Voilà un sujet bien complexe : le pardon.
"EXCUSER v. tr. et pron. XIIe siècle. Emprunté du latin
excusare, « mettre hors de cause », puis « excuser, justifier, disculper ».
I. V. tr.
1. Justifier ou s'efforcer de justifier.
Que diriez-vous pour excuser un tel retard ? Par ext. Servir à justifier.
L'ignorance n'excuse pas tout. Cela n'excuse pas qu'il ait menti.
Spécialt. Transmettre les justifications de quelqu'un.
Il n'a pu venir et m'a chargé de l'excuser.
2. Considérer une personne ou une action comme moins coupable ou moins fautive qu'elle ne semble.
Il faut excuser ce malheureux. Excuser une maladresse, un oubli, une faute.
Par affaibl. Considérer avec indulgence, ne pas tenir rigueur de.
Excusez ma tenue, j'arrive de voyage. Vous voudrez bien m'excuser de ne pouvoir assister à cette réunion. Excusez-moi pour cet oubli.
Dans les formules de politesse, pour atténuer l'effet d'une parole, d'un geste, d'une action qui pourraient paraître désobligeants.
Excusez-moi, je ne le puis. Vous m'excuserez si je ne vous accompagne pas. Je vous prie de m'excuser.
II. V. pron.
1. Alléguer des justifications. Prov.
Qui s'excuse s'accuse.
2. Présenter des excuses, exprimer des regrets.
Il dut s'excuser d'être resté aussi longtemps. Il s'excusa de son mouvement d'humeur. Il s'excuse de vous faire attendre.
Cet emploi, qui s'est répandu à la troisième personne, risque d'être ambigu à la première personne. Il vaudra mieux dire :
Je vous prie de m'excuser ou :
Excusez-moi, plutôt que :
Je m'excuse.
3. Au sens passif. étre excusé ou excusable.
Un tel comportement ne saurait s'excuser."
(académie française)
Trahisons, humiliations, violences… Certaines situations font souffrir et semblent impardonnables, même venant de personnes appréciées. Pourtant, nombre de spécialistes vous diront qu’il faut savoir pardonner, pour notre paix intérieure et notre épanouissement personnel
Qu’est-ce que le pardon ?
Le pardon a deux sens bibliques : lorsque Dieu pardonne à un homme, il écarte le châtiment prévu pour le péché. Et lorsqu’un homme pardonne à un autre, il annule ses mauvais sentiments à l’égard de celui qui l’a offensé.
Pourtant, une déception, une grande vexation, une trahison sont, à première vue difficilement pardonnables. Acte de courage pour certains ou de faiblesse pour d’autres, le pardon reviendrait à rompre un lien entre nous et la personne que l’on a tant appréciée. Un lien fait de ressentiment, d’amertume et de haine qui semblait nous stimuler...
Savoir pardonner, c’est donc tourner une page douloureuse, sans amertume.
Enfin, le pardon revient aussi à accepter l’erreur de l’autre. Il n’est alors plus possible de détester cette personne en rejetant la faute uniquement sur lui, et en se disant que l’on a sa conscience pour soi. Cela revient dans certains cas à admettre une certaine part de responsabilité.
Savoir pardonner demande donc de faire preuve d’une grande tolérance, d’une ouverture d’esprit qui vise à admettre l’erreur de l’autre et accepter qu’il ou elle ait pu nous faire souffrir.
Pourquoi pardonner ?
Si pardonner ne signifie pas pour autant oublier, tout comme pardonner n’est pas comprendre ni excuser une faute ou un acte blessant, il s’agit encore moins d’une faveur que l’on accorde au « coupable » ou un moyen pour lui de se sentir mieux et de recommencer !
Les bonnes raisons de pardonner :
- Savoir pardonner peut être un acte quelque peu égoïste, que l’on fait pour soi, pour se sentir plus léger et heureux. Car c’est bien connu : la haine ou la volonté de vengeance exerce sur l’esprit un refus de l’oubli et donc une fatigue morale certaine, à la longue.
- Savoir pardonner, c’est aussi se pardonner à soi-même et sortir d’une sorte de crispation pour reprendre en main son destin. Pardonner permet de soulager son cœur, de revenir à un état de liberté et une sorte d’autonomie vis à vis du passé.
