• Ecrits et graph - Aide

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    Modérateurs de la section :

Et nos textes, passages, poèmes préférés ?

DeletedUser

Mélodie

Quand le plaisir brille en tes yeux
Pleins de douceur et d'espérance,
Quand le charme de l'existence
Embellit tes traits gracieux, —
Bien souvent alors je soupire
En songeant que l'amer chagrin,
Aujourd'hui loin de toi, peut t'atteindre demain,
Et de ta bouche aimable effacer le sourire ;
Car le Temps, tu le sais, entraîne sur ses pas
Les illusions dissipées,
Et les yeux refroidis, et les amis ingrats,
Et les espérances trompées !

Mais crois-moi, mon amour ! tous ces charmes naissants
Que je contemple avec ivresse
S'ils s'évanouissaient sous mes bras caressants,
Tu conserverais ma tendresse !
Si tes attraits étaient flétris,
Si tu perdais ton doux sourire,
La grâce de tes traits chéris
Et tout ce qu'en toi l'on admire,
Va, mon cœur n'est pas incertain :
De sa sincérité tu pourrais tout attendre.
Et mon amour, vainqueur du Temps et du Destin,
S'enlacerait à toi, plus ardent et plus tendre !

Oui, si tous tes attraits te quittaient aujourd'hui,
J'en gémirais pour toi ; mais en ce cœur fidèle
Je trouverais peut-être une douceur nouvelle,
Et, lorsque loin de toi les amants auraient fui,
Chassant la jalousie en tourments si féconde,
Une plus vive ardeur me viendrait animer.
« Elle est donc à moi seul, dirais-je, puisqu'au monde
Il ne reste que moi qui puisse encor l'aimer ! »

Mais qu'osè-je prévoir ? tandis que la jeunesse
T'entoure d'un éclat, hélas ! bien passager,
Tu ne peux te fier à toute la tendresse
D'un cœur en qui le temps ne pourra rien changer.
Tu le connaîtras mieux : s'accroissant d'âge en âge,
L'amour constant ressemble à la fleur du soleil,
Qui rend à son déclin, le soir, le même hommage
Dont elle a, le matin, salué son réveil !

Gérard de Nerval.
 

DeletedUser

Mes amis, retenez ceci, il n'y a ni mauvaises herbes ni mauvais hommes.
Il n'y a que de mauvais cultivateurs.
Victor Hugo

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DeletedUser

JE T'AIME TANT
Mon sombre amour d'orange amère
Ma chanson d'écluse et de vent
Mon quartier d'ombre où vient rêvant
Mourir la mer

Mon beau mois d'août dont le ciel pleut
Des étoiles sur les monts calmes
Ma songerie aux murs de palme
Où l'air est bleu

Mes bras d'or mes faibles merveilles
Renaissent ma soif et ma faim
Collier collier des soirs sans fin
Où le coeur veille

Est-ce que qu'on sait ce que se passe
C'est peut-être bien ce tantôt
Que l'on jettera le manteau
Dessus ma face

Coupez ma gorge et les pivoines
Vite apportez mon vin mon sang
Pour lui plaire comme en passant
Font les avoines

Il me reste si peu de temps
Pour aller au bout de moi-même
Et pour crier Dieu que je t'aime
Je t'aime tant, je t'aime tant


Louis Aragon
Ce magnifique poème, comme beaucoup d'autres, a été mis en musique par Léo Ferré


 

DeletedUser1325

Sonnet : Que j’aime le premier frisson d’hiver…
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Alfred de Musset


Que j’aime le premier frisson d’hiver ! le chaume,
Sous le pied du chasseur, refusant de ployer !
Quand vient la pie aux champs que le foin vert embaume,
Au fond du vieux château s’éveille le foyer ;

C’est le temps de la ville. – Oh ! lorsque l’an dernier,
J’y revins, que je vis ce bon Louvre et son dôme,
Paris et sa fumée, et tout ce beau royaume
(J’entends encore au vent les postillons crier),

Que j’aimais ce temps gris, ces passants, et la Seine
Sous ses mille falots assise en souveraine !
J’allais revoir l’hiver. – Et toi, ma vie, et toi !

Oh ! dans tes longs regards j’allais tremper mon âme ;
Je saluais tes murs. – Car, qui m’eût dit, madame,
Que votre coeur si tôt avait changé pour moi ?

