au septentrion,
je plaçai une colonne de fer

non poli,
sur laquelle je suspendis çà et là des ailes diverses,
qui s’agitaient
comme des éventails,
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et trouvant de la manne,
je la mangeai.

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