- Dans certains cas, le pardon peut mener à certaines réconciliations. Une amie très chère qui vous a caché quelque chose de grave, des proches qui vous ont mis dans une situation humiliante... Il est parfois possible de renouer des liens, en ayant pris du recul sur les événements. Par contre, lorsqu’il s’agit d'amourette de tromperie, il est souvent possible de pardonner, mais plus difficilement de se réconcilier. Le pardon se charge simplement de nous faire prendre conscience qu’il ne sert à rien de reprocher à un ex les causes de l’échec de la relation mais plutôt d’en prendre acte pour mieux passer à autre chose.
Savoir pardonner : les grandes étapes
Le pardon est parfois long et douloureux. Ce cheminement se compose de plusieurs étapes :
• La prise de conscience : vous avez eu mal et vous en prenez conscience. Certaines souffrent en silence et ressassent lorsque d’autres choisissent de développer diverses stratégies comme la rationalisation des faits, voire le déni de l’évènement.
• Les reproches : on choisit ensuite de prendre conscience des choses et d’exprimer sa colère et son indignation. Ceci est un passage douloureux mais important dans la guérison afin de pouvoir ensuite le transformer en énergie positive. Mettre des mots sur la haine et l’amertume ressentie est donc nécessaire. Il est fréquent de ressentir une vraie antipathie pour l’être qui nous a blessé, ce qui parfois aide à surmonter l’épreuve, et c’est normal. Par contre, il est préférable de ne pas revoir la personne qui nous a offensées, du moins dans les premiers temps. L’idéal est de parler à ses proches de ce qui nous anime afin de décharger les émotions négatives et éventuellement d’être conseillé.
• La relativisation : vient ensuite la période charnière où l’on fait une sorte d’inventaire. On se met alors à repenser à l’événement qui nous a déchiré et on apprend à le relativiser, à le nuancer. L’important est de pouvoir prendre du recul en évitant de culpabiliser. On rentre alors dans les moments où l’on apprend à se détacher de l’autre et à faire le deuil d’un lien passé.
• Le pardon : Il faut accepter ce passage douloureux de son histoire et sortir du rôle de victime. Une amie qui nous trahie, un membre de notre famille qui nous a fait du mal, un homme qui nous a lâchement abandonné... Le pardon n’est atteint qu’à deux conditions : on ne ressent plus de rancœur envers la personne qui nous a offensée et on se sent prête à redevenir actrice de notre vie, à ne plus subir et à passer à autre chose. Parfois même, le pardon rend plus forte... Enfin, il est important de laisser passer du temps avant de pardonner, afin qu’il s’impose de lui-même et soit définitif.
Faut-il tout pardonner ?
La notion de pardon ne dépend pas forcément de l’acte. En apparence, un crime, un inceste, un viol, un accident grave sont assurément des évènements traumatisants donc impardonnables.
Il ne s’agit pas ici de savoir ce qu’il faut ou non pardonner mais de comprendre ce que l’on est capable de pardonner. Tout est une question d’appréhension des choses et de définition du pardon.
Savoir pardonner, le débat…
La religion (plus particulièrement le christianisme et le judaïsme) rappelle sans cesse qu’il faut apprendre à pardonner, sans pour autant nier la difficulté de cet acte.
Les séminaires de développement personnel insistent également sur les bienfaits du pardon. Ce qui n’est pourtant pas toujours du goût des thérapeutes français. Selon eux, ce concept n’a rien de clinique et peut générer, dans les cas graves, un risque pour les victimes de se sentir responsables voire coupables de leurs actes passés. La dimension « zen » qui émane du pardon est beaucoup plus compliquée dans l’inconscient du ""pardonneur"" . Enfin, si un événement arrive dans une famille et que l’un décide de pardonner, il risque aussi de se voir rejeter par les autres, qui eux ne pardonnent pas et n’ont pas fait ce cheminement intérieur
mon avis sur le sujet:
Je pense qu'il existe deux sortes de pardons : le pardon donné et le pardon reçu. Un pardon véritable ne se produit que quand le pardon est donné de manière inconditionnelle et que l'autre côté il est reçu en gardant sa dignité.
Il faut que chacun fasse un travail sur soi. Je trouve que le pardon est un sujet très très compliqué et essentiel aussi.
Il arrive un moment où il faut déconnecter des griefs qu'on a contre quelqu'un pour se tourner vers le pardon. Mais selon les griefs, c'est tellement difficile d'envisager le pardon.
Un pardon qui implique avec sincérité la reconnaissance de ses erreurs et la volonté de changer ne peut pas être considéré comme une faiblesse pour moi. C'est un signe d'évolution de la personne.
Par contre, je suis persuadé que le pardon, c'est une des rares voies pour avancer et ne plus vivre dans le passé. Dans ce cas, le pardon reçu et donné libère.
Mais ce n'est que mon point de vue.