Alfred de Musset
 

DeletedUser1325

TON SOURIRE

yfh2.jpg

Je me souviens de ce jour de décembre,
L'automne allait se changer en hiver,
Entre les arbres roux, les arbres d'ambre,
Le vent froid soufflait dans le bois désert.


Je me souviens des lampes qui s'allument,
Dans les maisons perchées sur les hauteurs,
L'odeur du pain grillé, le thé qui fume
Nous attendaient près d'un bouquet de fleurs.


Je me souviens, surtout de ton sourire
Qui m'en disait beaucoup plus, mille fois,
Que tous les mots qu'on avait pu me dire,
Que tout ce que, plus tard, on me dira.

*******

Je me souviens d'une nuit de décembre,
L'automne allait se changer en hiver,
Dans les coins les plus secrets de la chambre,
Le feu de bois dessinait des éclairs.


Je me souviens des petites lumières,
Que je voyais se glisser dans tes yeux,
Nous avions mis tous les coussins par terre
Puis on s'était couchés devant le feu.


Je me souviens, surtout de ton sourire
Qui éclairait ma vie, en ce temps là,
Ton merveilleux, mystérieux sourire,
Comme c'est loin, comme c'est loin déjà.



*******

Je me souviens de plusieurs fins d'automne,
D'autres baisers, d'autres feux de bois,
Il y en eut quelque uns mais personne
Jamais n'a su sourire comme toi.


Je ne sais pas aujourd'hui qui tu aimes,
Lui souris-tu comme tu m'as souri ?
Si c'était vrai, j'en aurais de la peine,
J'en aurais même une peine infinie.


Je me souviens, surtout de ton sourire
Qui a brillé pour moi comme un soleil,
Pour le meilleur, le meilleur et le pire,
Je n'en ai pas retrouvé de pareil.


Je me souviens de ton sourire
Qui éclairait ma vie en ce temps là,
Ton merveilleux et mystérieux sourire,
C'est ce que j'ai le plus aimé en toi,
C'est ce que j'ai le plus aimé en toi...


Michel Vaucaire
 

Thorondhor

Élève assidu
Une série de citations sur la littérature...

Les livres sont des vaisseaux qui traversent les vastes océans du temps
Francis Bacon

La lecture est comme une porte ouverte sur un monde enchanté
Mauriac

La poésie est un chant intérieur
Chateaubriand

Un poète est un rossignol qui chante pour égayer de doux sons sa propre solitude
Shelley

Un écrivain est essentiellement un homme qui ne se résigne pas à la solitude
Mauriac
 

DeletedUser1881

Le récif de corail
Le soleil sous la mer, mystérieuse aurore,
Éclaire la forêt des coraux abyssins
Qui mêle, aux profondeurs de ses tièdes bassins,
La bête épanouie et la vivante flore.

Et tout ce que le sel ou l'iode colore,
Mousse, algue chevelue, anémones, oursins,
Couvre de pourpre sombre, en somptueux dessins,
Le fond vermiculé du pâle madrépore.

De sa splendide écaille éteignant les émaux,
Un grand poisson navigue à travers les rameaux;
Dans l'ombre transparente indolemment il rôde;

Et, brusquement, d'un coup de sa nageoire en feu,
Il fait, par le cristal morne, immobile et bleu,
Courir un frisson d'or, de nacre et d'émeraude.

Jose-Maria de Heredia, Les Trophées.
 

DeletedUser

Je t'aime
Je t'aime pour toutes les femmes que je n'ai pas connues
Je t'aime pour tous les temps où je n'ai pas vécu
Pour l'odeur du grand large et l'odeur du pain chaud
Pour la neige qui fond pour les premières fleurs
Pour les animaux purs que l'homme n'effraie pas
Je t'aime pour aimer
Je t'aime pour toutes les femmes que je n'aime pas


Qui me reflète sinon toi-même je me vois si peu
Sans toi je ne vois rien qu'une étendue déserte
Entre autrefois et aujourd'hui
Il y a eu toutes ces morts que j'ai franchies sur de la paille
Je n'ai pas pu percer le mur de mon miroir
Il m'a fallu apprendre mot par mot la vie
Comme on oublie


Je t'aime pour ta sagesse qui n'est pas la mienne
Pour la santé
Je t'aime contre tout ce qui n'est qu'illusion
Pour ce coeur immortel que je ne détiens pas
Tu crois être le doute et tu n'es que raison
Tu es le grand soleil qui me monte à la tête
Quand je suis sûr de moi.

Paul Eluard - Le Phénix
 

Thorondhor

Élève assidu
Vous nous voyez debout parmi les nations.
Nous battrons-nous toujours pour la terre charnelle.
Ne déposerons-nous sur la table éternelle
Que des cœurs pleins de guerre et de séditions.

Vous nous voyez marcher parmi les nations.
Nous battrons-nous toujours pour quatre coins de terre.
Ne mettrons-nous jamais sur la table de guerre
Que des cœurs pleins de morgue et de rébellions ?

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Bourdelle - La France - Palais de Chaillot


Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle,
Mais pourvu que ce fût dans une juste guerre.
Heureux ceux qui sont morts pour quatre coins de terre.
Heureux ceux qui sont morts d'une mort solennelle.

Heureux ceux qui sont morts dans les grandes batailles,
Couchés dessus le sol à la face de Dieu.
Heureux ceux qui sont morts sur un dernier haut lieu,
Parmi tout l'appareil des grandes funérailles.

Heureux ceux qui sont morts pour des cités charnelles.
Car elles sont le corps de la cité de Dieu.
Heureux ceux qui sont morts pour leur âtre et leur feu,
Et les pauvres honneurs des maisons paternelles.

Car elles sont l'image et le commencement
Et le corps et l'essai de la maison de Dieu.
Heureux ceux qui sont morts dans cet embrassement,
Dans l'étreinte d'honneur et le terrestre aveu.

Car cet aveu d'honneur est le commencement
Et le premier essai d'un éternel aveu.
Heureux ceux qui sont morts dans cet écrasement,
Dans l'accomplissement de ce terrestre voeu.

Car ce voeu de la terre est le commencement
Et le premier essai d'une fidélité.
Heureux ceux qui sont morts dans ce couronnement
Et cette obéissance et cette humilité.

Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournés
Dans la première argile et la première terre.
Heureux ceux qui sont morts dans une juste guerre.
Heureux les épis murs et les blés moissonnés.

Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournés
Dans la première terre et l'argile plastique.
Heureux ceux qui sont morts dans une guerre antique.
Heureux les vases purs, et les rois couronnés.

Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournés
Dans la première terre et dans la discipline.
Ils sont redevenus la pauvre figuline.
Ils sont redevenus des vases façonnés.

Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournés
Dans leur première forme et fidèle figure.
Ils sont redevenus ces objets de nature
Que le pouce d'un Dieu lui-même a façonnés.

Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournés
Dans la première terre et la première argile.
Ils se sont remoulés dans le moule fragile
D'où le pouce d'un Dieu les avait démoulés.

Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournés
Dans la première terre et le premier limon.
Ils sont redescendus dans le premier sillon
D'où le pouce de Dieu les avait défournés.

Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournés
Dans ce même limon d'où Dieu les réveilla.
Ils se sont rendormis dans cet alléluia
Qu'ils avaient désappris devant que d'être nés.

Heureux ceux qui sont morts, car ils sont revenus
Dans la demeure antique et la vieille maison.
Ils sont redescendus dans la jeune saison
D'où Dieu les suscita misérables et nus.

Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournés
Dans cette grasse argile où Dieu les modela,
Et dans ce réservoir d'où Dieu les appela.
Heureux les grands vaincus, les rois découronnés.

Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournés
Dans ce premier terroir d'où Dieu les révoqua,
Et dans ce reposoir d'où Dieu les convoqua.
Heureux les grands vaincus, les rois dépossédés.

Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournés
Dans cette grasse terre où Dieu les façonna.
Ils se sont recouchés dedans ce hosanna
Qu'ils avaient désappris devant que d'être nés.

Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournés
Dans ce premier terreau nourri de leur dépouille,
Dans ce premier caveau, dans la tourbe et la houille.
Heureux les grands vaincus, les rois désabusés.

- Heureux les grands vainqueurs. Paix aux hommes de guerre.
Qu'ils soient ensevelis dans un dernier silence.
Que Dieu mette avec eux dans la juste balance
Un peu de ce terreau d'ordure et de poussière.

Que Dieu mette avec eux dans le juste plateau
Ce qu'ils ont tant aimé, quelques grammes de terre.
Un peu de cette vigne, un peu de ce coteau,
Un peu de ce ravin sauvage et solitaire.

Mère voici vos fils qui se sont tant battus.
Vous les voyez couchés parmi les nations.
Que Dieu ménage un peu ces êtres débattus,
Ces coeurs pleins de tristesse et d'hésitations.

Et voici le gibier traqué dans les battues,
Les aigles abattus et les lièvres levés.
Que Dieu ménage un peu ces cœurs tant éprouvés,
Ces torses déviés, ces nuques rebattues.

Que Dieu ménage un peu ces êtres combattus,
Qu'il rappelle sa grâce et sa miséricorde.
Qu'il considère un peu ce sac et cette corde
Et ces poignets liés et ces reins courbatus.

Mère voici vos fils qui se sont tant battus.
Qu'ils ne soient pas pesés comme Dieu pèse un ange.
Que Dieu mette avec eux un peu de cette fange
Qu'ils étaient en principe et sont redevenus.

Mère voici vos fils qui se sont tant battus.
Qu'ils ne soient pas pesés comme on pèse un démon.
Que Dieu mette avec eux un peu de ce limon
Qu'ils étaient en principe et sont redevenus.

Mère voici vos fils qui se sont tant battus.
Qu'ils ne soient pas pesés comme on pèse un esprit.
Qu'ils soient plutôt jugés comme on juge un proscrit
Qui rentre en se cachant par des chemins perdus.

Mère voici vos fils et leur immense armée.
Qu'ils ne soient pas jugés sur leur seule misère.
Que Dieu mette avec eux un peu de cette terre
Qui les a tant perdus et qu'ils ont tant aimée.​
Ce texte est celui d'un des plus beaux poèmes de Charles Péguy: texte prophétique, car l'auteur d'Ève devait mourir quelques mois plus tard, l'un des premiers de la Première Guerre mondiale, à la bataille de la Marne... Il a aussi été mis en musique, du moins, certains vers
J'ai eu des hommes morts pour la France dans ma famille, et j'ai un cousin dans l'armée, aussi je tenais à mettre là cet hymne aux guerriers morts pour leur patrie!
 
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DeletedUser1325

L’auteur de ce beau poème est " Yves Duteil "
Pas surprenant, n'est-ce pas ?
Quelle extraordinaire et belle comparaison entre le verbe " avoir " et le verbe " être " le tout en poème. Il faut pour si bien réussir une telle présentation être un expert de la langue " Française "…… " chapeau " !

Loin des vieux livres de grammaire,
Écoutez comment un beau soir,
Ma mère m'enseigna les mystères
Du verbe être et du verbe avoir.


Parmi mes meilleurs auxiliaires,
Il est deux verbes originaux.
Avoir et Être étaient deux frères
Que j'ai connus dès le berceau.


Bien qu'opposés de caractère,
On pouvait les croire jumeaux,
Tant leur histoire est singulière.
Mais ces deux frères étaient rivaux.


Ce qu'Avoir aurait voulu être
Être voulait toujours l'avoir.
À ne vouloir ni dieu ni maître,
Le verbe Être s'est fait avoir.


Son frère Avoir était en banque
Et faisait un grand numéro,
Alors qu'Être, toujours en manque.
Souffrait beaucoup dans son ego.


Pendant qu'Être apprenait à lire
Et faisait ses humanités,
De son côté sans rien lui dire
Avoir apprenait à compter.


Et il amassait des fortunes
En avoirs, en liquidités,
Pendant qu'Être, un peu dans la lune
S'était laissé déposséder.


Avoir était ostentatoire
Lorsqu'il se montrait généreux,
Être en revanche, et c'est notoire,
Est bien souvent présomptueux.


Avoir voyage en classe Affaires.
Il met tous ses titres à l'abri.
Alors qu'Être est plus débonnaire,
Il ne gardera rien pour lui.


Sa richesse est tout intérieure,
Ce sont les choses de l'esprit.
Le verbe Être est tout en pudeur,
Et sa noblesse est à ce prix.


Un jour à force de chimères
Pour parvenir à un accord,
Entre verbes ça peut se faire,
Ils conjuguèrent leurs efforts.


Et pour ne pas perdre la face
Au milieu des mots rassemblés,
Ils se sont répartis les tâches
Pour enfin se réconcilier.


Le verbe Avoir a besoin d'Être
Parce qu'être, c'est exister.
Le verbe Être a besoin d'avoirs
Pour enrichir ses bons côtés.


Et de palabres interminables
En arguties alambiquées,
Nos deux frères inséparables
Ont pu être et avoir été.


....Oublie ton passé, qu`il soit simple ou composé,
Participe à ton Présent pour que ton Futur soit Plus que Parfait

  • mon premier texte choisi de l'an 2016 :) j'espère qu'il vous plaira
 
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